Pixel impression
  • L'essentiel
  • -
  • En savoir plus...
INTERVIEW FRENCH TOUCH
Paris, le 22 mai 2008

Interview de Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGP

Interview de Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGP

En intégrant le Team Alice, Sylvain Guintoli pensait s'ouvrir de radieux horizons : avec une moto et des pneus au top, plus le soutien d'une équipe expérimentée, le français pouvait être optimiste ! Or après cinq courses, le bilan est amer... Interview.

Imprimer

Après une saison en Yamaha - Dunlop au sein du team Tech 3 l'an dernier (lire Dossier spécial MotoGP 2007), Sylvain Guintoli s'est fait contacter par Ducati et Luis d'Antin. Au vu des performances du meilleur débutant 2007, les dirigeants de l'usine décident de lui donner un coup de pouce inespéré : rouler avec le package champion du monde, aux côtés de Toni Elias, dans le team "B" de la firme de Bologne !

Interview Moto-Net.Com : rencontre avec Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGP

Opiniâtre, bosseur et déterminé, le pilote de 25 ans saisit sa chance à pleines mains et découvre alors un team à l'organisation bien rôdée et au professionnalisme avéré, mais surtout une Ducati chaussée de Bridgestone au tempérament bien trempé : Capirossi et Barros s'y sont cassé les dents en 2007 et cette année, ce n'est pas Marco Melandri (coéquipier de Stoner dans le team officiel) ou Toni Elias qui affirmeront le contraire...

Après l'euphorie des premiers mois, la désillusion guette désormais l'exilé anglais : incapable de trouver ses marques sur la GP8, celui qui a débuté en GP 250 en 2001 n'est que 17ème au général, avec cinq petits points inscrits en cinq courses... Pire : sur certains circuits, ses résultats et ses chronos sont inférieurs à ceux réalisés avec la Yamaha en Dunlop...

Interview Moto-Net.Com : rencontre avec Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGP

Comment expliquer un tel constat ? Quels sont les soucis rencontrés avec la sulfureuse Ducati ? C'est ce que Moto-Net.Com a essayé de comprendre avec le souriant frenchie, rencontré juste après la deuxième séance d'essais lors du Grand Prix de France.

Interview Moto-Net.Com : rencontre avec Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGP

Moto-Net.Com : Sylvain, quelles sont tes impressions après ces essais libres ?
Sylvain Guintoli : A vrai dire, pour l'instant ce n'est pas vraiment la fête... Certes, on part d'un petit peu moins loin que d'habitude, mais comme à chaque fois qu'on arrive sur un nouveau circuit, on est loin au chrono et nous mettons du temps à remonter...

M.-N.C. : Comment expliques-tu ces difficultés d'adaptation aux différents circuits ?
S. G. : Le problème, c'est que je dois oublier tous les réflexes que j'ai acquis en arrivant sur chaque circuit ! Le style de pilotage de la Ducati est tellement spécifique que mon expérience du tracé ne me sert pas et du coup, nous perdons du temps. Après, en Chine par exemple, nous avons réussi à recoller aux temps alors que j'étais très loin au début. Il nous faut simplement travailler sans relâche pour remonter.

Interview Moto-Net.Com : rencontre avec Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGP

M.-N.C. : Tu as eu la chance de signer pour rouler avec la Ducati en Bridgestone, soit le package champion du monde en titre. Pourtant, Elias et toi semblez rencontrer de grosses difficultés depuis le début de la saison. Peux-tu nous en dire plus ?
S. G. : C'est vrai que nous disposons de la moto et des pneus champions du monde : les différences avec le team officiel sont minimes. Donc signer pour un tel package, c'est top ! Mais en fait, nous rencontrons pas mal de complications et il faut avouer que les autres usines ont aussi bien bossé cet hiver : le niveau est beaucoup plus homogène qu'en 2007. Maintenant, mon souci principal, c'est surtout que je n'arrive pas à adapter mon pilotage à la Ducati GP8.

