Face à une nouvelle dégradation des chiffres de la sécurité routière, le gouvernement lance à partir de dimanche une nouvelle campagne de sensibilisation sur les danger du téléphone "en situation de conduite" (et non plus seulement "au volant").
Suite à une dégradation des chiffres de la sécurité routière ces derniers mois (moins d'accidents mais "nettement plus graves" avec une augmentation de 16,8% des tués en octobre), le gouvernement s'apprête à lancer une nouvelle campagne pour "alerter les Français sur les dangers du téléphone en situation de conduite".
On notera au passage l'emploi de l'expression "téléphone en situation de conduite", en lieu et place de celle plus communément utilisée de "téléphone au volant". Car pour ne pas stigmatiser les automobilistes, Jean-Louis Borloo, Dominique Bussereau et Michèle Merli s'adressent à tous les utilisateurs de véhicules : "au volant d'un véhicule, au guidon d'un deux-roues, qu'il soit ou non motorisé, une seconde de distraction peut avoir des conséquences dramatiques", expliquent en choeur le ministre, son secrétaire d'Etat chargé des transports et la déléguée interministérielle à la sécurité routière : "en cas d'imprévu, le temps de réaction pour un conducteur au téléphone augmente de 50% en moyenne. La distance d'arrêt du véhicule en cas d'urgence est donc plus grande et peut être à l'origine d'un accident".
Après le slogan "Au volant c'est la messagerie qui répond" tenté en 2006, il faudra désormais se souvenir que "Téléphoner au volant, c'est être ailleurs que sur la route". Car selon une étude de l'INRETS (Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité) menée par Marie-Pierre Bruyas et André Chapon - confirmant les craintes des utilisateurs de deux-roues, fréquemment effrayés par le manque de vigilance des automobilistes, et le combat mené depuis des années par la FFMC (lire notamment Moto-Net.Com du 5 avril 2003) -, conduire en téléphonant provoque "une certaine fixité du regard qui se traduit par une négligence de surveillance, notamment dans les rétroviseurs du champ périphérique".
"Augmentation du rythme cardiaque"
L'usage du téléphone en conduisant - y compris avec un kit mains libres ! - entraîne également "une moins bonne appréciation et perception des situations, une altération de l'attention allouée à la conduite et une augmentation du rythme cardiaque, traduisant une augmentation de la charge mentale liée à la difficulté de réaliser simultanément deux tâches", indiquent encore les chercheurs.
En 2007, l'Observatoire national interministériel de sécurité routière (ONISR) estimait déjà que "7% des accidents pourraient être évités si aucun conducteur ne faisait usage d'un téléphone portable en conduisant".
Or selon un sondage de la Délégation à la sécurité et à la circulation routières (DSCR) réalisé par téléphone en mars 2008 auprès d'un échantillon de 2004 personnes représentatif de la population française, "41% des conducteurs reconnaissent qu'il leur arrive d'utiliser ce moyen de communication en conduisant"...
Téléphoner en conduisant multiplierait "les risques d'accident par 5", estime le gouvernement, s'empressant de préciser qu'il s'agit de la "quatrième cause de mortalité sur la route après l'alcool, la vitesse et le non port de la ceinture de sécurité".
Ainsi donc, les radars automatiques ne seraient pas la seule et unique solution aux problèmes de sécurité routière, pas plus que la vitesse ne serait la seule responsable des accidents de la route ? On aurait identifié, après de longues années de recherche, un facteur superbement ignoré par les autorités - de droite comme de gauche - depuis plus de 30 ans : la concentration, la vigilance et l'attention aux autres ? A suivre... Restez connectés !
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