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Mireval (34), le 19 mars 2022

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Successeur du RoadSmart III réputé pour son extrême endurance et son appréciable constance, le nouveau pneu moto Sport Touring de Dunlop promet d’être aussi costaud, meilleur sur le mouillé, un peu plus agile et stable. MNC teste le RoadSmart IV, disponible en 21 dimensions et deux versions SP et GT. Essai.

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RoadSmart IV : le constat de Moto-Net.Com

Six ans après le lancement du RoadSmart III, Moto-Net.Com retourne au centre d’essais de GoodYear : le géant américain, propriétaire de Dunlop depuis 2003, possède à Mireval (34) un formidable terrain de jeu pneus comprenant un circuit de vitesse (ex-Carland) et des pistes annexes, dont une équipée pour la conduite sur le mouillé...

Débutons justement cet essai par ce périlleux atelier : selon les responsables Dunlop, le grip sur le mouillé arrive en tête des préoccupations des clients Sport Touring ! Contrairement aux motards sportifs qui ne sortent que lorsqu’il fait beau et chaud, les "RoadSmateurs" roulent par tous les temps et doivent compter sur leurs pneus en cas de pluie.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Le Journal moto du Net retrouve donc le petit circuit d’1,7 km et sa belle pellicule d’eau, aux commandes tout d’abord d’une GSX-S950. Pour rappel, le 4-cylindres Suzuki de 999 cc qui développe 152 ch en version "Full" est bridé à 95 ch afin de s’ouvrir à une nouvelle clientèle : les détenteurs du permis A2, eux-mêmes limités à 47,5 ch (35 kW).

MNC redécouvre en fait le tracé détrempé de Mireval à bord de deux GSX-S950 : la première est chaussée de RoadSmart III, la seconde de RoadSmart IV. Saluons ici l’excellente initiative de Dunlop qui permet aux journalistes-essayeurs de comparer directement ces deux générations de pneus, toutes deux présentes en magasin.

Le Journal moto du Net choisit de débuter sur la Suzuki équipée de RoadSmart 3 et s’aperçoit très vite qu’ils offrent déjà d’excellentes performances dans ces conditions délicates pour le pilote, mais pas si difficiles que cela pour les gommes puisque la piste bénéficie d’un bon grip !

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

"Pour être tout à fait franc, ce haut niveau d’adhérence arrange nos collègues de l’automobile mais nous dessert un peu car nous devons vraiment exagérer le trait pour faire décrocher les pneus", nous "glisse" au passage l’un des pilotes d’essai Dunlop !

Il faut effectivement insister lourdement sur la poignée droite pour sentir l’antipatinage intervenir (réglé 2 sur 3 par nos hôtes, le traction-control est légèrement permissif ). Et encore, cela n’arrive que sur deux-trois portions un peu plus profondes, zones que notre ouvreur pointait du doigt lors du tour de reconnaissance afin que nous ne nous fassions pas surprendre...

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Sur le reste du parcours, les 95 chevaux sont transmis sans peine au tarmac pourtant plongé sous un petit centimètre d’eau ! Au freinage, le pneu avant se sort aussi très bien de l’exercice : aucune amorce de glisse lorsqu’on prend le levier droit, même fortement. Il n’y a qu’en essayant de piler que l’ABS se réveille, furtivement.

En passant sur la GSX-S chaussée de RoadSmart 4, le résultat est le même, ou presque ! En la conduisant de manière "coolée", la moto de 214 kg tous pleins faits accélère, tourne et ralentit sans jamais inquiéter celui qui la chevauche. Et si ce dernier part à la bourre de chez lui sous une grosse averse, alors qu’il a une réunion avec le big boss ?

Comme avec le RS3, nos pertes de grip à l’accélération avec le RS4 sont rares et entièrement dues à un pilotage agressif. Légèrement "anglé" et à pleine charge, le nouveau pneu finit par céder, mais un peu plus tard semble-t-il que son prédécesseur. Il reprend surtout plus vite le fil... de l’eau pour mieux le casser et tracter la machine.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Dunlop estime le gain de grip arrière sur le mouillé à un peu plus de +30 % sur bon revêtement (environ +25 % sur route à faible grip)... Difficile à quantifier guidon en main, cette valeur paraît un peu exagérée selon MNC. La hausse d’adhérence à l’avant se limiterait autour de +5 %...