Interview Moto-Net.Com : rencontre avec Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGP

M.-N.C. : Concrètement, quelle est la méthode pour aller vite avec cette machine et pourquoi tu n'y arrives pas ?
S. G. : Le problème, c'est que j'ai un pilotage où je rentre très vite dans les courbes, en sollicitant très fortement l'avant de la moto. Or, l'an dernier, c'était facile d'aller vite avec la Yamaha : tu pouvais entrer vite en courbe, la faire glisser et utiliser le traction control pour ressortir. Avec la Ducati, ce n'est pas possible ! Alors pour compenser ma perte de temps, mon premier réflexe est de rentrer encore plus vite en virage, mais je me retrouve mal placé pour réaccélérer en sortie et le système de gestion électronique de la Ducati est tellement différent que je n'arrive pas à faire glisser la moto...

Interview Moto-Net.Com : rencontre avec Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGPM.-N.C. : Ce qui signifie que tu dois changer radicalement ton style de pilotage et tes habitudes ?
S. G. : On y travaille, mais ça prend du temps car maintenant, on peut considérer que je suis un "vieux jeune pilote" ! Cela fait longtemps que je roule et j'ai mes réflexes sur les circuits, donc ce n'est pas évident de changer du tout au tout... Mais bon, Toni et Marco rencontrent les mêmes problèmes que moi : on est d'ailleurs souvent dans les mêmes chronos en début de week-end, même si en Chine ils ont tous les deux réalisé une superbe course. Cela me redonne du baume au coeur, car ça prouve que c'est possible et je suis convaincu que ça va finir par le faire !

M.-N.C. : Toni Elias a récemment déclaré que le principal souci de la machine provenait d'un train avant trop chargé et que lorsque le réservoir d'essence se vidait, la moto était plus facile à piloter. Es-tu de son avis ?

S. G. : Non, je n'ai pas autant de difficultés que lui à ce niveau là. C'est vrai que pour Toni, les écarts de temps entre le début et la fin de la course sont très conséquents. Je pense que son souci provient essentiellement de son style de pilotage : il ne "tient" pas la moto en courbe, il est très, très déhanché et il se fait emmener par la moto, surtout lorsque le réservoir est plein et donc l'inertie plus élevée. D'autant qu'il peut moins jouer avec son corps pour contrôler la moto, car il est beaucoup plus petit que moi. Alors que moi, je suis groupé sur la moto et je peux bouger durant les différentes phases de virages, donc le poids ne me dérange pas.

Interview Moto-Net.Com : rencontre avec Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGP

M.-N.C. : Le châssis de la Ducati est donc délicat à appréhender. Mais qu'en est-il de son moteur ? Est-ce qu'il est aussi exploitable que celui de la Yamaha ?
S. G. : Au niveau moteur, c'est la moto la plus rapide et la puissante, c'est sûr ! Sur le circuit de Shanghai par exemple, avec ses longues lignes droites, c'était un véritable massacre ! Comme on avait le vent dans le dos, on allait encore plus vite qu'avec les 990cc ! La grosse différence avec les autres machines, c'est qu'on a pas besoin de brider les 5ème et 6ème rapports - quand la moto est en charge à 100% - pour des raisons de consommation, car notre gestion électronique est visiblement un peu meilleure, e qui nous permet d'aller très vite dans le moindre bout droit. Maintenant, ça ne fait pas tout et la Ducati n'est a priori exploitable qu'avec le style de pilotage de Casey Stoner : il mélange le style 250 et MotoGP en courbe et c'est de cette façon qu'il réussit à aller aussi vite.

M.-N.C. : Que veux-tu dire en parlant de mélange de styles ?
S. G. : En fait, Casey entre très vite en virage - comme en 250 -, mais il arrive à casser sa vitesse à l'intérieur de la courbe pour relever la machine très tôt et pouvoir réaccélérer très fort, comme il faut le faire avec des machines aussi puissantes que des MotoGP. Je ne sais pas précisément comment il y arrive, mais je dois continuer à travailler, car il prouve cette année encore que la moto est ultra compétitive.

