Non, Moto Morini n'est pas mort ! Le constructeur de Bologne souffle même joyeusement sur sa 80ème bougie en 2017, tout en négociant le virage des normes Euro4 avec une nouvelle déclinaison de son roadster vedette : la 1200 Corsaro ZZ. Présentation.
Fondé en 1937 à Bologne (Italie), Moto Morini compte parmi les plus vieux constructeurs de motos italiennes. Et comme la plupart de ses compatriotes - pour ne pas dire la totalité -, la marque transalpine a connu la gloire en compétition avant d'essuyer plusieurs périodes sombres durant lesquelles elle est passée de mains de mains, dont celles de Cagiva dans les années 90, puis de différents hommes d'affaires.
Déclaré en faillite au printemps 2009, le constructeur s'est in extremis sorti des flots en 2011 grâce à son rachat par Eagle Bike, un petit groupe d'investisseurs italiens. Depuis, Moto Morini multiplie les initiatives pour retrouver son lustre d'antan, d'abord en inaugurant la vente directe de ses motos sur internet puis en dévoilant l'étonnant roadster Rebello 1200 Giubileo et son capot de selle amovible électriquement. Autant de projets stratégiquement audacieux, mais restés sans suite dans le cas de la Rebello.
Pour 2017, les nouveaux propriétaires Sandro Capotosti et Ruggeromassimo Jannuzzelli entendent se recentrer sur les fondamentaux et mettre l'accent sur les racines italiennes de la marque avec des méthodes artisanales et locales ("100% hand made in Italy", assure Moto Morini) et un recours quasi exclusif à des périphériques italiens. Ce positionnement aux antipodes de la délocalisation en Asie s'exprime à plein sur la Corsaro 1200 ZZ, première moto de la gamme homologuée Euro4.
Remplaçante de la Corsaro Veloce, la Moto Morini 1200 ZZ reconduit les lignes agressives du roadster originel, à l'exception de quelques retouches cosmétiques comme les veilleuses à LED intégrées dans le saut de vent. L'arrière s'allège par le biais d'un support de plaque sous forme de bras déporté et fixé au bras oscillant, comme sur certaines Ducati, MV Agusta ou la dernière génération de MT-09. L'allure bestiale est conservée, avec ses deux optiques lenticulaires vaguement menaçantes qui recourent désormais à l'éclairage par diodes (idem pour les clignotants et le minimaliste feu arrière).
Le cadre treillis tubulaire en acier enserre toujours de près la pièce de choix de cette moto de caractère : son bicylindre en V à refroidissement liquide de 1187 cc, appelé "Bialbero 1200 CorsaCorta", ("course courte") du fait de sa course de 66 mm (107 mm d'alésage). Malgré son passage à Euro4, ce bloc revendique 5 ch supplémentaires (140 ch contre 135 ch en 2016) grâce à une nouvelle centrale électronique plus performante, et un système d'échappement optimisé par la biais des silencieux italiens Zard sous la coque arrière.
La partie cycle n'est pas en reste avec des suspensions entièrement réglables de chez le manufacturier transalpin Mupo ou encore des pneus Pirelli Dialblo Rosso III. Le freinage est confié à Brembo avec les élégants étriers radiaux 4-pistons "M50" que l'on retrouve habituellement sur des Superbike comme la Ducati Panigale ou la Kawasaki ZX-10R. Commandé par un maître-cyclindre radial, ce système très performant est couplé à un ABS (Euro4 oblige) de chez Bosch, l'une rares pièces non italiennes de la moto.
Cet ABS 9.1 est désactivable depuis le guidon, où l'on découvre une nouvelle instrumentation à matrices TFT couleurs de 5 pouces. La Corsaro 1200 ZZ fait en revanche l'impasse sur des cartographies d'injection programmables et sur l'antipatinage : c'est au pilote de gérer son gros tempérament avec son seul poignet droit ! La tâche s'annonce palpitante, mais aussi exigeante au regard de la puissance et du poids contenu de l'ensemble : 192 kg, en baisse de 6 kg grâce aux nouveaux silencieux et quelques touches de carbone.
Evidemment, toutes ces améliorations et ce positionnement élitiste sur fond de normes Euro4 se paient cash : la nouvelle Corsaro 1200 ZZ s'affiche à 19 900 €, contre 18 990 € pour l'ancienne Corsaro 1200 Veloce (+ 1000 euros) ! A ce prix élevé s'ajoute en France une réseau encore balbutiant, constitué de seulement quelques points de vente. Par ailleurs, selon nos informations, l'enseigne parisienne Paradise Motorcyles n'assure plus la distribution de Moto Morini depuis la fin de l'été 2016.
Consciente de ce déficit d'image, la marque multiplie les initiatives pour rassurer d'éventuels acheteurs potentiels. Le week-end dernier, Moto Morini avait par exemple organisé à Milan (Italie) des essais de sa nouvelle Corsaro 1200 ZZ et de sa déclinaison Scrambler, qui devrait passer prochainement à Euro4 de même que le reste de la gamme qui utilise le même moteur : le roadster 11 1/2 et le trail Granpasso.
Enfin, signalons aussi le lancement d'une série limitée de "Corsaro 80", qui célèbre les 80 ans de cet attachant constructeur italien à qui MNC souhaite d'être en mesure de fêter dignement son siècle d'existence en 2037. D'ici là, restez connectés !
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.