Dernier de la gamme R à monter en 1200 cc, le boxer R 1200 S de BMW se veut plus sportif. Pour cela les ingénieurs allemands n'ont pas lésiné : la nouveauté 2006 se targue de délivrer 122 chevaux pour un poids à vide de 195 kg. A vos marques... Test !
BMW a décidé de radicaliser son boxer S et le clame bien fort : "la plus récente déclinaison de la gamme des boxers prend la succession de la R 1100 S tant convoitée en obéissant à une devise très claire : la sportivité prime". Maître mot dans la catégorie sportive, la puissance de la nouvelle R 1200 S se devait d'être impressionnante... Et elle l'est puisque le constructeur bavarois annonce avoir ouvert - sauf en France - les box de 122 chevaux !
C'est "la moto boxer de série la plus puissante de tous les temps", précise BMW qui ne s'est pas contenté de gonfler le Flat Twin de 1170 cc qui équipe déjà les R 1200 GS, RT et ST. Une cure d'amincissement était également de rigueur puisque la R 1200 S souhaitait améliorer ses facultés sportives, même si elle se défend de vouloir concurrencer Ducati ou Aprilia.
Outre le rapport poids/puissance, BMW a également travaillé sur la géométrie de la belle - ou de la bête ? - et sur l'ensemble de la partie cycle afin de la rendre plus agile, maniable et efficace. Pour s'en rendre compte, les journalistes ont été conviés sur les superbes routes d'Afrique du Sud et sur le petit mais très plaisant circuit de Killarney... Premier contact.
Look plus sportif
De profil, la R 1200 S s'est élancée et son carénage minimaliste participe largement à cette aspect vif. Dans sa livrée argent - rouge (facturée 475 €), elle gagne encore en fluidité. Mais les coloris unis jaune, noir ou blanc suffisent à lui donner ce brin de sportivité que la 1100 n'avait pas su adopter.
De face, la nouvelle BMW R 1200 S conserve un phare double optique proche de celui de la R 1100 S, mais en plus moderne car plus anguleux. Les clignotants intégrés ont migré de leurs anciens supports en plastique noir vers les rétros, si bien que la 1200 gagne en agressivité comme en finesse.
L'arrière a lui aussi pris un sacré coup de jeune : le carénage enveloppe un pot qui semble vouloir s'échapper, à la manière de celui d'une Ducati 999. D'après les allemands, ce silencieux avec ses sorties d'échappement superposées doit conférer à la moto "une certaine verticalité", accentuée par l'ensemble optique à diodes particulièrement fin et comparable lui à celui d'une Aprilia RSV 1000.
Le carter et le monobras peints en noir offrent à la Béhème un look "usine" du plus bel effet, à l'instar des jantes noires des modèles jaune et rouge/gris - les modèles blanc et noir disposant de jantes grises. Sur notre modèle d'essai, la jante arrière de 6 pouces montée d'un pneu de 190 mm (comptez 115 €) achève de donner à la R 1200 S son cachet "bête de course".
Enfin sur le tableau de bord figurent deux compteurs sur fond blanc : le petit indique une zone rouge à 8500 tr/mn et l'autre est gradué jusqu'à 260 km/h, ce qui laisse présager de performances largement suffisantes pour se faire plaisir ! Sur l'écran plat figure également le rapport de boîte enclenché, le niveau d'essence, la température d'huile, l'heure, le totaliseur, deux trips et, dès que la réserve d'essence est entamée, l'autonomie restante.
Comme toute sportive qui se respecte, inutile de chercher à caser un antivol ou tout accessoire sous la selle : elle n'est pas faite pour çà !
Confort relatif
Une fois enfourchée, la R 1200 S confirme qu'on est bien sur une sportive. Malgré la hauteur de selle raisonnable (830 mm) et des repose-pieds bien disposés, le guidon placé relativement bas et en avant oblige à adopter une position courbée.
Une fois démarré - l'antidémarrage électronique est de série -, le boxer possède le même charme qui consiste à déporter la moto légèrement sur la droite à chaque coup de gaz, un phénomène heureusement imperceptible en action.
Les premiers kilomètres effectués à faible allure - dans la brume sud-africaine comme en ville - se font sans trop de dommages, à condition de pouvoir augmenter le rythme rapidement sans quoi les poignets finissent par souffrir. Il en est de même pour les fessiers qui sont accueillis par une selle "spongieuse" mais trop fine à la longue.
Un boxer dopé
Le moteur accepte de tracter gentiment dès 2500 tr/mn et offre de vigoureuses reprises à partir de 3500 tr/mn, notamment grâce à son taux de compression de 12,5/1 qui profite "au couple dans la plage des régimes inférieurs et moyens" selon ses concepteurs.
On note aux alentours de 4000 tr/mn l'apparition momentanée de cliquetis, et ce malgré la présence d'un capteur permettant au boxer de fonctionner correctement avec du Super 95. Le 98 n'étant pas disponible en Afrique du Sud, ces légers bruits - causés selon les ingénieurs bavarois par le 95 - s'accompagneraient d'une légère perte de puissance. A vérifier sur nos routes !