Interview Moto-Net.Com : rencontre avec Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGPM.-N.C. : Quelles sont les différences entre les Bridgestone que tu utilises cette année et les Dunlop ?
S. G. : En vérité, le pneu avant Dunlop était réellement très bon : son comportement était finalement assez similaire à celui du Bridge. Par contre, au niveau de l'arrière, la différence est énorme, surtout en termes d'endurance, que ne possédait pas le Dunlop. Bien sûr, les motos ne sont pas du tout les mêmes, donc ça reste délicat de comparer. Avec les pneus Bridgestone, j'ai tout de suite eu un bon feeling : j'arrive même à faire mes meilleurs temps en fin de course, ce qui prouve leur compétitivité. D'ailleurs, même avec la restriction pneumatique, nous ne sommes pas réellement pénalisés car nous n'avons pas besoin de passer plein de pneus durant les séances. Le seul souci proviendrait plus de la mise en action : les Bridgestone ont besoin de se rôder durant deux tours environ, suivant la température de la piste. D'ailleurs, j'ai chuté ce matin avec deux degrés d'angle, sans trop comprendre ce qui m'arrivait ! J'avoue que ça ne m'a pas rassuré et de voir en plus les chronos et le classement d'aujourd'hui, ça m'a mis un coup au moral... J'adore le circuit du Mans, j'avais vraiment envie de bien faire, alors forcément je suis déçu et frustré de me retrouver à deux secondes des meilleurs temps...

Interview Moto-Net.Com : rencontre avec Sylvain Guintoli, pilote Ducati en MotoGP

M.-N.C. : Est-ce que tu t'attendais à souffrir autant avec cette machine?
S. G. : Certainement pas ! En 2007, Casey a littéralement survolé le championnat et Loris Capirossi a réalisé des performances très correctes. Donc j'étais vraiment très heureux de signer dans le team Alice ! C'était - et c'est toujours - une formidable opportunité. Maintenant, pour être franc, Marco, Toni et moi, on est un peu déçu car on attendait beaucoup plus du package, même s'il est compétitif comme on le voit très bien avec Casey. L'adaptation à la moto est réellement difficile et elle n'est pas polyvalente. Il n'y a qu'un seul style de pilotage qui permet d'aller vite avec elle et c'est ce que je dois apprendre. Mais c'est dur : on se sert des acquisitions de données pour comprendre, mais quand j'essaie de le reproduire en piste, j'ai l'impression d'être à l'arrêt en entrée de virages !

.

.

Commentaires

Bestof: 
1
Lectures: 
0
Sylvain est un des pilotes français les plus intelligent, je pense qu'il devrait réussir à trouver la solution et faire évoluer son pilotage. Peut être lui manque t il dans son entourage un bon entraineur pour mieux analysé et "construire" son nouveau pilotage pour cette ducati (Cela ce fera pas sur en un GP!! Sans compter le quid de la mise au point de l'équipe!! Là est une autre affaire! CAr de mémoire l'équipe de D'Antin n'as jamais été sous les sunlight depuis le début avec ducati!! Et il y a eu des bon pilotes il me semble

Ajouter un commentaire

Identifiez-vous pour publier un commentaire.

.

Les derniers essais MNC

Essai Mash K750 : le côté sportif de la force Jedi !

Hors budget les Daytona 660, GSX-8R et autres R7 ? Poussez la porte d'une concession Mash : la marque SIMA et son partenaire chinois Jedi Motor lancent une sportive sexy et efficace de 75 ch à moins de 7000 euros ! Essai de la nouvelle K750, accessible A2.
Routière 1 commentaire
Kawasaki Z1100 2026 : l'essai vidéo de MNC

Après la Versys et la Ninja SX, c'est au tour de la ''Zed'' de recevoir la dernière génération du gros 4-cylindres Kawasaki ! La Z1100 conserve la partie-cycle de l'ancienne Z1000 mais hérite de l'électronique de la récente Z900. MNC a pu tester le maxiroadster vert (en version SE, noir en standard) en Vallée de Chevreuse… et en combinaison de pluie. Zut.
Roadster 1 commentaire
Kawasaki Ninja ZX-6R 2025 : le Petit test MNC en moins de 6 min

Pas le temps, le courage ou le besoin de visionner notre duel ultra-complet des sportives ZX-6R Vs R9 ? Optez pour notre formule allégée : le Petit test Moto-Net.Com ! Quelques minutes suffisent pour vous placer au guidon de la Ninja 636 de Kawasaki en allant directement à l'essentiel.
Essai routière GT750 2025 : une trop grosse Mash ?

