Marre des bouchons, ras-le-bol des embouteillages inextricables mais allergique aux scooters ? En cette saison propice à la morosité, Moto-Net.Com a essayé pour vous la petite bulle de champagne KTM : la 690 SM ! Essai.
En 2007, KTM a fait évoluer toute sa gamme de gros monocylindres routiers en faisant passer son fameux LC4 de 640 à 690 cc. Mais ces valeurs ne sont que des appellations commerciales, puisque le nouveau bloc ne cube en fait que 653,7 cc contre 625 pour l'ancien.
En revanche, le constructeur autrichien ne s'est pas contenté d'un simple réalésage et a revu son mono en profondeur, lui faisant gagner presque 9 chevaux et perdre 7 kg. Il en est de même pour la partie cycle de cette 690 SM, qui n'est plus celle d'une machine de TT réadaptée à la route mais bien celle d'un supermotard conçu pour l'asphalte...
Un look... bien à elle !
À première vue, la 690 SM ne fait pas vraiment l'unanimité par son design. Dommage, car ses proportions sont harmonieuses et ses lignes taillées à la serpe dégagent une impression assez agressive. Mais deux détails d'importance viennent ternir cette impression générale...
Tout d'abord, un bec de canard franchement disgracieux englobe le garde-boue avant et le phare. Il semble avoir été rajouté au dernier moment et défigure un peu la proue de la moto. En outre, le garde-boue remplit très moyennement son office, si bien que le phare comme le pilote peuvent se retrouver mouchetés de projections !
Autre détail fâcheux, les deux silencieux d'échappement relevés de manière exagérée et surtout selon un axe qui casse la ligne de la machine. Cela dit, ils évoquent les pots des gros monos de course engagés par la firme autrichienne sur le Dakar.
Essayée dans cette robe noire, la 690 SM est aussi disponible dans le fameux orange KTM qui lui sied encore mieux.
Haute couture
Mais passé le premier choc visuel et après quelques jours passés avec la machine, l'oeil s'habitue aux lignes acérées de la Katoche. Et la 690 SM en impose aussi beaucoup grâce à son équipement très haut de gamme : énorme fourche inversée White Power de 48 mm, disque de frein avant Brembo de 320 mm pincé par des étriers radiaux, embrayage hydraulique, durites tressées... KTM n'a pas lésiné pour sa nouvelle gamme mono !
La finition est également exemplaire et la monte pneumatique promet du sport avec un Michelin Pilot Power à l'avant et un très tendre Power Race à l'arrière.
Supermotard pratique
Et malgré le positionnement très course comme en atteste le slogan KTM "Ready to race" (prêt à courir), la 690 SM fait de grandes concessions pour rendre agréable le quotidien de son pilote.
Si l'on retire la trousse à outils - d'une qualité remarquable - sous la selle, on peut libérer un espace suffisant pour enrouler une chaîne antivol de gros diamètre. Dommage qu'il n'y ait pas d'antidémarrage à clé codée...
Les rétroviseurs ne vibrent pas et renvoient une vue correcte de l'arrière. Les poignées et repose-pieds passager peuvent également servir à arrimer un sac. La selle large et bien dessinée se révèle ferme mais très confortable... Surprenant pour ce style de machine !
Le réservoir n'est pas ridicule non plus avec ses 13,5 litres, largement au-dessus des standards de la catégorie. En revanche, le bouchon d'essence se montre embarrassant lors des ravitaillements car il n'est pas monté sur charnière.
Bienvenue à bord !
Comme souvent sur les supermotards, on se sent tout de suite chez soi dès que l'on a levé la jambe bien haut pour enfourcher la 690 SM. L'assise de la KTM culmine à 875 mm : c'est haut, certes, mais pas du tout gênant pour les pilotes de plus d'1,75 m.
Les suspensions assez souples se tassent sous le poids du pilote, faisant gagner quelques millimètres. De plus, la selle fine et le poids plume de la machine - 152 kg à sec - font qu'elle n'est pas du tout intimidante ! On est bien droit sur la moto et les mains se posent naturellement sur le guidon assez large.
Un monstre de douceur
Connaissant ses aînées et compte tenu de son orientation sportive, on attend de la 690 SM une certaine rudesse... Eh bien rien de tout cela ! D'une légère pression sur le démarreur électrique, le moteur s'ébroue dans une sonorité discrète et surtout, sans la moindre vibration !
Et pour cause : le moteur revu en profondeur est désormais équipé d'un arbre d'équilibrage qui filtre très bien les coups de piston du monocylindre, ce qui change du tout au tout par rapport au 640 cc et aux versions antérieures qui faisaient presque tomber les plombages !
L'injection électronique, nouvelle également, gère parfaitement le ralenti à froid comme à chaud. Mis à part sa poignée un peu trop courte pour des mains gantées, l'embrayage hydraulique est très doux, tout comme la boîte de vitesses.
Vivent les grèves
Au guidon d'un tel outil, on ne redoute pas le moins du monde de s'élancer dans les embouteillages de la région parisienne. Car malgré un centre de gravité assez haut placé, la prise en main est quasi immédiate.
