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INTERVIEW
Paris, le 1er février 2012

Jean-Claude Hogrel (CNPA) : de nombreux professionnels ont des problèmes de trésorerie

Jean-Claude Hogrel (CNPA) : de nombreux professionnels ont des problèmes de trésorerie

Le nouveau président de la branche deux-roues du CNPA, Jean-Claude Hogrel, a profité des JPMS 2012 pour passer sur le stand Moto-Net.Com. L'occasion de faire connaissance et de rappeler les missions de l'organisation patronale. Interview.

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Les plus jeunes d'entre-nous ne le savent pas forcément, mais Jean-Claude Hogrel a d'abord été un pilote de vitesse de rang international : "j'ai obtenu le titre de champion de France 250 Inter en 1975, puis j'ai roulé en Grand-Prix 250, 350 et 500 cc, notamment sur la HO But", nous rappelle-t-il.

À la fin d'une saison 1978 "pleine de galères", Jean-Claude Hogrel met un terme à sa carrière de pilote et devient moniteur pour l'école de pilotage CFM pendant dix ans. En 1988, il change de nouveau de casquette mais reste fidèle à sa passion en prenant la tête des magasins Yamaha Patrick Pons.

Jusqu'en 1995, il gère donc pas moins de huit magasins et 60 employés qui vendent en moyenne 3000 motos neuves chaque année. En 1996 il monte sa propre concession Yamaha, Planet Motor à Cachan (94), et huit ans plus tard celle de Spirit Motor à La Ciotat (13).

Aujourd'hui responsable de deux concessions dans le sud de la France (La Ciotat et Aix-en-Provence), Jean-Claude Hogrel endosse parallèlement le costume de président de la branche deux (et trois !) roues du Conseil national des professionnels de l'automobile (CPNA) à la suite de Luc Forestier. Interview...

Moto-Net.Com : Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs ce qu'est le CNPA ?
Jean-Claude Hogrel :
Le Conseil national des professionnels de l'automobile est une très grosse usine qui se subdivise en 20 branches, dont celle des deux et trois roues que je préside. Mais il y a également celles dédiées aux carrossiers, à la formation des conducteurs, aux dépanneurs, au contrôle technique, aux poids lourds, etc. C'est très vaste !

MNC : Quelles sont ses missions ?
J-C. H. :
La principale mission du CNPA est de défendre la profession au sens large, d'un point de vue juridique mais aussi législatif ou social. Le CNPA est en rapport permanent avec les autorités publiques, du niveau local au niveau européen. Il fait en sorte que les changements de réglementation soient en accord avec les contraintes liés à nos métiers. Nous fournissons aussi des services ou des conseils sur le droit du travail, la sécurité sociale, l'URSSAF, etc. Nous pouvons intervenir lors d'éventuels litiges avec les clients, l'administration ou les fournisseurs. Enfin, nous analysons les tendances du marché et essayons d'établir des perspectives pour aider les pros à prendre de bonnes décisions quant à leur avenir.

MNC : Quel est le nombre de professionnels de la moto et du scooter en France ?
J-C. H. :

On recense environ 4500 magasins de vente et de réparation, ce qui représente environ 14 500 employés. Attention d'ailleurs de ne pas tomber dans le parisianisme : il n'y a pas que les belles concessions de la Grande Armée ! Parmi nos 1400 adhérents, nous comptons de nombreux petits garages gérés par une seule personne ou par un couple. Ceux-là demandent un soutien et une attention particuliers, car après leur journée entière de boulot passée dans l'atelier, ils n'ont pas toujours le temps de se renseigner sur les nouvelles législations ou le courage de se pencher sur leurs comptes. Nous travaillons d'ailleurs également sur la pénibilité du travail.

MNC : Le nombre de professionnels est-il en baisse ?
J-C. H. :
Oui, indéniablement. Comme vous le savez, le marché des VN (véhicules neufs, NDLR) est globalement en baisse depuis quelques années et il en va de même pour les marchés de l'équipement, des accessoires et de l'entretien. Les ventes de VO (véhicules d'occasion, NDLR) représentent plus du double de celle des VN, mais moins de 50% passent par des professionnels malgré leur garantie et le fait qu'en général, les prix sont plus intéressants en magasin car issus d'une vraie cote professionnelle, et non de la cote "d'amour" du particulier.

MNC : Quels sont les gros dossiers que vous avez dû traiter depuis votre élection en juillet ? Le contrôle technique pour les deux-roues ?
J-C. H. :
Le contrôle technique est effectivement d'actualité, mais c'est une question qui est gérée par une autre branche du CNPA.

MNC : Qu'est-ce-qui vous préoccupe le plus ?
J-C. H. :
Je ne choisis pas les sujets abordés, et je ne suis pas dessus à plein temps, contrairement au bureau. Mais d'un point de vue personnel, plus que les questions purement technique de nos professions, ce sont les aspects financiers et sociaux qui m'importent. Ce qui me tient à coeur principalement est de soutenir la santé financière des établissements ! Le marché des 125 représente un volume important des ventes de VN, or il a encore plongé de -18% en 2011. Les grosses cylindrées s'en sont mieux sorties, mais cela n'empêche pas de nombreux professionnels de souffrir de problèmes de trésorerie... Surtout en hiver !

MNC : Quelles solutions pouvez-vous leur apporter ?
J-C. H. :
Nous essayons de faire comprendre aux banques que notre activité est saisonnière, et que le garage qui se trouve dans le rouge en janvier sera sans doute dans le vert en mai ! D'autre part, peu de concessionnaires le savent, mais ils peuvent faire appel à Oséo en cas de besoin : il s'agit d'une société détenue en majorité par l'État, qui propose des financements aux PME et TPE. Or les banquiers oublient parfois de le mentionner... Nous notons aussi que d'une manière générale, les entrepreneurs ont du mal à avouer qu'ils sont dans la panade. Il ne faut pas ! Plus tôt nous intervenons, et plus grandes sont les chances de repartir du bon pied.

MNC : Vous dialoguez aussi avec les constructeurs et les importateurs ?
J-C. H. :
Bien sûr. Nous les côtoyons constamment, et nous en profitons pour leur rappeler de temps en temps qu'une marque, même la meilleure, ne doit pas négliger ses distributeurs. Certains constructeurs peuvent faire preuve d'une trop grande exigence envers de petites structures. Nous veillons à ce qu'il n'y ait pas d'abus.

MNC : Et quels sont vos rapports avec les pouvoirs publics ?
J-C. H. :
Ils sont bons. J'ai pu m'entretenir avec Jean-Luc Névache (le délégué interministériel à la sécurité routière, NDLR) à plusieurs reprises et il m'a semblé réceptif à nos messages. Le gouvernement se montre également à l'écoute... mais il paraît que des élections vont bientôt se tenir en France ?!

MNC : D'après vous, comment va évoluer le marché à moyen terme ?
J-C. H. :
La baisse des immatriculations de 125 est clairement due à la formation obligatoire de 7 heures. Toutefois, à mon grand âge (il roule vers ses 60 printemps, NDLR), on sait que les 125 font souvent le yoyo. La réglementation et la conjoncture sont aujourd'hui difficiles, mais ça repartira d'ici deux ans. Pendant les coups durs, les structures se réduisent mais elles redécollent ensuite. Chez les gros cubes, je n'oserais pas me prononcer car j'ai souvent tort... Qui aurait pu dire il y a quelques années que les maxiscooters marcheraient aussi fort aujourd'hui, et que de plus en plus de marques s'y intéresseraient ?

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