Avec ses 275 kg, la Mash GT750 est la plus grosse moto de la marque SIMA. Cette nouveauté construite par Jedi est aussi la plus confortable avec son carénage intégral, son pare-brise électrique et ses valises. Mais son "petit" bicylindre de 730 cc et 74,8 ch suffit-il pour emmener dignement cette authentique routière ? Réponses.
Routière 1 commentaire

A lire aussi sur le Journal moto du Net

Résultats et classements MotoGP du Grand Prix de Valence 2025

Aprilia termine en beauté la saison MotoGP 2025 avec un doublé de son officiel Marco Bezzecchi devant Raul Fernandez sur la RS-GP Trackhouse à la finale à Valence ! Fabio DiGiannantonio, premier Ducati, verrouille son 4ème podium devant la KTM de Pedro Acosta et le débutant Fermin Aldeguer, 8ème au général devant Fabio Quartararo qui est parti à la faute. Johann Zarco, sanctionné pour avoir fait tomber le malheureux Bagnaia, finit 12ème en course et au général. 
Les nouveautés moto 2026 de QJMotor à l'EICMA de Milan

Moto-Net.Com s'est rendu sur l'énorme stand QJMotor à l'EICMA (1600 m2 !) pour découvrir et filmer les nouvelles motos 2026 du constructeur chinois. Quentin Mégard, directeur marketing de l'importateur SIMA, nous présente le roadster sportif SRK921, les sportives SRK125J et SRK41RR, ainsi que les trails SRT125DX, SRT800RX et SRT450RX. Entretien vidéo.
Éditions spéciales Alpine ou Desert sur les Triumph Tiger 900 et 1200 

Triumph acère les griffes de ses Tiger 900 et 1200 pour 2026 ! Comme en 2020 avec ses anciennes Tiger 1200 XRx et XCx, la firme d'Hinckley propose des éditions Alpine ou Desert sur ses deux authentiques trails. Mieux équipées, ses motos ne sont pas plus chères que les modèles GT ou Rally qui leur servent de base. Présentations.
Suzuki France nous détaille la GSX-R1000 à l'EICMA 2025

La Gex est de retour pour l'été 2026 ! Suzuki place sa GSX-R1000 aux normes Euro5+ pour les 40 ans de sa lignée sportive. L'attaché de presse de la filiale française, Valentin Bayle, nous la présente en direct du salon de la moto de Milan, avec Kevin Schwantz sur le stand ! Cette GSX-R1000 "40th Anniversary" développe 195 ch pour 203 kg, à un prix estimé aux alentours de 20 000 euros.
Eicma Milan 1 commentaire
Les nouveautés moto Kawasaki 2026 à l'EICMA de Milan en vidéo

Kawasaki exposait ses nouvelles motos pour l'an 2026 au salon Eicma ! Moto-Net.Com s'est rendu sur le stand du constructeur japonais pour s'informer sur son trail KLE500, son maxiroadster Z1100 (déjà testé par MNC !), son roadster Z650S, sa néo-rétro Z900RS et sa Superbike Ninja ZX-10R. Interview...
EICMA 2025 : nouveaux coloris et nouvelles ambitions pour Harley-Davidson 

Harley-Davidson occupe un vaste stand au salon de la moto de Milan (Italie), pour la deuxième année consécutive, pour exposer entre autres ses nouveaux coloris 2026. Les visiteurs de l'EICMA peuvent aussi admirer les Road Glide des championnats de BaggerGP et même passer au guidon sur un simulateur testé par Moto-Net.Com !
La BMW F450 GS dé-fini-tive s'expose à l'EICMA 2025

Le nouveau trail BMW F 450 GS s'expose dans sa forme finalisée au salon de la moto EICMA de Milan. Moto-Net.Com découvre et filme cette nouveauté bicylindre 2026 de 47,6 ch et 43 Nm pour 178 kg, au prix de 7500 euros. Cette nouvelle plateforme, fabriquée par TVS, pousse les G310 vers la sortie.
  • En savoir plus...