Partant du principe qu'on est "toujours plus intelligent à plusieurs que tout seul", Bertrand Delanoë a lancé ce matin le Plan de déplacements de Paris (PDP) avec un seul mot d'ordre : concertation !
Le manque de concertation fréquemment reproché à la Mairie de Paris au début de ses travaux de réaménagement de la voirie en 2001 semble avoir marqué les esprits municipaux : sentant souffler à ses oreilles le vent de la - probable - sanction électorale en 2008, Bertrand Delanoë tente de redresser la barre en insistant copieusement sur la nécessité de consulter l'ensemble des Parisiens et des Franciliens dans la préparation du Plan de déplacements de Paris (PDP).
"Aujourd'hui, nous lançons un débat !", a-t-il ainsi expliqué aux journalistes en présentant le futur PDP aux côtés de l'inénarrable Denis Baupin, adjoint Vert chargé des transports, et de Pierre Mansart, chargé des relations avec les collectivités territoriales d'Ile-de-France.
Une campagne relayée par internet dans laquelle on retrouve la désormais traditionnelle série de "micro trottoirs" - piliers incontournables de toute "communication" moderne qui prennent insidieusement valeur de "sondage" -, où des passants confirment en substance qu'il il y a du bruit et des gaz d'échappement dans Paris, qu'il serait "sympa d'y supprimer les camions", qu'il "y manque des places de stationnement pour les motos" et que "prendre le tramway c'est plus agréable".
Nettement plus intéressant, un questionnaire réalisé par l'institut de sondages Ipsos devrait être envoyé à tous les Parisiens avec le mensuel municipal A Paris. Ce document de huit pages, qui devrait être également disponible dans les mairies d'arrondissements et sur internet, sera dépouillé par Ipsos qui analysera les réponses "de manière statistique et anonyme".
Selon ce questionnaire, le PDP "doit aboutir à un projet global et des actions concrètes pour les dix prochaines années", prévient la Mairie : "il s'inscrira dans le prolongement de l'action initiée par la municipalité depuis 2001 qui vise à lutter contre (...) la pollution".
La Mairie publie en outre un très instructif "Bilan des déplacements en 2004 à Paris", disponible gratuitement sur le site officiel de la Ville. On y apprend notamment que les - rares - cyclistes de la capitale sont perçus par les automobilistes d'abord comme "ne respectant pas les feux rouges" (85%) ni les sens interdits (81%), puis comme "sympathiques" (78%), "indépendant" (75%) et "circulant sur les trottoirs" (74%)...
Avec 2 395 vélos à l'heure en moyenne un jour de semaine selon les pointages effectués par la Mairie (sur un échantillon de 38 sites dont les 32 ponts de Paris), la capitale offre aux cyclistes 2% de la voirie.
Il y aurait donc largement de quoi faire cohabiter en toute sécurité l'ensemble des deux-roues - motorisés ou non - dans les voies de bus, plutôt que d'obliger les motards (7 572 deux-roues motorisés à l'heure en moyenne un jour de semaine selon le même pointage) à risquer leur peau dans les embouteillages au milieu du trafic automobile...
En 2004, la capitale comptait au total 27 100 motos immatriculées (14 700 d'occasion et 12 400 neuves), en augmentation constante depuis 1995 (+9% par rapport à 2003 !). Parallèlement, le nombre de voitures immatriculées à Paris est en baisse depuis dix ans (716 700 aujourd'hui contre 850 000 en 1995).
Au total, selon une enquête du ministère des transports réalisée du mardi 16 au jeudi 18 novembre 2004 entre 7h00 et 21h00, le trafic parisien (intra-muros) est composé à 65% de voitures particulières, 12% de deux-roues motorisés, 12% de camionnettes, 6% de taxis, 2% de poids lourds, 2% de vélos, 1% de bus et 0% (sic !) de cars.
Enfin au chapitre des infractions, 24 583 deux-roues motorisés ont été verbalisés en 2004 pour stationnement sur le trottoir : une augmentation de... 184% par rapport à 2003, qui risque d'être également très impressionnante en 2005 vu le zèle consacré actuellement à l'alignement de motos non gênantes ! 7 767 deux-roues motorisés ont également été verbalisés après avoir grillé un feu rouge (+1% par rapport à 2003), 4 874 pour circulation dans les voies de bus (+37%), 2 471 pour circulation en sens interdit (+2%) et 1 362 pour circulation sur les trottoirs (+11%).
Soucieux de ne pas se couper totalement de son électorat, le maire de Paris a ensuite présenté ses "excuses aux automobilistes" , qu'il comprend car il en fait partie ! "Oui, il y a une vraie gêne causée par nos travaux. Je le sais en tant qu'automobiliste dans ma voiture électrique", a-t-il assuré le plus sérieusement du monde, "mais on ne peut pas avoir un tramway sans travaux"... Au fait, qui voulait réellement d'un tramway ?
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