Les eurodéputés votent en faveur de la mesure phare du "Pacte vert" préconisé par la Commission européenne : l'arrêt de la vente de véhicules neufs à moteurs thermiques (essence, diesel et hybride) à partir de 2035. Explications.
Un vote "historique", se réjouit la Commission européenne : le Parlement européen entérine sa proposition - dévoilée l'été dernier - d'abandonner les motorisations thermiques à partir de 2035 dans l'Union européenne. Cette validation de l'hémicycle strasbourgeois (339 voix pour et 249 contre) est la deuxième étape vers l'objectif de neutralité carbone du parc automobile.
"Le texte adopté (...) exprime le soutien des députés à la proposition de la Commission visant à atteindre une mobilité routière à émission nulle d’ici à 2035 (un objectif de réduction de 100% des émissions pour l’ensemble de la flotte de l’UE par rapport à 2021)", explique le Parlement.
Concrètement, les moteurs essence et diesel seront interdits à la vente à partir de 2035 mais aussi les hybrides - association d'une propulsion essence et électrique - et les motorisations adaptées aux agrocarburants ou aux carburants de synthèse, sur lesquels capitalisent notamment Porsche et Ducati pour prolonger l'espérance de vie de leur mécanique à combustion interne.
Seuls les véhicules avec un moteur électrique ou hydrogène pourront être mis en circulation après cette échéance, ce qui revient à l'heure actuelle à électrifier tout le parc : la technologie hydrogène - aussi prometteuse soit-elle - est loin d'être suffisamment mature pour entrer en production de série.
Bonne nouvelle pour les motards : cette mesure phare du "Pacte vert" de la Commission européenne ne concerne dans son format actuel que les "voitures particulières neuves et les véhicules utilitaires légers neufs". Cependant, comme déjà expliqué par MNC, les motos et scooters n'échapperont certainement pas à ce détournement forcé du thermique : espérer l'inverse relève de l'utopie !
Vote historique au Parlement européen : les députés se prononcent pour la fin des moteurs thermiques dans les véhicules neufs dès 2035
Cette proposition de la Commission avait été présentée en juillet dernier dans le cadre du #PacteVert #FitFor55 #EUGreenDeal #EPlenary
— Commission européenne (@UEFrance) June 8, 2022
Reste que cette mesure validée par le Parlement doit encore être validée par chaque État membre pour effectivement entrer en application, ce qui n'a rien d'une formalité : plusieurs pays - dont la France, l'Allemagne ou l'Italie - sont des "poids-lourds" de la production automobiles et n'ont à ce titre pas intérêt à accélérer la fin du moteur thermique.
Luc Chatel, président de la Plateforme automobile française, redoute "jusqu'à 60 000 suppressions" d'emplois dans la filière du thermique en France qui totalise environ "240 000 employés". En Europe, l'industrie automobile pèse pas moins de 12,6 millions de salariés…
Outre ces aspects sociaux et économiques, l'électrification n'a pas que des vertus : plusieurs pays s'inquiètent des conséquences de l'exploitation intensive des matériaux rares nécessaires aux batteries, sans parler de leur recyclage. Si un véhicule électrique ne pollue pas en fonctionnement, sa construction et sa fin de vie ne sont pas neutres sur un plan environnemental !
Ce vote détourne également les yeux de certaines problématiques majeures : recharger des batteries exige d'énormes productions d'électricité, puis un maillage important de points de charge. Ce qui signifie un recours accru aux centrales nucléaires - principale source d'énergie en France -, alors même qu'au moins 12 centrales sur 56 sont actuellement à l'arrêt à cause d'inquiétants soucis de corrosion sur des conduites !
Jetons aussi un voile pudique sur l'absence de solutions durables pour recycler les déchets nucléaires, qui continuent à être entreposés à la Hague (76) comme autant de cadeaux empoisonnés pour les générations futures. Rappelons que l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) souhaiterait les enfouir 500 mètres sous terre à Bure (55). Loin des yeux…
Par ailleurs, la France ne compte que 57 732 chargeurs ouverts au public : on fait comment quand 38 millions de voitures vont vouloir faire "le plein" ?! Le portrait n'est guère plus flatteur dans les autres pays, notamment l'Allemagne qui a fait le choix - courageux - de sortir du nucléaire… mais qui rouvrent des centrales à charbon pour compenser !
Enfin, dernier "détail" notable dans cette nouvelle direction prise par l'Europe : elle ne concerne, justement, que les pays de l'Union européenne ! Les États-Unis et la Chine, par exemple, seront libres de continuer à fabriquer et à vendre des véhicules à moteur thermique : l'Europe veut servir de modèle, mais va en payer les conséquences.
D'autant que les deux superpuissances - considérées comme les plus polluantes - n'ont pas de plan de transition électrique avec une échéance aussi courte que celle désirée par Europe. Les constructeurs automobiles européens redoutent la distorsion de concurrence qui va se créer aux profits des pays qui n'abandonneront pas - tout de suite - le thermique.
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