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Marseille, le 19 janvier 2021

Essai Yamaha MT-07 2021 : certifiée "Eureux 5" !

Essai Yamaha MT-07 2021 : certifiée Eureux 5 !

Chaque année, la MT-07 fait le bonheur d'environ 20 000 motards en Europe... et celui de Yamaha, qui caracole en tête des ventes de motos en France grâce à elle. Sa troisième génération se plie aux normes Euro5 sans véritable audace pour préserver ses appréciés fondamentaux : un moteur rigolo, une partie cycle joueuse et un prix pas déprimant. Un vrai vaccin anti-morosité ! Essai.

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Essai MT-07 2021 Page 1 : l'idole des jeunes

Lancée en 2014 puis peaufinée en 2018 (essentiellement au niveau des suspensions), la MT-07 évolue de nouveau en douceur à la faveur des normes Euro5 : nouvel habillage "baffe-à-l'oeil", guidon et disques de frein plus généreux et instrumentation monochrome chipée à la dernière génération de Tracer 700, sa variante routière (détails en page 2). C'est tout ? Oui. Ça suffit ? A voir...

Cette question renvoie en réalité au "problème de riches" auquel est confronté Yamaha avec son roadster poule aux oeufs d'or : comment faire évoluer la MT-07, best-seller adulé pour son maniement intuitif - garant de son succès dans les moto-écoles - et pour son joyeux bicylindre parallèle de 689 cc ?

Trop de changements peuvent lui faire quitter sa zone d'excellence tout en nécessitant des investissements conséquents : la double peine pour Yam' ! A l'inverse, la laisser dans son jus l'expose à une inévitable lassitude ainsi qu'à la férocité de la concurrence : la Z650 l'attend littéralement au tournant avec son super train avant, tandis que la Trident 660 débarque avec de grosses ambitions...  

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Yamaha, prudent, opte pour un compromis : de subtiles modifications pour entretenir son succès, mais rien qui ne puisse remettre en cause ses qualités intrinsèques. La MT-07 2021 est en fait extrêmement proche du premier modèle testé par MNC début 2014, tant sur le fond que sur la forme. Sept ans plus tard, la recette fonctionne-t-elle encore ? 

Au guidon de la MT-07 2021

Le guidon, justement, est relevé de 12 mm, reculé de 10 mm et surtout élargi de 30 mm pour améliorer la maniabilité. Quiconque a déjà testé la MT-07 objectera que le roadster d'Iwata n'en manquait déjà pas : entre son poids plume et son faible empattement de 1400 mm, la Yamaha est au contraire d'une réactivité diabolique !

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A quoi bon alors porter à 693 mm son cintre conique en aluminium ? Pour augmenter le bras de levier et encore faciliter le contrôle de sa roue avant, par ailleurs désormais chaussée en Michelin Road 5 (l'arrière aussi, on vous rassure !). Manière astucieuse, aussi, de compenser les deux kilos supplémentaires imputés à sa mise aux normes : 184 kg contre 182. Soit encore trois kilos de moins qu'une Z650.

Cet élargissement perceptible ouvre les épaules et donne de l'espace au poste de conduite, souvent jugé étriqué. Bonne chose pour les plus grands, mais les motard(e)s en dessous d'1,70 m préféreront peut-être l'ancien qui écartait moins les bras… Tous continueront cependant de saluer sa compacité : la MT-07 est sacrément courte, agréablement basse (selle à 805 mm) et incroyablement menue entre les cuisses ! 

Contrepartie logique : les pilotes de plus d'1,75 m sont un peu à l'étroit sur cette moto conçue pour être ultra-accessible à tous et à toutes (pieds complètement à plat dès 1,75 m, sur les pointes à 1,60 m). Le repli des jambes est prononcé, tandis que la selle est chichement rembourrée : le confort en pâtit au-delà de 100 à 150 km de trajet. Le mollet droit vient aussi buter sur son carter d'embrayage, assez proéminent. 

A faible allure, son guidon élargi autorise un placement enfantin et instinctif du train avant : les débutants apprécieront. Facilité et précision se conjuguent aux diapasons - forcément, c'est une Yamaha - pour se jouer des manoeuvres serrées avec une confiance totale. Car sa vivacité est certes époustouflante, mais toujours contrôlable : rares sont les motos à associer ces deux qualités. 

En cela, la MT-07 est agréablement prévenante : jamais sa direction ne tombe, n'engage ou ne résiste. Son train avant suit au contraire docilement chaque ordre, sans les amplifier, malgré sa maniabilité presque déconcertante. En centre-ville ou sur le parcours lent du permis moto, la Yamaha ne craint personne. Et certainement pas une Harley-Davidson, n'en déplaise à "BB" !