Au freinage justement, la différence ne saute clairement pas aux yeux : le RoadSmart III était déjà fort rassurant, le RoadSmart IV ne l’est pas moins ! Là encore, il n’y a qu’en tirant trop vivement sur le frein (comme on le ferait en cas de pépin !) que l’’électronique prend la main le gant sur le pilote et évite la chute sans trop prolonger la distance de freinage.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Une seconde session est organisée sur une paire de R1250R dont le "Flotte-Twin" développe 136 ch et 143 Nm pour un poids "tout mouillé" de 239 kg : plus puissante, plus coupleuse et plus lourde. En un mot : plus exigeante ! Exactement comme le pilote qui se sent de moins en moins mal à l’aise (!) sur le tracé désormais.

Sur les deux mêmes deux sorties de virage (un rapide en léger dévers, un autre très lent à 180°), la "Béhème" montée en RS4 tient un peu mieux le parquet que celle disposant des RS3. Un parquet inondé, parcouru à ces endroits précis par un film aquatique plus épais que les 8 mm censés s’écouler harmonieusement sur le goudron.

Le constat se confirme aussi au freinage : malgré l’attaque plus mordante - surprenante ! - du frein avant et le poids supérieur de la BMW, les deux pneumatiques encaissent sans sourciller de forts freinages... Les tests de freinage d’urgence sont d’autant plus rassurant que l’ABS prévient et module les prises de frein trop vives. "Sehr gut" !

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Dans les courbes négociées bien plus vite que MNC ne le ferait naturellement sur route ouverte, une sensation de flottement, légère mais bien perceptible, vient avertit le pilote. La limite est peut-être encore loin - un confère qui nous fait l’extérieur nous le confirme ! - mais MNC ne préfère pas jouer davantage : la mémorable bûche de Noël 2018 nous reste toujours en travers de l’estomac...

Deuxième point décisif pour les clients de pneus Sport Touring : la durabilité ! Impossible pour le coup, de contrôler cette donnée en une simple journée de roulage. Les motards intéressés par le RoadSmart IV se tourneront vers les utilisateurs du RoadSmart III afin de vérifier si ce dernier est bien le champion que prétend Dunlop, en endurance (nombre de kilomètres parcourus) comme en constance (agrément de conduite au fil de l’usure).

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

"C’est difficile de donner des valeurs exactes car il existe beaucoup de dimensions sur le RoadSmart IV, montés sur des motos de tous genres, tailles, poids, pilotés par des motards eux aussi très différents... mais on peut considérer que le RoadSmart IV durera aussi longtemps que son équivalent RoadSmart III", indique un pilote d’essai à MNC.

Le deuxième atelier proposé par Dunlop correspond à la troisième attente des "sport-toureurs" : la maniabilité, la facilité à inscrire sa moto sur l’angle puis à modifier la trajectoire en cas de besoin. Pour cet exercice digne du parcours lent du permis moto, Moto-Net.Com se voit confier deux Z900 équipées de RoadSmart3 et 4.

Petit huit et grand huit à parcourir en seconde à 20 km/h exactement, slalom à enchaîner à peine plus vite puis demi boucle à 80-90 km/h... Avec le RS3, tout se déroule très naturellement. Le roadster Kawasaki conserve son caractère neutre et facile de prise en gant. "Zuper !"

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

En montant sur la Z900 chaussée de RoadSmart IV, le Journal moto du Net trouve les premières prises d’angle un peu plus vives : il faut donc légèrement retenir le guidon pour redresser la machine et la replacer sur la bonne trajectoire. Après quelques circonvolutions seulement, le pilote intègre ce supplément d’agilité.

Estimé à +5 % environ, le gain en termes de manoeuvrabilité n’est perceptible qu’en passant d’une moto à l’autre. Il sera sans doute imperceptible autrement. MNC retient avant tout que les efforts au guidon sont tout aussi légers. Il suffit en fait de dandiner des hanches pour balancer la machine sur un angle, puis sur l’autre.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Bien évidemment, le Journal moto du Net a pu tester le nouveau Dunlop sur route. Sur routes même : de petites ruelles pavées, des routes étroites et mal revêtues, des voies rapides, etc. Tout cela dans des températures matinales fraîches (moins de 10°) et au lendemain d’une jolie tempête...

