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Paris, le 6 février 2014

Premier essai Yamaha MT-07 : bien faite pour toi !

Premier essai Yamaha MT-07 : bien faite pour toi !

A seulement 5699 euros, une moto peut-elle vraiment être dynamiquement performante, mécaniquement amusante et esthétiquement valorisante ? Yamaha prouve que oui avec son roadster inédit aussi fun qu'accessible : la MT-07. Essai d'un futur best-seller !

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Light is right

Cette formule chère à Colin Chapman, fondateur de la marque de voitures de sport anglaises Lotus, a peut-être inspiré Yamaha pour la MT-07 tant l'accent a été mis sur sa légèreté, au profit de la facilité de prise en mains et du dynamisme. Annoncée à 179 kg tous pleins faits, la Yam' serait ainsi plus légère de 25 kg que sa rivale directe, la Kawasaki ER-6n (204 kg). Une paille !

"Le challenge était clair, tant pour ce qui concerne la puissance que pour le gain de poids"", confirme le chef de projet de la MT-07, Shin Yokomizo. "Nous avons aussi décidé de créer une toute nouvelle génération de moteur : compact, puissant, beaucoup plus léger et également moins gourmand" (jusqu'à 334 km avec un plein de 14 litres selon motoristes Yamaha).

Guidon en main, cette recherche d'un poids contenu est immédiatement palpable : la MT-07 est une véritable plume, réactive à la moindre sollicitation des bras ou des jambes. Outre sa faible masse, ni son empattement court (1400 mm) ni son train avant fermé (24° d'angle de chasse) ne sont étrangers à sa maniabilité réjouissante. Parfaitement équilibrée, elle braque en outre dans un mouchoir de poche... non déplié !

Deux autres éléments renforcent positivement ses velléités citadines : d'une part le confort induit par la souplesse de ses suspensions (trous et pavés sont absorbés tout en douceur), et de l'autre l'agrément tiré de la polyvalence de son moteur de 689 cc. Extrêmement souple et coupleux, ce nouveau "CP2" reprend avec franchise et sans un hoquet dès 2000 tr/mn sur les premiers rapports, avec quelques centaines de tours supplémentaires sur les trois suivants.

En agglomération, on peut circuler sur le couple en quatrième à 50 km/h à 3000 tr/mn, puis visser franchement la poignée droite afin d'atteindre rapidement et - bonne surprise ! - assez vigoureusement les 90 km/h "légaux" à 5000 tr/mn (3800 tr/mn en sixième).

De même, cette disponibilité permet de négocier un rond-point serré - voire une bifurcation à l'équerre - sur le troisième rapport, bien aidé par la gestion fine et transparente de l'injection. Le (ou la) jeune apprenti(e) qui le fera "cogner" sur le parcours lent du permis moto devra vraiment y mettre une bonne dose de méconnaissance... ou de mauvaise volonté !

Bon, maintenant qu'il est acquis que ce nouveau bicylindre vertical possède d'excellentes manières, l'heure est venue de lui titiller les bielles afin de mesurer ses capacités à emballer le palpitant ! De belles routes bien revêtues se profilent sous les très bons pneus d'origine (Michelin Pilot Road 3)... Alors gaz !

Les pétarades sourdes et légèrement syncopées du moteur - jusqu'ici assez discrètes - gagnent en intensité : à partir de 4000 tr/mn, la bande-son s'accompagne d'un râle rauque en provenance de l'échappement, qui n'est pas sans évoquer les vocalises délivrées par le Cross plane de la R1.

Ce délicieux renforcement sonore marque le cap à partir duquel la poussée du CP2 passe de volontaire à enjouée : l'accélération devient nettement plus corsée et les reprises gagnent en dynamisme. A 6500 tr/mn, le couple maxi (68 Nm) est atteint de manière bien perceptible : mettez gaz en grand en seconde, et la roue avant s'élève dans les airs sans toucher à l'embrayage !

Rares sont les bicylindres de "seulement" 75 ch à en être capable, même s'il est évident que la MT-07 profite à nouveau de son poids plume dans cette situation. Reste que MNC l'a poussée à environ 210 km/h, ce qui prouve que ce moteur a effectivement du répondant. D'autant que les deux derniers rapports tirent assez long.

Une fois délivrées ses premières grosses bourrades à mi-régimes, le twin ne se repose pas, bien au contraire ! Il continue à frapper de manière rapprochée et constante jusqu'au rupteur situé à 10 500 tr/mn, soit une plage d'exploitation suffisamment vaste pour mettre "KO" nombre des ses concurrents !

Aussi copieuse qu'addictive, cette franche poussée ne connait pas de temps mort, mais aucun "pic" non plus : la puissance est délivrée de manière virile mais continue, sans explosion dans les tours à l'instar d'un 4-cylindres. A haut régime, les très légers fourmillements apparus dans les mains et sous les fesses à partir de 5000 / 6000 tr/mn se font plus nettement ressentir...

Rien de vraiment rédhibitoire toutefois, d'autant plus que ces grésillements ont le bon goût de ne pas s'étendre aux miroirs des rétroviseurs, par ailleurs assez efficaces. L'inconfort de la partie avant de la selle, tellement étroite qu'elle en devient désagréable au long cours, est nettement plus agaçant. Les arrêtes assez saillantes finissent par irriter le séant, obligeant le conducteur à se reculer pour améliorer sa condition - comme sur la MT-09.

