Présentant hier les résultats de son questionnaire sur le Plan de déplacements de Paris, Bertrand Delanoë s'est à nouveau montré complètement à côté de la plaque vis-à-vis des deux-roues motorisés malgré une vague avancée sur la remontée de files...
Le Maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë, qui présentait hier en compagnie de son adjoint Vert aux transports Denis Baupin les résultats de son "Questionnaire sur le Plan de déplacements de Paris" (lire Moto-Net du 2 novembre 2005) réalisé par Ipsos entre novembre 2005 et janvier 2006, a une nouvelle fois fait fausse route au sujet de la place des deux-roues motorisés en ville...
Envoyé "à tous les Parisiens", le questionnaire a été rempli par 140 194 personnes (dont 30 000 sur internet), soit "un taux de retour de 13% qui dépasse largement la moyenne habituellement observée dans ce genre d'enquête" selon Ipsos.
5% seulement des personnes ayant répondu au questionnaire ont déclaré se déplacer en deux-roues motorisés contre 73% en transports collectifs, 45% à pied, 20% en "véhicule individuel", 12% à vélo, 8% en taxi et 2% en "roller ou skate-board" (plusieurs réponses étaient possibles).
La campagne pour son éventuelle réélection approchant à grand pas, le Maire a tenté de se réconcilier non seulement avec les automobilistes - "je ne suis pas contre les automobilistes, je suis contre la pollution !" -, les artisans et les petits commerçants - dont il veut "faciliter les déplacements et le stationnement" -, mais également avec les utilisateurs de deux-roues motorisés, de plus en plus nombreux à Paris...
Et tandis que les verbalisations pour stationnement non gênant ou circulation raisonnable dans les voies de bus continuent à pleuvoir allègrement - main dans la main avec la Préfecture de Police ! -, le Maire se découvre une passion aussi soudaine que dévorante pour la remontée des files : "après plusieurs réunions avec les associations concernées, je demande au Préfet de mettre en place une expérience de quelques mois autorisant les deux-roues motorisés à remonter les files de voitures", a solennellement déclaré Bertrand Delanoë, s'appuyant notamment sur le fait que le ministre des transports himself en étudiait la possibilité (lire Moto-Net du 16 février 2006).
Une annonce qui fera certainement son petit effet même si elle est en réalité complètement vide de sens : non seulement la remontée de files est impossible à verbaliser au quotidien - hormis quelques opérations coups de poing devant les caméras -, mais elle fait en outre partie intégrante, à allure raisonnable, de la conduite et de l'intérêt d'un deux-roues motorisé en ville...
Interrogé par Moto-Net, le maire adjoint Vert chargé des transports a précisé qu'il s'était adressé au Préfet pour qu'il "autorise la signature de la Charte des deux-roues motorisés pendant au moins six mois" (lire Moto-Net du 30 avril 2004). Mais toujours selon Denis Baupin, le Préfet aurait fait savoir qu'il ne "pouvait pas la signer car la remontée de files est contraire au code de la route"... Contactée par Moto-Net, la Préfecture n'a malheureusement pas souhaité s'exprimer sur le sujet "avant de connaître l'issue du prochain Conseil de Paris"...
"La remontée des files est une pratique courante qu'il vaut mieux encadrer pour que les automobilistes et les motards sachent clairement dans quelles conditions elle est possible", explique encore à Moto-Net Denis Baupin, estimant que la charte est "un élément de réponse pour la reconnaissance des deux-roues motorisés afin qu'il ne se sentent plus montrés du doigt".
En termes de sécurité, de fluidité du trafic... ou même de réélection éventuelle, il aurait été autrement plus avantageux pour Bertrand Delanoë d'autoriser les deux-roues motorisés à circuler raisonnablement dans les nouveaux couloirs de bus au même titre que les vélos. Pourquoi ne pas tenter l'expérience, au moins pendant quelques mois ? "Non car c'est dangereux !", tranche Denis Baupin, l'adjoint Vert chargé des transports, visiblement plus soucieux de la sécurité de ses électeurs cyclistes que de celles des vilains deux-roues motorisés qui puent : "je comprends que les motards demandent à circuler dans les couloirs de bus et personnellement j'aime bien faire des tests, mais pas si ça doit causer des morts supplémentaires"...
Un dossier également très mal maîtrisé par le Maire de Paris, qui n'a pas hésité à affirmer sans sourciller "qu'au début, j'y étais favorable, mais le Préfet m'a montré que c'était dangereux"... Une déclaration pour le moins surprenante lorsqu'on se souvient que dès le début de son mandat, Bertrand Delanoë déclarait à Moto-Net que "concernant les voies de bus, les motards doivent savoir que je ne céderai pas !" (lire Moto-Net du 15 novembre 2001)...
Quelque peu gêné aux entournures, son très proche entourage a ensuite tenté d'expliquer que "c'était au début, il y avait beaucoup de travail et le maire a peut-être un peu confondu car en effet il a toujours été contre"...
En réalité, le maire de la plus belle ville du monde a certainement d'autres chats à fouetter - on le lui souhaite très sincèrement ! - que de savoir si les deux-roues motorisés sont plus en sécurité à l'abri dans les voies de bus lorsque la chaussée est engorgée que coincés en plein milieu du trafic.
La vraie raison de cette obstination irraisonnée pourrait donc tenir davantage à l'impact psychologique défavorable qu'aurait cette mesure sur son électorat Vert, cyclistes en tête, même si l'expérience montre qu'hormis deux ou trois intégristes, la plupart des utilisateurs de vélos ne considèrent pas la présence des deux-roues motorisés dans les voies de bus comme un danger, ni même une gêne (lire notamment Moto-Net du 9 novembre 2004). En revanche, la quasi totalité des utilisateurs de deux-roues motorisés en ville y voient un gain important en termes de sécurité...
Dommage, pour quelqu'un qui n'hésite pas à se présenter comme un "manager de la démocratie", fustigeant le "manque d'honnêteté intellectuelle" dont feraient preuve ses adversaires à la Mairie de Paris...
Bertrand Delanoë - qui accuse une chute de 18 points dans le dernier sondage CSA/ParisObs-Le Parisien tout en conservant 60% de satisfaits de son action à mi-mandat - saura-t-il retirer ses oeillères pendant qu'il en est encore temps ? Suspense... A suivre !
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