Les Honda Repsol ripostent !

Les teams Honda, Ducati et Suzuki avaient à peine achevé leurs tests en Malaisie (lire Moto-Net du 26 janvier 2006) qu'ils partaient tous en Australie pour rejoindre le circuit technique et éprouvant de Phillip Island.

Ils ont profité là-bas de conditions météo optimales : soleil, vent faible et 24°C de moyenne. En fait, seule la fin de la première journée a été gâchée par une averse et un fort coup de vent, empêchant les pilotes de tourner la dernière heure et demie.

Cette arrêt prématuré n'a cependant pas pénalisé Shinya Nakano, qui avait quitté le circuit peu avant l'arrivée de la pluie afin de rejoindre son hôtel, victime de maux de ventre. Dernier temps de la première journée et avant-dernier du classement final, le japonais n'a pas pu donner le meilleur de lui-même lors de ces tests...

Toutefois, Super Shinya aurait fait de gros progrès concernant son problème de train avant, comme l'explique son directeur technique Giulio Bernardelle : "dans les freinages et les entrées de courbe, les choses se sont améliorées par rapport à Sepang" où sa Honda vibrait exagérément.

Nakano et Roberts Jr toujours à la lutte

En proie aux mêmes difficultés que Tamada l'an dernier sur sa RC211V, Nakano est conscient d'être loin du peloton de tête mais retient surtout ses progrès dans un domaine primordial en cette période : "je comprends mieux le mode de fonctionnement du team et je travaille bien avec eux", confie-t-il.

Six jours dans son Japon natal devraient permettre au pilote Konica Minolta de reprendre des forces avant de retrouver l'ensemble de l'Intercontinental Circus au Qatar, un rendez-vous important puisque c'est précisément là qu'aura lieu l'ouverture du championnat cette année, le 10 mars 2007 !

Le Team Roberts est lui aussi impatient de rejoindre le Qatar afin "d'améliorer notre situation". Habitué à jouer les premiers rôles en fin de saison dernière, l'outsider américain doit de nouveau prendre son mal en patience...

"C'est notre sixième jour de test sur la nouvelle machine et je pense que nous avons pas mal progressé dans la compréhension de la moto", relativise Kenny Jr. Son meilleur temps (1'31.10) a été réalisé sur pneus course - contrairement aux trois têtes de liste - et l'américain a "confortablement tourné dans les 1'31".

Mais avant de disputer les podiums 2007, le pilote de l'unique KR212V devra encore progresser... Tout comme les pilotes du Team Gresini !

Elias attend de nouveaux pneus

Heureusement, Toni Elias (8ème temps) a une bonne raison de croire en l'avenir : s'il continue de travailler sur l'ensemble des réglages de sa Honda, il attend surtout de nouvelles gommes Bridgestone "qui devraient mieux correspondre à mes caractéristiques" lors des prochains tests.

Car le manufacturier japonais tient à fournir des pneus spécifiques "à chaque écurie et aussi à chaque pilote", martèle le boss du département course moto, Hiroshi Yamada. Le but principal de Bridgestone lors de ces tests de pré-saison est donc de stocker le maximum d'infos concernant ses pilotes, dont quatre sont nouveaux pour lui cette année : Elias mais aussi Melandri, Stoner, Barros et Hofmann.

Tout comme son coéquipier, Marco Melandri fait preuve d'une sérénité impressionnante alors qu'à un mois du début de la saison, l'italien ne brille pas dans les classements. Mais contrairement à Toni, Marco n'a pas chaussé de pneus qualifs pour effectuer son meilleur chrono en Australie, enregistré de peu dès le premier jour !

Melandri aime sa nouvelle RC212V

Modifiant efficacement ses réglages de Sepang, le n°33 a signé le 2ème meilleur temps du mardi, se concentrant par la suite sur les "différentes possibilités de réglages afin de comprendre le comportement de la moto".

Roulant pour la première fois sur la moto qu'il utilisera en début de saison, le hérisson italien rappelle que "la RC212V est vraiment une nouvelle moto, très différente de la RC211V 1000 cc". Sa nouvelle monture lui procure "un bon feeling à l'avant" et ses Bridgestone n'y sont certainement pas étrangers.

Également équipés de Bridgestone mais sur des Suzuki cette fois, Hopkins et Vermeulen réalisent des performances similaires aux deux Honda Gresini alors qu'elles les dominaient très largement en Malaisie.

Les Suzuki patinent

Pour John Hopkins, cette baisse de forme n'est finalement pas tellement surprenante : l'anglo-américain et la GSV-R n'ont jamais été très véloces sur cette piste des antipodes. Ainsi, le n°21 s'est-il contenté "d'enchaîner les tours", sans toutefois atteindre le but qu'il s'était fixé.

Comme l'an dernier, les Suzuki ont donc laminé leurs pneus, reléguant leurs pilotes en arrière plan : Vermeulen 9ème et Hopkins 11ème. "L'équipe a assurément fait un grand pas en avant en matière de réglages de châssis et de cartographie moteur pour parer les difficultés de ce circuit", tente tout de même de rassurer le manager Paul Denning.

