La nouvelle Yamaha R1 2009 aussi calée que la M1 ?

Impressionné par une telle fiche technique et un dossier de presse très (trop ?) riche en superlatifs, il nous a fallu prendre notre courage à plusieurs mains pour l'approcher ! C'est donc dans l'atmosphère brûlante (42°C !) du circuit d'Eastern Creek, aux alentours de Sydney (Australie) où règne un été implacable (hémisphère Sud oblige), que la toute nouvelle Yamaha YZF-R1 2009 s'est livrée à nous...

Redessinée en respectant le trait de crayon initial, la nouvelle version semble avoir abandonné le style radical du passé pour s'orienter vers un look moins tendu et des combinaisons de couleur qui mettent en valeur les galbes et méplats de la tête de fourche et des flancs.

La poupe, même si elle conserve un dessin proche de celui du modèle précédent (du tout ovale au triangle ovalisé), a gagné en épaisseur quand le profil de l'ensemble s'est un peu lesté. Quant à la proue, elle adopte maintenant deux phares ronds et deux petites veilleuses qui délimitent avantageusement la largeur de la moto...

Assez facile à enfourcher malgré une hauteur de selle conséquente (835 mm), la machine accueille le postulant avec déférence. La largeur du réservoir et de la selle permet de se caler au guidon sans difficulté. La longueur du réservoir ne couche pas les moyens et grands gabarits sur la moto et les repose-pieds réglables offrent la possibilité de décrisper les jambes.

Le coup de démarreur amène la première grosse surprise (déception ?), puisque le singulier calage du vilebrequin fait jaillir des pots d'échappement une sonorité bien moins rageuse que sur les versions antérieures... Et même si la tendance l'approche de l'inégalable YZR-M1 de MotoGP, on reste décontenancé par cette découverte !

Dix virages, deux courbes et une ligne droite pour en savoir plus...

Après la construction mentale de schémas de sauvetage en cas d'incompatibilité "conducteur" / moto et quelques tours d'échauffement sur le circuit Eastern Creek, l'heure est venue de vérifier si le (presque) premier venu peut prendre du plaisir à tourner violemment la poignée de gaz...

Précise et légère à emmener, la Yamaha YZF-R1 répond au doigt (YCC-T) et à l'oeil de celui qui s'y colle. De plus elle pardonne, sans état d'âme, la majeure partie des erreurs de trajectoire. A chaque projet surévalué, que ce soit sur l'angle ou à grande vitesse ou les deux en même temps, la prise des freins et l'inertie très réduite permet d'annuler la commande et de se récupérer sans tâcher ses vêtements...

Les freins au feeling génial et à la puissance surprenante malgré leur diamètre moindre (depuis 2007) résistent sans perdre leur mordant. L'accord de suspensions apporte un confort et une stabilité sans défaut majeur et l'adhérence du train Michelin de notre test n'émet ses premiers signes d'agacement - sur une piste à près 80°C - qu'au bout d'une heure d'exercice, sur un long appui en virage serré.

Il faudra tout de même bien se rappeler que l'exceptionnelle qualité de la bande de bitume d'un circuit a bien peu de similitudes avec le réseau routier souvent marqué de notre beau pays, et donc observer une certaine retenue face à ce commentaire !

La boîte de vitesse ferme et nette, secondée par un mécanisme d'embrayage nerveux mais sans point dur, transmet avec brio la cavalerie en acceptant autant l'imprécision des sollicitations que la répétition d'enchaînements de descente et de montée des rapports. La gestion des flux d'air chaud du moteur démontre son efficacité, particulièrement dans les conditions de notre essai : avec une température de fonctionnement qui dépasse les 100°C, il est toujours possible de rester assis sur la moto !

Les contrôles électroniques de la commande d'admission, de l'ouverture des gaz, le calage de l'allumage variable et le système à injecteur secondaire relayés par un échelonnage de rapports de boîte magique (sur circuit) assurent un rendement et une efficacité face au chrono d'un très grand niveau. Mais la linéarité homogène qui distribue couple et puissance à tous les étages tue dans l'oeuf l'impression de débauche de chevaux qu'on pourrait espérer d'une machine inspirée d'une bête de course...

Même pas peur !

Le nouveau calage Cross Plane est si efficace que même en sortie de courbe sur une ouverture violente des gaz, la force de traction est si progressive qu'elle semble gommer tout sentiment de violence.

A tel point que l'YZF-R1 2009 n'impressionne (presque) pas : on ne se rend pour ainsi dire pas compte d'avoir depuis longtemps dépassé son seuil de compétence... Mais le réveil pourrait être douloureux !

Questions sensations sur route ouverte, on peut néanmoins se poser la question de savoir ce que ce formidable outil utilisé paisiblement (130 km/h maxi !), tronqué de presque la moitié de son potentiel, apporte de plus qu'un trail...

A l'inverse, sur circuit, les engagés en championnats de toutes sortes pourront se régaler des performances de cet outil : la firme japonaise, consciente de leur soif de confrontation, leur a réservé un accès privilégié au comptoir de Yamaha Motor Engineering (www.yamaha-racingparts.com), qui produit des pièces moteur et châssis de compétition officielles labellisés "YEC Racing Parts".

Beau bilan pour une philosophie vieille de plus de dix ans qui a su écouter les attentes de sa clientèle et s'adapter à toutes les contraintes, qu'elles soient d'ordre politique (pas de compteur affichant plus de 300 km/h), environnementales (pot catalytique à trois voies) ou économiques, dictées par les contraintes du marché.

La très réussie Yamaha YZF-R1 dans sa version 2009 pourra-t-elle s'écouler à 1142 exemplaires en France, comme sa devancière en 2008, pour que perdure dans le catalogue de la marque une moto dont l'attrait relève plus de la vitrine technologique que du levier de vente ? Réponse dans les bilans de marché Moto-Net.Com !