La route défile alors à vive allure (130 km/h à 4400 tr/mn) et la R 1200 S se montre particulièrement agile. Sur route sinueuse, le conducteur se joue aisément des 213 kg tous pleins faits de l'allemande. Son angle de colonne de direction de 66° et sa chasse de 87 mm (contre 65° et 100 mm sur la 1100) lui offrent une facilité de maniement insoupçonnée.
A partir de 90km/h et en position normale, seul le buste est à l'abri du vent. Il faut donc se plaquer contre le réservoir pour bénéficier d'une protection complète de la bulle. Esthétiquement, celle-ci est cependant réussie : fixée par des clips à ressort, le carénage demeure vierge de toutes vis tandis que la légère proéminence frôlant le compte-tours la singularise joliment.
La R 1200 S plonge d'un virage à l'autre sans que le pilote ait à jouer des épaules ou des hanches. Montée sur Telever, la roue avant reste collée à la route tandis que la plongé au freinage est limitée : la 1200 met en confiance et l'on monte très vite en régime !
Entre 5000 et 6500 tr/mn, le boxer marque une légère pause : le flat continue de monter en puissance mais à un rythme moins soutenu, si bien qu'on ne peut pas non plus parler de creux... Parfait pour enrouler en limitant les excès de zèle, on aurait tout de même préféré que le moteur poursuive sa hausse de vigueur jusque-là exponentielle ! A ce même régime en 6ème, les vibrations se font un peu trop présentes.
Zone rouge à 8 800 tr/min !
Heureusement, passé les 6500 tr/mn et jusqu'à la zone rouge située à 8800 tr/mn - du jamais vu sur un flat -, la R 1200 S livre une seconde poussée plutôt inattendue qui fait passer toute considération pour le confort au deuxième plan ! Sur la version "Full power" du moins, car c'est à cet instant que le boxer passe la barre des 100 chevaux. Espérons que la version franco-bridée bénéficiera d'un caractère plus vivant plus tôt, afin de combler l'absence des 22 derniers chevaux...
Pour atteindre ces 122 chevaux, les ingénieurs BMW avaient pourtant modifié de nombreuses pièces, comme le rappelle le dossier de présentation : "culasses redessinées, nouvelles bielles encore plus solides, arbre à cames se distinguant par une nouvelle distribution et une levée des soupapes plus importante et tournant désormais sur trois paliers, papillons de gaz dont le diamètre a été agrandi de 5 mm et porté à 52 mm, trompe d'admission redessinée, collecteurs d'échappement agrandis à 50 mm (+5 mm)"... Des évolutions qui passeront malheureusement inaperçues en Gaule...
En piste !
Bien que la R 1200 S ne souhaite pas être cataloguée chez les "supersportives", les données brutes la concernant tendent à la séparer de la catégorie "sportive GT ou tranquille" : 122 chevaux pour 190 kg à vide ! Et c'est naturellement sur piste qu'elle s'exprime le mieux...
Le moteur affirme son excellente santé en soulageant grandement le Telever lors des sorties de virages en 3ème. La roue avant se contente alors d'effleurer le bitume et le Paralever ne montre ses limites en termes de rigidité qu'entre des mains particulièrement expertes.
Le freinage n'appelle aucune critique : puissant, suffisamment mordant et endurant grâce aux "conduites tressées acier haut de gamme", on enchaîne sereinement les tours et on peut facilement affiner ses repères. Seul l'ABS - en option à 950 € - demande à être déconnecté par les pilotes plus aguerris afin de profiter au maximum des 320 mm de disque pincés par quatre pistons et éviter un malencontreux "tout droit".
Quant aux suspensions Öhlins (610€ de plus que les Showa d'origine), si elles se montrent trop fermes sur route, elles excellent sur piste. Pour justifier son choix de radicalisation "raisonnable", BMW soulignait pourtant que "les conducteurs de sportives parcourent 5 à 10 000 km sur route et tournent une à deux fois sur circuit par an".
Il faudra s'attarder plus longuement sur les réglages en détente et précontrainte à l'avant et compression, détente, précontrainte et hauteur de ressort à l'arrière pour bénéficier d'une R 1200 S au comportement plus agréable sur route.
En courbe, la R 1200 S est stable mais suffisamment agile pour modifier à tout moment la trajectoire d'une simple pression sur le guidon. L'angle maxi a été augmenté de 2% pour atteindre 52° et il faudra une bonne dose de confiance pour faire toucher les cale-pieds sur route.
Dans les petits enchaînements, la BMW surprend agréablement en se montrant joueuse et légère, tranchant ainsi avec son aspect général qui demeure éloigné de celui d'une R6. La boîte de vitesse se montre agréable et relativement rapide.
Disponible à partir du 13 mai 2006, le boxer sportif se monnaye 13 500 € en version de base. Un tarif qui monte à 15 650 € avec les options testées : coloris argent/rouge et selle rouge et noire, ABS II déconnectable, amortisseurs sport Öhlins et jante sport 6 pouces avec pneu 190.
En conclusion, la nouvelle R 1200 S offre des prestations très satisfaisantes sur route comme sur piste et assoit définitivement son statut de sportive. Facilitant le travail du pilote grâce à un train avant sûr et agile - pour une 1200 -, son moteur distille des sensations grisantes malgré sa petite irrégularité. Reste à savoir si la version bridée saura conserver le souffle de la version d'origine !
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