Le confort de selle et de suspension se montre très correct et le moteur reste docile si l'on prend soin de le maintenir au-dessus des 3000 tr/mn. En dessous, il se fera un plaisir de vous rappeler son statut de monocylindre en cognant assez fort !
On ne retrouve pas non plus le fameux "coup de pied au cul" propre aux anciens monos refroidis par air : la mécanique de la KTM privilégie plus la puissance et l'allonge que le gros couple en bas. Ce qui se caractérise par des accélérations franches et viriles mais très linéaires, jusqu'à des régimes peu usuels pour ce type de moteur. Il distille également très peu de frein moteur.
Le mono 690 se pilote donc dans les tours. Les sportifs apprécieront, tandis que les nostalgiques des XT 500 et autres Dominator pourront être déçus...
Pousse-au-crime
Sans surprise, la 690 SM se révèle hyper efficace en ville... Presque trop : elle pousse même les pilotes les plus calmes aux pires excentricités ! Haut perché sur la selle avec le buste bien droit, on a une vue parfaite sur la circulation, ce qui permet d'anticiper facilement le chemin par lequel on va se faufiler.
Avec la finesse de la machine et le guidon qui passe au-dessus des rétros des voitures, il est vraiment rare de se retrouver arrêté ! Le débattement des suspensions de 210 mm et la garde au sol généreuse (260 mm) permettent même de monter et descendre des trottoirs sans aucun souci.
Le freinage est aussi très efficace : il offre un bon mordant et un excellent feeling. Compte tenu de l'efficacité des éléments avant, l'arrière a toutefois tendance à bloquer très vite... ce qui peut aussi faire partie du jeu !
Par ailleurs, si la monte pneumatique correspond bien à une utilisation sportive, elle est un peu moins convaincante en ville. C'est surtout le cas du Michelin Power Race à l'arrière, qui a vraiment besoin d'être en température pour accrocher. Pour un usage loisir et tous temps, on lui préfèrera donc une gomme moins exclusive.
Reine des virolos
Si un supermotard peut se montrer jubilatoire en ville, il s'apprécie avant tout sur des petites routes bien tortueuses. Et dans cet exercice, il faut un peu plus d'expérience pour rouler fort au guidon de la KTM.
Le centre de gravité haut et les suspensions assez moelleuses demandent un petit round d'observation avant de se sentir vraiment à l'aise. Mais la 690 SM s'amuse de tous les styles de pilotage, que ce soit en déhanchant à l'intérieur du virage ou en sortant la jambe façon supermotard.
La partie cycle s'avère dure à prendre en défaut, même en haussant le rythme ! Le système APTC (Adler Power Torque Clutch) veille au grain pour prévenir tout dribble de la roue arrière lors des gros rétrogradages. Seule ombre à ce tableau idyllique, la boîte de vitesse douce et rapide manque de précision à l'attaque et nous a gratifié de quelques faux points morts très désagréables.
En raccourcissant un poil sa transmission finale et en faisant respirer un peu mieux son moteur que l'on sent quelque peu étouffé, l'autrichienne peut aisément s'aligner au départ d'un rallye routier...
Le SM polyvalent
Même si ce n'est pas sa tasse de thé, la 690 SM s'acquitte de bonne grâce des courtes liaisons autoroutières. Son moteur tracte sans faiblir jusqu'à plus de 190 compteur mais sur les grands axes, ce n'est pas avec la KTM que l'on perdra son permis tant le pilote est exposé !
L'impression de vitesse est d'ailleurs très faussée par rapport à une machine classique. À 90 km/h au guidon de la KTM, on a le sentiment d'être à un bon 130 : très pratique pour conserver ses points !
La consommation s'est révélée relativement raisonnable pour une machine aussi sportive, avec une moyenne de 5,4 l aux 100 km. Avec un réservoir de 13,5 litres, la KTM 690 SM permet donc une autonomie de près de 200 km avant réserve, ce qui est rarissime pour un supermotard.
Le duo n'est à envisager qu'en cas d'extrême urgence ! La selle est trop courte et les poignées passager sont mal placées pour bien résister aux freinages et aux accélérations.
Un beau caprice...
Véritable jouet pour grands garçons, la KTM 690 SM ne souffre pas de réels défauts et offre une polyvalence d'utilisation rarement vue sur un supermotard. Mais elle fait payer son équipement, certes haut de gamme, un peu cher.
Il vous faudra en effet débourser 8 295 euros pour cette version standard et pas moins de 8 808 euros pour la version Prestige, équipée d'étriers 4 plaquettes à l'avant, d'un maître-cylindre de frein de type radial, de jantes à bâtons et de suspensions entièrement réglables.
Compte tenu de l'utilisation forcément plus limitée que celle d'un roadster de moyenne cylindrée, la 690 SM reste assez chère pour un monocylindre... Mais il reste cette donnée totalement subjective, le plaisir de conduite, qui dépend de chacun de nous !
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