Stage de pilotage moto H2S : MNC retourne à l'école !

8h00, un vendredi matin de septembre sur le circuit Carole (93) : le ciel est plombé et la piste francilienne détrempée tandis que les 42 élèves - dont quatre motardes - inscrits au dernier stage organisé par H2S en 2015 arrivent au compte-gouttes. L'ambiance est presque fantomatique à cause du brouillard, régulièrement traversé par les phares des avions en partance ou en provenance de l'aéroport tout proche, Roissy Charles-de-Gaulle...

Basée à Albi (81), H2S Moto est une école de pilotage moto sur circuit dont l'encadrement "aux petits oignons" avait favorablement impressionné MNC lors d'une brève rencontre au Mans (72), dans le cadre de notre Essai du pneu Metzeler Racetec RR.

Fondée en 2009, cette structure jouit d'une excellente réputation dans le petit monde des écoles de pilotage moto. Cette notoriété, elle la doit tout d'abord à la variété de ses offres (sept formules différentes et neuf circuits au calendrier 2015) et à sa formation complète. La renommée et le palmarès de ses trois fondateurs lui assurent aussi une image rassurante et attractive : le "S" de H2S correspond à l'ancien pilote de vitesse et d'endurance français, Dominique Sarron himlself !

Aux côtés du talentueux quinquagénaire (56 ans) au palmarès aussi riche qu'éclectique (une victoire en GP250 en 1986, sept succès au Bol d'Or, vainqueur du premier Moto Tour en 2003, 9ème du GP de Grande-Bretagne 500 cc en 1992, etc.) sévissent Cyril Huvier (à droite ci-dessous) et David Sciberras (à gauche), deux trentenaires ouverts et sympas dont la première lettre de leur patronyme complètent le sigle H2S.

Eux aussi portés sur la compétition, Cyril et David ont à leur actif une intéressante carrière en vitesse et en endurance. Engagé avec l'équipe JLC Moto Metiss, cette moto d'endurance au train avant non conventionnel, Cyril Huvier vient notamment de terminer le Bol d'Or à la première place en Open et 18ème au scratch. Une sacrée perf' quand on sait que le moteur de GSX-R 1000 monté sur la Metiss rendait 40 km/h aux plus rapides dans la longue ligne droite du Castellet (1,8 km) !

Cependant, savoir aller vite est une chose, être en mesure de partager ses connaissances avec des élèves de tous niveaux en est une autre... radicalement différente !

H2S dissipe le brouillard

Sur ce point, MNC peut déjà rassurer ses lecteurs : les instructeurs de chez H2S maîtrisent tous les leviers d'un bon apprentissage, qu'il s'agisse de la partie théorique et pratique. Car non, un stage de pilotage ne se passe pas uniquement sur le bitume : la moitié se déroule en salle où chaque étape est présentée puis analysée élève par élève après avoir été mise en application entre les vibreurs.

En bon "sudistes", l'équipe H2S détend l'atmosphère de ce matin grisâtre en ironisant sur le climat du "nooord", prononcé d'un ton traînant et sinistre façon Michel Galabru dans Bienvenue chez les Ch'tis ! "Pratiquement tous nos stages s'étalent sur deux jours et se tiennent dans le sud de la France (notamment Issoire, Pau-Arnos, Le Vigeant, Nogaro, Alès et Lédenon, NDLR). Mais depuis deux ans, pour répondre à la demande, nous en organisons aussi dans le nord : l'an dernier à la Ferté Gaucher (77), cette année à Carole, mais seulement sur une journée", nous apprend David Sciberras.

Pendant que Dominique Sarron se charge de préparer un café pour ragaillardir l'assemblée - avec un sourire et un entrain communicatifs -, chacun remplit les formalités administratives habituelles, durant lesquelles les groupes de niveaux sont indiqués. MNC fait le plein de viennoiseries offertes pour prendre des forces, car la journée s'annonce chargée : 4 à 5 ateliers sont prévus pour un total d'environ "200 km", précise H2S.

