Alors que Michelin s'apprête à supprimer entre 1 700 et 3 000 postes en France d'ici fin 2011, Moto-Net.Com fait le point sur la situation des principaux manufacturiers pneumatiques dans la moto et le scooter : la crise va-t-elle redistribuer les cartes ?
Face à une conjoncture exceptionnellement mauvaise, "Michelin annonce un plan de départ volontaire ouvert à l'ensemble du personnel et destiné pour l'essentiel à des aménagements de fin de carrière avant la retraite", indique le célèbre manufacturier tricolore en expliquant que cette "réorganisation" concerne 1 093 salariés "qui bénéficieront pour 495 d'entre eux de mesures d'âge spécifiques et pour 598 d'une mobilité facilitée à l'intérieur du groupe". Mais c'était compter sans compter les départs naturels à la retraite, qui ne seront pas remplacés...
Si le Bibendum se refuse à parler de licenciements, les divers syndicats du groupe se montrent plus circonspects : l'annonce de la fermeture de l'usine Michelin de Noyelles-lès-Seclin (Nord) n'a d'ailleurs pas manqué de susciter l'inquiétude du gouvernement, surpris par la vitesse à laquelle le fleuron du pneumatique français s'est retrouvé en difficulté. Nouveau coup dur pour Michelin qui doit aussi composer avec ses successives mises à l'écart des principales disciplines deux-roues (MotoGP) et quatre-roues (F1 et WRC)...
Les marché auto et moto sont moins affectés par la crise
Et pourtant, malgré la solidité de l'entreprise auvergnate et les nombreuses cordes à son arc, cette conjoncture n'a finalement rien de surprenant tant la crise économique n'en finit pas de faire des ravages depuis l'automne dernier. Ainsi, selon l'organisme Europool - chargé de quantifier le marché du pneu en mesurant le nombre d'unités vendues aux distributeurs -, le marché du pneu français accuserait une baisse de l'ordre de -20% dans le secteur agricole, - 30% du côté des poids lourds et -50% dans le Génie Civil.
Révélateurs de la paralysie de nombres d'entreprises tricolores - transports et travaux publics notamment -, ces données préoccupantes s'ajoutent aux -20% constatés en deux-roues et aux -10% enregistrés en automobile. Si le plongeon du marché auto ne semble pas si terrible, il convient de le remettre en perspective avec son volume total : quelque 30 millions d'enveloppes vendues en France chaque année ! A côté, avec -20% sur un marché d'un million de pneumatiques, la chute des ventes du secteur moto paraîtrait presque dérisoire.
Le marché du pneu subit donc de plein fouet les effets de la crise : avant Michelin, l'annonce de la fermeture de l'usine Continental de Clairoix - qui entraîne le licenciement de 1 120 salariés - a défrayé la chronique, tout comme celle, rendue publique le 26 mai, des 820 suppressions d'emplois sur le site Goodyear-Dunlop à Amiens-Nord.
Figurant parmi les principaux fabricants de pneus avec plus de 71 000 salariés dans le monde, le manufacturier américain nous a confié être "très touché par le ralentissement des marchés poids lourds et agricole, tandis que notre activité moto basée à Montluçon s'avère satisfaisante, bien que le ralentissement du marché poids lourds ait entraîné quelques mesures de chômage partiel", explique à Moto-Net.Com Catherine Dumoutier, responsable des relations publiques de Dunlop (Goodyear) en France.
Selon Dunlop, ces résultats plus encourageants pour le deux-roues s'expliquent par le côté plus "passionnel" du milieu moto et par une bonne communication auprès des ses clients. En outre, à l'instar de la plupart des manufacturiers présents sur le marché moto, le géant américain a choisi de contenir ses prix de ventes, voire de les baisser sur certains nouveaux produits comme le très réussi Qualifier II, affiché entre 2 et 5% moins cher que son prédécesseur (lire notre Essai Moto-Net.Com du 18 mars 2009).
Bridgestone et Pirelli, moins affectés par la tourmente ?
Auréolé de ses deux titres successifs en MotoGP, Bridgestone - manufacturier unique en catégorie reine en 2009 - admet faire face "à une conjoncture délicate" et avoue "prêter beaucoup d'attention à la situation globale pour être prêt à réagir à toutes les éventualités".
Cela étant, David Lecat, directeur produit moto chez Bridgestone France, estime que les ventes motos du manufacturier nippon pour le premier semestre en France "peuvent être jugées positives, avec une quasi équivalence par rapport à 2008". Renforçant la communication et la proximité avec ses clients et ses nombreux distributeurs dans l'Hexagone, Bridgestone France s'estime "relativement serein", tout en étant conscient qu'il ne reste "que trois mois de belle saison à exploiter"...
De l'autre côté des Alpes, l'état de santé du groupe Pirelli - qui détient également la marque Metzeler - semble aussi rassurant que son concurrent japonais : bien qu'également affecté par la baisse des ventes autos et motos à travers le monde, le fabricant italien constate effectivement une certaine stagnation de ses volumes mais sans diminution de ses parts de marchés d'après nos informations.
Alors que le premier semestre s'achève, le bilan de santé des principaux manufacturiers apparaît donc contrasté : bien que malmenés par l'érosion des ventes, Bridgestone et Pirelli ne semblent pas contraints de licencier, tandis que de grandes enseignes comme Michelin, Goodyear (Dunlop) ou Continental ont dû sacrifier du personnel face à l'écroulement du marché.
Et comme pour l'ensemble des autres secteurs d'activités, aucun des différents acteurs interrogés par Moto-Net.Com n'est en mesure de prévoir le retour de la reprise...
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