Le long rapprochement des peuples européens finira-t-il par tirer vers le haut la réflexion française en matière de sécurité routière ? La première campagne belge de sensibilisation aux risques encourus par les motards tend à le laisser croire...
Contrairement à l'approche française actuelle, selon laquelle le motard tend à être plus ou moins consciemment assimilé à une grosse brute assoiffée de vitesse et de pollution qu'il convient de museler au plus vite, la nouvelle campagne belge pour la sécurité à moto fait preuve d'un bon sens encourageant en termes de construction européenne...
Loin de la politique simpliste et démagogique des dirigeants français - qu'ils soient de droite au gouvernement ou de "gauche" à la mairie de Paris -, l'approche belge séduit par son bon sens et sa plus juste appréciation de la problématique auto/moto.
La première campagne pour la sécurité des motards d'outre-quiévrain, diffusée jusqu'au 8 mai, rappelle par certains aspects l'affiche "Fragile" jadis diffusée en France, en ce sens qu'elle invite les automobilistes à faire attention aux motards en surveillant attentivement leurs rétroviseurs. "Ne perdez pas les motards de vue : gardez-les dans votre rétro", conclut un clip télévisé au terme d'un trajet urbain durant lequel le casque d'un motard s'inscrit en permanence dans le rétro extérieur d'une voiture.
"La moto a le vent en poupe et les deux-roues motorisés ne peuvent plus être ignorés dans le paysage routier actuel", constate d'emblée Renaat Landuyt, ministre fédéral belge de la mobilité et président de l'Institut belge pour la sécurité routière (IBSR).
"Différents facteurs expliquent cette évolution : une moto prend moins de place qu’une voiture, ce qui permet de se frayer un passage plus rapidement dans les files et dans un trafic urbain congestionné", explique l'homologue belge de Gilles de Robien avant de noter, contrairement à ce qu'affirment les Khmers verts de la mairie de Paris (lire Moto-Net du 8 mars 2005 et notre Dossier spécial Deux-roues motorisés en ville), que "le contact direct avec l'environnement explique également la popularité de la moto comme véhicule de loisir. Les facilités de parking et la moindre consommation de carburant sont d'autres points positifs. Toutefois, le revers de la médaille est l'insécurité à laquelle les motards sont encore confrontés aujourd'hui".
Réalisée conjointement par les autorités belges, la Fedemot et le Motorcycle Action Group (MAG), la campagne "Ne perdez pas les motards de vue" a pour objectif "d'attirer l'attention des automobilistes sur le fait qu'ils partagent la route avec les motards et de les inciter à faire preuve de plus de courtoisie et de respect à leur égard", poursuit le ministre belge qui n'hésite pas à rappeler que "même si ces derniers ne se comportent pas toujours de manière exemplaire dans la circulation, il est clair qu'en cas d'accident, la disproportion des forces en présence tournera toujours à leur désavantage".
Le gouvernement belge a également le courage de s'appuyer sur les résultats de l'étude européenne MAIDS, publiée cet hiver mais immédiatement classée verticalement en France après avoir été torpillée par Rémy Heitz, le délégué interministériel à la "sécurité routière" (lire Moto-Net du 2 décembre 2004), tout perturbé de ne pas y retrouver la confirmation de son credo "vitesse = danger".
"Les motards doivent aussi contribuer activement à leur propre sécurité", précise le ministre belge : "grâce à leur position sur la route, ils peuvent faire en sorte d'être mieux visibles. Un équipement constitué de couleurs vives et de matériel réfléchissant peut encore augmenter leur visibilité. Conduire de manière défensive et anticiper toujours le comportement des autres usagers, tel est le message à faire passer. Remonter les files n’est possible que quand le trafic avance lentement (jusqu'à 50 km/h) et, dans ce cas, il convient de faire toujours attention à l'angle mort dans le rétroviseur des voitures et surtout des camions. Bien entendu, il n'est pas question de rouler sur la bande d'arrêt d'urgence, sur les tronçons de route fermés en raison de travaux routiers ou sur les zones hachurées sur le sol".
Toujours dans le cadre de cette campagne, un dépliant intitulé "Automobilistes, connaissez-vous les motards ?" sera distribué par environ 120 zones de police du plat pays, qui mèneront des actions sur le terrain. Il précisera notamment que "les autres usagers doivent être plus attentifs à la présence de motards dans le trafic et être conscients du fait que ceux-ci ne sont pas toujours bien visibles. En tenant compte activement des motards, les automobilistes peuvent contribuer à éviter des accidents. Leur laisser de l'espace dans les files, être particulièrement attentif en cas de changement de bande et tenir compte du fait que les motos peuvent accélérer plus vite que les voitures, mais qu'elles effectuent plus difficilement un arrêt d'urgence".
A noter enfin le nouveau slogan en guise de clin d'oeil du Motorcycle Council (MCC), organisation regroupant l'ensemble des acteurs belges du secteur moto (industriels, utilisateurs, associations sportives, moto-écoles, etc.) et partie intégrante de la campagne : "Your car is heavy metal, I'm not"...
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