A ce programme assez costaud s'ajoute pour certains le trajet à moto jusqu'au circuit (et le retour, à anticiper !), comme ce sympathique participant venu de Paris au guidon de sa rutilante Yamaha RD350LC ! C'est aussi le cas de Paul-Maxime, qui découvre le circuit sur sa R1200GS (oui, le trail allemand est partout !), ou encore de Charlotte qui entend progresser au guidon de sa GSX-R grâce à H2S (voir nos interviews vidéo en page suivante).

Après quelques conseils de bon sens (respect des drapeaux, ne pas s'arrêter même pour aider un pilote qui a chuté, replier ou démonter ses rétros, adapter sa pression pneumatique), la première session débute pour reconnaître la piste, encore totalement mouillée. Mauvaise pioche pour MNC : la R1 2015 empruntée pour l'occasion à Yamaha Motor France est équipée de pneus flambants neufs...

Heureusement, l'arrivée du soleil change progressivement la donne et les exercices débutent sur un bitume encore frais mais pratiquement sec. Répartis par groupes de 10 à 15 élèves maximum, les stagiaires attaquent la formation par un cours théorique concernant la position sur la moto. Les débutants comme les motards expérimentés écoutent religieusement les précieux conseils, visant à acquérir - ou affûter - des acquis ô combien importants...

Des méthodes et des moyens efficaces

Placement des bottes, déhanchement, flexion du bras du bras intérieur, rotation des épaules et de la tête vers le point de sortie : tous ces paramètres sont détaillés en salle, puis à l'arrêt sur une moto. Comme le souligne l'instructeur, la mise en appui sur les jambes est primordiale pour passer d'un angle sur l'autre le plus rapidement possible, sans perturber la direction par une pression néfaste sur le guidon.

Pour illustrer son propos, David Sciberras "prend la pose" en statique sur une R6 et déhanche généreusement d'un côté à l'autre uniquement grâce aux muscles de ses cuisses, avec seulement les index posés sur les poignées. Convaincant ! La mise en application s'effectue ensuite sur un slalom tracé entre des cônes espacés d'environ 25 m, à négocier sur le deuxième rapport avec le genou au sol...

L'exercice requiert concentration, coordination et rapidité... mais aussi un physique affûté : basculer d'un angle à l'autre autant de fois d'affilée fait rapidement chauffer les cuisses et le buste ! C'est comme si on négociait une dizaine de "pif-paf" consécutifs : le palpitant de certains frôle la zone rouge tandis que les autres découvrent douloureusement des muscles jusque-là inconnus !

Installés en bord de piste, les instructeurs guident chaque élève grâce à des signaux (plus de gaz, moins de gaz, anticiper avec le regard...) et des attitudes mimées. Voir José Kuhn (14ème du championnat du monde des GP 500 en 1993) gesticuler énergiquement pour recommander de sortir le buste et la tête, en repliant le bras intérieur pour s'y aider, est aussi édifiant qu'amusant !

Ensuite, retour dans la salle de cours où le débriefing débute sans temps mort avec des conseils clairs, adaptés au niveau de chacun et mêlant une agréable alternance de sérieux et d'humour.

"Si vous arrivez dans une courbe avec l'impression que ça ne passera jamais, plongez malgré tout à la corde : dans neuf cas sur dix, ça passe", assure le top pilote Cyril Huvier, en charge des démonstrations "dynamiques" sur piste mais aussi des suivis optionnels "Drive Control", durant lesquels il est possible d'être coaché via une liaison radio avec l'instructeur (lire encadré ci-dessous).

Un stage instructif et technologique

Tous les ateliers sont filmés sous différents angles afin d'être ensuite décortiqués stagiaire par stagiaire. Car une vidéo vaut mieux qu'un long discours : les points forts et surtout les points faibles crèvent littéralement l'écran ! Position, regard, trajectoire : rien n'échappe aux instructeurs qui disposent avec la vidéo d'un support d'autant plus précieux qu'il est incontestable. Mauvaise foi impossible !

Là encore, MNC apprécie la pédagogie déployée par H2S : le décryptage vidéo est réalisé avec efficacité et tact, notamment grâce à des échanges attentifs et cordiaux avec l'élève concerné. Chaque participant est ainsi dirigé en fonction de son niveau, avec l'unique objectif de lui inculquer de bons réflexes.