Du frein et du ressort

Autre principal changement sur la MT-07 (roulement de tambour, nuage de fumée, effet sonore et chute de cotillons !) : ses disques de frein avant passent de 282 à 298 mm ! Un truc de fou : l'envergure de cette modification nous laisse encore tout chose... Blague à part, MNC remarque surtout que lesdits disques ne sont plus crantés comme sur la précédente. Bah alors, c'est passé de mode les disques à pétales ?!

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Ses étriers 4-pistons - avec pistons évidés comme les R1 d'autrefois - n'ayant pas changé, pas plus que son maître-cylindre, le freinage s'avère en toute logique extrêmement proche, voire identique. Le levier droit offre le même type de douceur et d'action plutôt mesurée en début de course, qui rassurera les débutants mais incitera les autres à le presser plus fort.

Cette attaque un rien spongieuse en usage sportif ne remet pas en cause son efficacité, ni sa constance : la MT-07 freine correctement, à condition de convoquer fermement sa puissance. Fait-elle mieux qu'avant sur ce point ? La différence, si différence il y a, est extrêmement ténue et place en réalité la moto face à une de ses failles historiques : la mollesse de sa fourche en début d'enfoncement.

Taper dans les freins comme un sourd lui fait inévitablement piquer du nez, faute de consistance suffisante de son amortissement. Difficile donc de percevoir la plue-value apportée par ses disques de plus grand diamètre : ses limites au freinage sont en fait celles de sa fourche télescopique non réglable.

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Le train avant de la MT-07 n'est cependant pas du type "pompe à vélo" : sa mollesse l'handicape uniquement en conduite "sportivo-décérébrés", quand les entrées en courbe deviennent saignantes et les prises d'angles maximums. Constat identique à l'arrière, où la souplesse du compromis d'origine est à l'origine de mouvements lorsque les plus fortes accélérations envoient valser les principes de base de la Sécurité routière.

Dans ces conditions, disons extrêmes, davantage de rigueur serait la bienvenue pour arsouiller, d'autant que la moto s'y prête admirablement.. Car oui, la MT-07 est du genre remuante lorsqu'on la mène à bride abattue. Oui, ses suspensions manquent de progressivité et de retenue à l'attaque, à plus forte raison si le bitume se fripe. Mais impossible pourtant de ne pas s'amuser à son guidon !

L'explication ? Son châssis sain, son poids plume et son équilibre réussi, qui permettent de toujours garder le contrôle... et le sourire ! Hyper alerte mais stable, cette moto se place et se replace d'un battement de cils, sans jamais inquiéter : aucune de ses réactions parfois désordonnées ne lui font quitter la trajectoire désirée, y compris quand le repose-pied vient - très tardivement - labourer le bitume.

Le style n'est pas toujours très académique, mais l'efficacité est bien là : la MT-07 n'est jamais dangereuse ni vicieuse. Aller (très) vite à son guidon demande simplement un peu de finesse et d'attention pour canaliser son caractère frivole : certaines de ses rivales se montrent sans conteste plus rigoureuses, mais certainement pas plus joueuses ! 

Bouilleur de grand crû !

Ce tempérament ludique ne tient pas qu'à son comportement évident : l'atout maître de la MT-07 tient à son moteur, un bicylindre parallèle de 689 cc qui mérite sa place panthéon des "bouilleurs" d'exception ! Les normes Euro5 n'ont en rien édulcoré sa patate jubilatoire, ni dégradé ses bonnes manières.

Extrêmement souple, ce CP2 (pour "Crossplane 2-cylindres") supporte les évolutions sous 1500 tr/mn sur les trois premiers rapports et relance en quatrième à 25 km/h sans cahot. Son accélérateur facile à doser et son frein moteur discret complètent ce tableau idéal en ville, où son embrayage doux et son faible rayon de braquage s'apprécient également.

Bien élevé mais diablement réactif, ce moteur à la sonorité sourdement syncopée offre un répondant instantané façon élastique toujours en tension. Ses relances dès 2500 tr/mn décoifferait un chauve (ou défriserait un rasta, selon la donne capillaire) grâce à leur nature velues : la MT-07 accélère avec une vélocité déconcertante, laissant sur place toutes idées reçues sur les motos de "faible" puissance !

Essai Yamaha MT-07 2021 Page 1 : l'idole des jeunes

Ses 73,4 ch et ses 67 Nm (respectivement en baisse de 1,4 ch et 1 Nm à cause d'Euro5) présentent une tonicité inouïe doublée d'une plage d'exploitation remarquable : sa vigueur terriblement démonstrative s'exprime jusqu'à 7000 tr/mn, où un tassement intervient jusqu'aux 10 000 tr/mn de la coupure d'allumage. La diablesse calme le jeu, mais continue néanmoins à cavaler vers sa vitesse maxi (209 km/h compteur sur autoroute germano-phocéenne). 