Alors que ses confrères se ruent en nombre sur des routières confortables à grande bulle et poignées chauffantes - froussards ! -, MNC ne se dégonfle pas et entame la boucle d’environ 150 km au guidon d’une petite Z650. Dès les premiers kilomètres, le RoadSmart 4 donne infiniment confiance... à notre ouvreur !

Le pilote Dunlop imprime un rythme parfois trop rapide pour Moto-Net.Com qui se méfie davantage que lui des portions humides (l’atelier sur le mouillé avait lieu l’après-midi). Très vite cependant, MNC se rend compte que le petit RoadZter et le RoadSmart IV matchent bien ensemble.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

La petite "Kawette" conserve son train avant tranchant et posé et incite à entrer toujours plus fort dans les virages, pour compenser des sorties moins velues que celle des petits camarades juchés sur des motos plus performantes. Le pneu de 160/60ZR17 n’est franchement pas débordé par le Twin d’Akashi de 649 cc, ses 68 chevaux et 64 newtons-mètres.

Idem pour le 120/70 monté devant : les 187 kilogrammes tous pleins faits ne soumettent pas la carcasse à rude épreuve. C’est pourquoi Moto-Net.Com remplace sa "Zed" par une machine plus lourde pour poursuivre sa route : la NT1100 qui affiche 238 kg tous pleins faits sur la balance Honda.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Certes, la routière ne freine pas - du tout - comme une Fireblade : l’attaque notamment est bien plus prévenante que sur la Superbike et la puissance est ensuite bien moins impressionnante. Le Dunlop lui, fournit un excellent appui que ce soit sur des freinages très fort et tout droit, ou des rectifications plus légères et sur l’angle.

Les suspensions souples de la NT prennent grand soin du pilote sur routes défoncées - le parcours élaboré par Dunlop en contenait plusieurs, bien vu ! - et lui permettent conjointement de maintenir pas mal de gaz. Or le RoadSmart IV n’est sans doute pas étranger à cette double sensation de confort et de contrôle.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Trous, graviers, bosses, pierre (!), coulées de boue, racines, etc. De simples coups de guidon suffisent pour déjouer les pièges des petites routes du fin-fond de l’Hérault... ou pour éviter une voiture qui surgit un peu large d’un virage en aveugle ! Et pour s’extraire des courbes, couple du Twin "africain" (104 NM et 102 ch) est parfaitement géré par le pneu arrière en 180/55.

Pour achever cette boucle sur route(s), MNC choisit un troisième type de monture : la R1250RT, meilleure vente de routière GT en France qui dispose du même Flat-Twin de 1254 cc que la R (136 ch et 143 Nm) mais pèse 279 kg et profite donc de versions "Grand Tourisme" des RoadSmart IV.

Vigoureux dès les mi-régimes, le "boxer" maintient une grosse pression sur le pneu arrière en montant dans les tours mais rien n’y fait : les accélérations et reprises sont parfaitement maîtrisées et le témoin lumineux de l’antipatinage reste éteint, y compris sur un sol à l’aspect gras-mouillé-tu-vas-tomber.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Moto-Net.Com n’a à déplorer qu’une seule petite glisse sur l’angle, à cause d’une grosse rustine sur le bitume. Notre pneu arrière a dérapé doucement jusqu’à ce qu’il retrouve le tarmac et raccroche sans heurt. Coup de chance ou coup de maître pour le RoadSmart IV ?

Profitant d’un court détour sur une autoroute allemande, MNC a poussé une petite pointe de vitesse à plus de 55 m/s : "Kein problem", la RT est sur un rail malgré quelques belles bourasques de vent. Idem sur les freinages appuyés, toujours un peu déstabilisants au début en raison de l’absence de plongée de la moto avec le telelever.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Histoire de s’amuser un peu valider définitivement les capacités du RoadSmart IV en conduite franchement sportive, Dunlop nous a également ouvert les portes de son HPC (High Performance Circuit). La piste, elle, nous était ouverte par un certain Jérémy Guarnoni !