"Nous ne sommes pas là pour faire des chronos", rappelle Dominique Sarron. "Le but du stage est de vous apprendre à rouler correctement sur circuit. Par conséquent, n'hésitez pas à abaisser légèrement votre allure pour mieux mettre en pratique chaque exercice, notamment les mouvements des différentes parties du corps pour négocier un virage".

Atelier après atelier, l'intégralité de cette chronologie garante d'un passage en courbes efficace se révèle. D'abord décaler les fesses avant le freinage, puis sortir la jambe intérieure. Faire ensuite pivoter la moto le plus vite possible au point de déclenchement tout en inclinant le buste, puis poser le genou au sol avec la tête et les épaule tournées vers la sortie. Enfin, sitôt le virage terminé, "regrouper" les jambes et les bras le long du corps et plonger la tête dans la bulle pour aller chercher l'ultime km/h...

Très bien équipée, H2S possède notamment un drone pour photographier chaque partie de la piste, ce qui facilite les explications en salle car le travail se fait à partir de photos "réelles" et non sur plan. Hélas, hors de question de sortir ce coûteux matériel à Carole, proximité de l'aéroport de Roissy oblige ! L'école de pilotage utilise aussi des capteurs de vitesse placés dans la zone de freinage et reliés à un écran visible depuis la corde.

Grâce à ce radar - sans effet néfaste sur le permis de conduire, celui-là ! -, il est possible de connaître à chaque tour sa vitesse d'entrée. Au fur et à mesure de la journée, celle-ci augmente sensiblement pour tous : le signe que les conseils d'H2S portent leurs fruits !

Entre chaque séance, les moniteurs accordent quelques minutes aux stagiaires désirant aborder un point particulier, qu'il s'agisse d'une posture mal comprise, d'une méthodologie à adopter au freinage ou d'une question relative aux ajustements de suspensions. H2S remet à cet effet une fiche sur laquelle les intéressés notent leurs réglages standards, ce qui permet de définir une base de travail.

En fonction de leurs commentaires et du comportement de la moto observée en courbes, l'instructeur indique les réglages à optimiser et la manière de s'y prendre, le tout à consigner sur cette précieuse fiche réutilisable plus tard. Quasiment un traitement de pilote officiel !

Chacun y trouve son compte

La journée s'achève - trop - vite après d'ultimes exercices visant à négocier la fameuse "Parabolique" du circuit Carole ou encore l'épingle "Hôtel". Même si la fatigue commence à se faire ressentir, chaque participant continue à enchaîner leçons théoriques et sessions pratiques le sourire aux lèvres.

Tous sont ravis de constater une réelle progression, validée par un premier "posé de genou" pour les "rookies" - surnom donné aux débutants en compétition - ou l'amélioration de son record du tour personnel au chrono pour les plus expérimentés (voir nos interviews vidéo en page suivante).

Et malgré des conditions météo délicates en début de journée, seulement deux chutes sans gravité ont été enregistrées. Une preuve supplémentaire de la qualité de l'encadrement de H2S, et notamment de sa maîtrise à jauger le potentiel de chaque stagiaire : il s'agit d'un point indispensable pour que la découverte de ses limites permette ensuite de les repousser... et non l'inverse !

Au final, entre la satisfaction de mieux cerner les subtilités du pilotage sur circuit et le plaisir ressenti sur sa moto quand les bons enchaînements deviennent progressivement des automatismes, chacun repart comblé de ce stage de pilotage, quel que soit son niveau et ses attentes.

Le champ de compétences de H2S est suffisamment varié pour toucher un très large public et lui apporter des compétences adaptées pour limer du slider sur circuit de manière efficace. Le tout dans une ambiance à la fois studieuse et sympathique, parfaite pour progresser.

Une satisfaction générale qui valide une fois de plus notre constat que ce type de formation s'adressent aussi bien à des pilotes débutants qu'à des pistards chevronnés (lire par ailleurs notre Reportage sur l'école de pilotage Trajectoire GP et notre Reportage sur la Suzuki Academy managée par BMC).