Installé plus sur l'arrière, on jouit alors d'un bien meilleur confort car cette partie s'avère plus large et mieux rembourrée. Un faux problème, donc ? Oui et non, car son contournement implique d'être suffisamment grand pour se "déplier" vers l'arrière : les plus petits gabarits sont condamnés à souffrir... ou à acheter une selle confort !

Des suspensions plus confortables que sportives

Souples mais pas molles, les suspensions perdent néanmoins un peu de leur superbe en conduite sportive. La courbe d'enfoncement de la fourche manque notamment de consistance, surtout en début de course. Cela se traduit par une plongée rapide et importante lors de très gros freinages, ce qui affecte légèrement la précision directionnelle.

Difficile dans ces conditions de se "lâcher" totalement en entrée de courbes, en libérant notamment le levier droit juste avant de plaquer la moto vers la corde. "Dommage", estimeront les plus saignants, car l'agilité diabolique de la MT-07 et son enivrant rendement mécanique incitent justement à ce type de manoeuvres "arsouillesques" !

A l'arrière, le ressort du mono-amortisseur installé à l'horizontale propose lui aussi un tarage assez souple, tandis que l'huile pourrait être mieux freinée par les clapets en phase de détente. Placé sous de fortes contraintes, cet accord de suspensions finit par laisser échapper quelques mouvements et peine à absorber efficacement les plus violents transferts de masses.

En sortie de courbes plein gaz, la direction - jusque-là imperturbable - peut alors devenir un soupçon légère, car temporairement délestée sous l'effet du tassement de la suspension arrière. Là encore, ces caractéristiques ne sont perceptibles qu'en conduite très sportive, lorsque la moto est poussée dans ses ultimes retranchements. L'occasion par ailleurs de mettre en évidence une garde au sol relativement facile à prendre en défaut.

Le reste du temps, l'orientation plus "confort" que "sport" des suspensions remplit très bien son rôle et présente suffisamment de rigueur pour s'en payer une "bonne tranche" en toute quiétude. Et lorsque le bitume se fripe, débutants comme motards confirmés apprécieront de ne pas être sèchement ballottés au passage de chaque irrégularité !

Même son de cloche concernant le freinage, dont la puissance demande à être convoquée à l'avant. Pas très mordant sur le premier tiers de sa course, le levier droit délivre ensuite un répondant plus convaincant et dosable. A l'arrière, le dispositif remplit correctement son rôle, à condition là aussi d'appuyer franchement sur la pédale.

Verdict : merci la crise ?

Sans se réjouir des difficultés économiques dont l'Europe ne parvient pas à se défaire depuis plusieurs années, on peut toutefois reconnaître un aspect positif à la crise : elle contraint les acteurs du monde de la moto à se montrer inventifs et à se "dépouiller" pour concevoir des packages certes économiques, mais également attractifs.

Les concurrentes (bicylindre) de la MT-07

  • Honda CB500F : bicylindre en ligne, 471 cc, 47,5 ch et 43 Nm, 192 kg tous pleins faits, 5799 €
  • Kawasaki ER-6n : bicylindre en ligne, 649 cc, 72,1 ch et 64 Nm, 204 kg tous pleins faits, 5999 €
  • Suzuki Gladius : bicylindre en V, 645cc, 72 ch et 65 Nm, 202 kg en ordre de marche, 5699 €
  • Hyosung GT 650 : bicylindre en V, 647cc, 82 ch et 62 Nm, 189 kg à sec, 4999 €

Nous aurions aussi pu citer la BMW F800R et la Ducati Monster 696, mais leur philosophie plus sportive et surtout leur prix nettement supérieur (respectivement 8500 et 8550 €) les placent de fait dans une autre catégorie. De même, la NC750S constitue une alternative possible, mais sa vocation plus "utilitaire" vise à notre avis un public plus mur, un sentiment confirmé par le choix de Honda de ne la proposer qu'avec la transmission à double embrayage DCT en 2014.

Assurément, la MT-07 va compter dans cette nouvelle génération de motos à la fois fun, accessibles et bien nées. Tellement bien née même que sa "cousine" XJ6 a probablement du souci à se faire... Plus cher (6599 euros sans ABS), plus lourd (210 kg) et mécaniquement moins "vivant", le petit roadster Yamaha 4-cylindres risque d'être l'une des premières victimes de cette pétillante nouveauté...

Présent lors de ce lancement presse, le nouveau directeur général de Yamaha Motor France, Vincent Thommeret, ne boudait pas son plaisir sur le chemin du retour : "j'arrive à la tête d'YMF dans une excellente dynamique produits : la MT-09 et la MT-07 sont exactement les modèles dont nous avions besoin !", nous confie-t-il avec un grand sourire.

De son côté, le petit doigt de Moto-Net.Com - aussi intuitif que toujours bien informé - lui souffle que le successeur d'Éric de Seynes devrait éprouver des motifs de satisfaction analogues dans un futur relativement proche, tant il paraît acquis que la famille "MT" ne demande qu'à s'agrandir...

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CONDITIONS ET PARCOURS

  • Modèle d'origine
  • 450 km au compteur
  • Parcours : 215 km
  • Routes : petites et grandes routes, un peu de ville
  • Pneus : Michelin Pilot Road 3
  • Conso moyenne : Non mesurée (5,7 l/100 km selon ordi de bord)
  • Problèmes rencontrés : RAS

POINTS FORTS YAMAHA MT-07

  • Moteur plein et coupleux
  • Partie cycle saine et équilibrée
  • Prix extrêmement bien placé

POINTS FAIBLES YAMAHA MT-07

  • Selle peu confortable dans sa partie avant
  • Frein avant timide à la prise du levier
  • Pousse la XJ6 vers la sortie !