Cette poussée réussit l'exploit d'être prévisible car constante, tout en exerçant une force d'accélération proprement orgasmique : la MT-07 a du caractère sans être caractérielle. Elle pousse fort tout le temps, mais de façon "amicale" : son twin n'est ni bourru, ni explosif, juste sensationnellement bien rempli. A ce jour, aucune de ses rivales ne lui arrive au vilebrequin ! 

Le tout sans vibrations rédhibitoires hormis quelques frémissements autour de 5500 tr/mn, ni consommation excessive : Yamaha annonce "4,2 l/100 km", en très légère baisse par rapport à 2020. Crédible dans la mesure où MNC est déjà descendu à 4,28 l/100 km lors de précédents duels, en conduite paisible.

Mais son fabuleux rendement incite plutôt aux excentricités : sorties de courbe "boulet de canon", dépassement éclair sans se soucier du rapport (à 3200 tr/mn à 80 km/h, ses relances en 6ème laissent déjà du monde sur place !) ou encore épingle terminées sur la roue arrière.  

Son châssis court et son excellente motricité favorisent naturellement une pratique "mono-roue", au point d'en faire une véritable "bête à wheeling" ! Les amateurs apprécieront dans cette position son frein arrière puissant et facile à doser, tandis que l'absence d'anti-patinage dispense d'avoir à déconnecter quoi que ce soit avant de la faire cabrer.  

Essai Yamaha MT-07 2021 Page 1 : l'idole des jeunes

Reste qu'un contrôle de traction tranquiliserait certainement les motard(e)s débutant(e)s, d'autant que le répondant instantané du twin est à l'origine d'une forme de rugosité à l'ouverture des gaz. Rien de brutal ou d'insurmontable, mais un moteur à 3 ou 4-cylindres est incomparablement plus onctueux durant cette phase précise.

Au chapitre des défauts, citons également sa sélection accrocheuse qui impose des ordres précis et s'accommode modérément des passages à la volée : l'expérience nous révèle que ce désagrément s'atténue avec le temps ("notre" MT-07 n'avait que 700 km au départ), mais sans jamais totalement disparaître. Yamaha n'a pas fini "d'être mis en boîte"...

Verdict : toutes les bonnes choses ont une suite !

Ce n'est pas prendre un grand risque que d'affirmer que la MT-07 est promise au même succès que sa devancière (meilleure vente de motos en France avec 5347 unités, malgré le coronavirus) dans la mesure où cette importante nouveauté 2021 évolue davantage sur la forme que sur le fond.

Essai Yamaha MT-07 2021 Page 1 : l'idole des jeunes

Ôtez lui sa robe spectaculaire et les mêmes dessous apparaîtront : son châssis treillis, ses suspensions basiques - parfois dépassées - et son fabuleux moteur sont identiques. Seul son nouvel habillage fait véritablement preuve d'audace, et pas qu'un peu : son phare avant commun à la nouvelle MT-09 colle carrément les jetons !

Tranché, son look sans concession constitue peut-être son principal défaut : certains en tomberont à la renverse, d'autres s'enfuiront en courant. Question de goûts, de sensibilité ou peut-être de vue (nan, on charrie !). Cette mise à jour stylistique s'accompagne d'une amélioration bienvenue de sa finition, avec notamment cette jolie plaque polie sur l'échappement et des clignotants à LED.

Un écran en couleurs et connecté ainsi que davantage de rigueur d'amortissement auraient toutefois maintenu la concurrence à plus grande distance, même si le maintien de son prix attractif limite les possibilités. A 7299 euros (+ 200 €), la MT-07 entretient certes son leadership, mais ne l'accroît pas.

A moyen terme, Yamaha ne fera pas l'économie d'une vraie refonte de son best-seller, car si toutes les bonnes choses ont une suite - deux, dans le cas de la MT-07 -, elles ont aussi inévitablement une fin...

  • Suite de notre essai MT-07 avec nos photos légendées en page 2

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Modèle d'origine
  •  710 km au départ
  • Parcours :  192 km, essentiellement sur petites routes entre Marseille, la Ciotat et Cassis
  • Pneus : Michelin Road 5
  • Conso moyenne : Non mesurée
  • Problèmes rencontrés : RAS
 
 
 

POINTS FORTS YAMAHA MT-07 2021

 
  • Grand méchant look !
  • Moteur toujours aussi savoureux
  • Finition en hausse
 
 
 

POINTS FAIBLES YAMAHA MT-07 2021

 
  • Grand méchant look...
  • Evolutions timides
  • Suspensions chahutées en conduite sportive
 
 
 

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