Face à l'augmentation des morts sur la route, le gouvernement s'apprête à renforcer la politique du bâton, notamment à l'encontre des motards. Devant la répression aveugle et la diabolisation du deux-roues, n'est-il pas urgent de redorer notre image ?
S'ajoutant à la morosité économique, les mauvais chiffres de la sécurité routière du mois de septembre plombent lourdement cette rentrée 2009 et annoncent des lendemains difficiles pour les conducteurs français...
Malgré la baisse des accidents corporels (-6,5%) et une diminution sensible du nombre de blessés (-8,9 %), le mois de septembre 2009 enregistre une hausse de 17,7 % du nombre de morts sur les routes françaises. Une augmentation consternante et évidemment mal vécue par les responsables gouvernementaux de la sécurité routière, inquiets de résultats s'annonçant mitigés pour l'année 2009.
Après sept ans de recul, la mortalité routière semble stagner cette année malgré la présence étouffante de radars et de policiers sur les routes. "Si l'année en cours s'annonce aussi décevante en termes de résultats, c'est bien que cette politique a atteint ses limites", affirme pour sa part la Fédération française des motards en colère (FFMC) en réaction aux constats du gouvernement concernant les statistiques deux-roues.
Devant cette malheureuse recrudescence, le secrétaire d'État chargé des transports Dominique Bussereau et la déléguée interministérielle à la sécurité routière Michèle Merli n'ont en effet pas hésité à attirer l'attention de l'opinion publique sur l'accidentologie des motos et des cyclos, des catégories "qui ne représentent que 2% du trafic" mais "près d'une victime sur trois depuis janvier", s'inquiètent-ils.
En panne d'inspiration avec l'épidémie de grippe A, la plupart des médias s'en sont évidemment donnés à coeur joie et les agaçants raccourcis du type "motards-chauffards" ont une fois de plus alimenté les reportages de plusieurs "grandes" chaînes...
Les mêmes règles pour tous
Cependant, sans cautionner l'actuelle politique de répression et la soif de sensationnalisme de certains médias, force est de constater que le comportement routier de la plupart d'entre nous n'est pas toujours des plus exemplaires.
Répétitifs ou exceptionnels, légères entorses ou indéfendables infractions, nos excès en tous genres alimentent les débats et parfois même les JT de 20H : synonyme de liberté et de sensations, le deux-roues est malheureusement trop souvent perçu (et utilisé ?) comme un moyen de défier l'autorité.
Dans ces conditions, les demandes d'abaissement de la TVA sur les équipements, de prévention et d'aménagements dédiés aux motards (circulation dans les voies de bus, augmentation du nombre de circuits) ne constituent pas toujours des éléments de réponses suffisants, malgré leurs apports indéniables et nécessaires dans l'éducation et la sécurité de chacun.
"L'incivilité routière tue. Le non-respect des règles et des autres paraissent toujours sans importance à ceux qui les commettent, mais elles ont malheureusement des conséquences trop souvent mortelles", rappelle Jean-Louis Borloo, le ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer tandis que Michèle Merli exige de son côté qu'on "prenne des mesures à court terme".
"Des mesures à court terme"
Ces "mesures à court terme" se traduiront à coup sûr par une répression accrue et une politique du bâton encore plus rigoureuse... Après tout, entre 2002 et 2008, le nombre infractions relevées a presque été multiplié par cinq (de 1 210 169 à 5 913 184 contraventions), ce qui a permis, selon le Gouvernement, de passer de 7 742 à 4 247 morts sur les routes durant la même période.
Une équation que nuance la FFMC, "engagée depuis trois décennies dans les domaines de la prévention, l'éducation, la formation et l'information et convaincue que la répression ne peut être l'unique réponse pour endiguer les drames de la route", précise l'association de défense des motards.
Pour autant, si la prévention et la formation oeuvrent incontestablement à l'amélioration du comportement des utilisateurs de deux-roues, le civisme, la courtoisie et le respect de certaines règles élémentaires de bonne conduite sont tout autant aptes à redorer l'image des motards.
Sans faire d'amalgame entre les différents types de conducteurs ni vouloir étouffer la passion qui anime le milieu du deux-roues par un illusoire respect total du code de la route, il n'est peut-être pas inutile de rappeler que la pratique de la moto (et du scooter) ne délivre aucun droit particulier, dans la mesure où elle est régie par les mêmes règles de circulation que les automobilistes. Or, comme le prouve l'actuelle prise de conscience écologique, l'avenir de tous dépendra des efforts de chacun...
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