Champion du monde 2018 avec la Kawasaki n°11 sur Pirelli, le toulousain - expatrié à Valence en Espagne, pour la météo et les "fiestas"!? - roulera en bleu-blanc-rouge cette année au sein du team officiel BMW Motorrad et sur Dunlop. Le jeune mais expérimenté pilote endosse d’ailleurs un rôle de développeur pour le manufacturier et connaît le tracé de Mireval sur le bout des gants...

Autant dire que dès la fin du premier tour, la garde au sol de "notre" Z900RS sur l’angle est déjà mise à rude épreuve. Quelques virages plus tôt déjà, nos sliders venaient lécher l’asphalte, alors que MNC et son camarade ne s’étaient élancé qu’une minute plus tôt sur des pneus froids !

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Facile à manier et généreux en sensations moteur, notre roadster néo-rétro n’est pas totalement hors-sujet sur ce circuit. Et sa chausse du jour se révèle plus performance que la monte d’origine : si les Dunlop GPR300 nous avaient gratifiés de quelques alertes lors du lancement presse de la Kawasaki, les "RS4" collent parfaitement à la "route".

Les freinages tardifs - afin de rester au contact du pilote pro qui nous zyeute attentivement dans les rétros de sa S1000R - sont aussi plaisants que les accélérations. On peut même en garder sur l’angle et relâcher doucement sans perturber la trajectoire et l’équilibre de la machine.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

En passant sur la S1000XR, Moto-Net.Com entend décaler le curseur vers le Sport plutôt que le Touring. Avec ses suspensions en mode "Dynamic" nettement plus rigides, la BMW invite Moto-Net.Com à davantage taper dans les freins : la tenue de piste reste excellente. On n’en demandait pas tant pour un pneu de route !

Avec sa selle en forme de cuvette, son guidon haut et très large, ses repose-pieds relativement bas placés, le maxitrail maxisportif BMW n’est pas clairement conçu pour claquer une pendule sur circuit. Comme le RoadSmart IV d’ailleurs. Et pourtant, le plaisir est bien au rendez-vous, l’espace de quelques tours afin que le pneu ne cuise pas non plus...

Côté moteur hélas, le rupteur de notre 4-cylindres bavarois s’active dès 9000 tr/min et nous coupe un peu dans notre élan. À son retour dans la voie des stands, Moto-Net.Com s’aperçoit que cette moto est toujours en rodage : elle a moins de 600 km au compteur ! Les pneus eux, commencent à boulocher mais sont loin d’être rincés.

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

Pour finir, le Journal moto du Net choisit une GSX-S1000F. La hargne du 4-cylindres nous permet enfin de percevoir les limites du RoadSmart IV à l’accélération ! Le contrôle de traction intervient lorsqu’on visse la poignée dans le coin, la moto encore bien sur l’angle. Sur route, seuls les plus énervés s’en rendront compte.

En raison de suspensions moins rigoureuses que sur la S1000XR "Dynamiquée", MNC enroule davanatge aux commandes de la GSX-S1000. Les freinages sont moins radicaux, les changements d’angle plus lents et les interventions du pilote plus douces. Mais cela n’empêche pas MNC de rester dans le sillage de notre guide, notre "Jedi".

Essai pneu moto Sport Touring : Dunlop RoadSmart IV

"Le niveau de performance des pneus de route sont hallucinants", nous lâche Jérémy à la fin de notre séance. Le garçon à la tête extrêmement bien faite (lire cette interview MNC) a son permis A mais ne roule pas sur route au quotidien : "trop dangereux, pas assez plaisant", estime-t-il sagement.

"Avec les RoadSmart IV, les temps de chauffe sont quasiment inexistants et ils acceptent de rouler à un rythme déjà très bon, alors que leur durée de vie est sans comparaison avec les gommes purement sportives qui ne tiennent parfois pas plus d’un après-midi !", rappelle Jérémy.

Moto-Net.Com jette un furtif coup d’oeil au pneu arrière de sa S1000R : comme neuf ! Guarnoni s’est contenté de se promener en notre compagnie, on le savait et on peut le constater. Les pneus des autres motos, cravachées par MNC et ses confrères, sont plus fatigués. En surface seulement, car les sculptures sont encore profondes : il leur reste beaucoup, beaucoup de kilomètres à parcourir... Sur le sec ou le mouillé, en été ou en hiver, pour le boulot ou en vacances, sur petites routes ou sur autoroute !

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