"La moto était assez dure à piloter sans faire glisser le pneu arrière, ce qui a fatalement affecté son endurance", nous éclaire Vermeulen qui n'avait jamais tourné aussi vite sur ce circuit. Notons que le local de l'étape a étrenné un système enregistrant ses pulsations cardiaques : "cela m'aidera à savoir comment améliorer ma vigueur en course en me montrant comment mon corps réagit aux différentes situations". On n'arrête pas le progrès !

Sans toucher aux gommes de qualification, Carlos Checa est de son côté parvenu à dominer son jeune compatriote Toni Elias ! En constante progression lors de ces essais, le pilote catalan pourrait bien être la surprise du début de saison...

"Nous sommes plutôt satisfaits de nos trois jours", conclue le n°7 qui semble de plus en plus à l'aise sur sa 800 cc. Carlos n'a d'ailleurs pas refait état du manque de protection de sa RC212V : explosée par une mouette mercredi, le pilote a pu se rendre compte de l'efficacité de sa bulle !

Les Ducati serrent les rangs

La firme de Borno Panigale s'est offerte à Phillip Island un superbe tir groupé, mené de main de chef par l'inoxydable Capirossi. Pourtant les deux premiers jours, c'est l'inusable Barros qui a dominé les essais au guidon de sa Ducati d'Antin...

Signant un superbe 1'30.00 le deuxième jour sur gommes tendres, Alex Barros a largement impressionné ses adversaires, comme il l'avait fait lors des deux manches de Superbike se déroulant l'an dernier sur le même circuit (lire Moto-Net du 7 mars 2006).

"Ayant déjà obtenu un bon réglage général de la moto, nous nous sommes focalisés sur la simulation de course avec des résultats satisfaisants", expliquait le n°4 hier soir, sans oublier de "remercier Ducati pour le matériel mis à disposition" !

Espérons que la bonne prestation du brésilien ne soit pas uniquement due à ses aptitudes sur ce tracé précis et qu'elle relève plutôt d'un haut niveau de compétitivité du team satellite. Les performances d'Alex Hofmann tendraient à confirmer la deuxième hypothèse.

D'Antin en nette progression

Auteur d'un bon chrono mercredi - il se trouve à un centième du champion du monde -, l'allemand n'a pas profité pleinement de son train de pneus qualifs jeudi : "je n'ai pas poussé à fond car c'était ma première expérience". Ce qui le satisfait en revanche, c'est d'avoir entretenu un bon rythme lors de sa simulation de course.

Le bilan de Casey Stoner, pilote officiel Ducati, ressemble beaucoup à celui d'Hofmann mais un ton au-dessus, lui permettant ainsi de talonner son coéquipier. Le jeune australien, handicapé par des crampes lors des derniers tests malais, a profité d'une halte chez lui pour prouver à tout le monde qu'il était dans le coup !

Ayant peaufiné ses réglages mercredi, Casey s'est lancé dans une simulation de course très encourageante le dernier jour. En revanche, son essai sur gommes tendres s'est montré moins concluants, n'améliorant son meilleur temps que de 19 centièmes.

"En règle générale, nous tablons sur un gain d'environ une seconde au tour", précise Hiroshi Yamada, manager de la branche compétition moto chez Bridgestone. "Le plus gros souci rencontré l'an dernier lors des séances qualifs du GP australien était que notre pneu conçu pour l'unique tour chrono ne retenait pas suffisamment de grip pour un tour entier. Cela obligeait nos pilotes à préserver leur pneu en rendant la main sur certaines sections, afin de conserver du grip pour le dernier virage si important".

De gros progrès sont donc attendus dans ce domaine de la part des pilotes, Loris Capirossi himself n'améliorant son meilleur chrono que de deux dixièmes...

Heureusement pour le célèbre n°65, sa moto équipée de pneus course reste très performante : "si nous confirmons nos bonnes sensations aux prochains tests du Qatar et de Jerez, alors nous serons satisfaits et nous pourrons être compétitifs sur l'ensemble du championnat", lance Capi-T-Rex.

Les Repsol sont les plus rapides

La GP7 aurait même pu conserver la tête du classement si les Repsol Honda n'avaient pas enfilé leur pneus qualifs Michelin... Quoique Pedrosa confirme que ses temps "à la fois sur pneus qualifs et courses était plutôt bons", ce qui - en langage Asimo - revient à informer ses compères qu'il est fin prêt pour le GP !

Troisième meilleur temps en pneus courses de la deuxième journée à seulement un dixième du plus rapide - Capirossi -, Dani Pedrosa confirme que son petit gabarit se prête bien aux nouvelles MotoGP, même s'il est devancé par son coéquipier Hayden, un géant en comparaison !

D'après le nouveau numéro un mondial, mercredi était sa "meilleure journée de ces tests et de toute l'année jusqu'à présent". Lors de sa simulation de course, le Kentucky Kid a en effet "tourné régulièrement dans les 1'30", un rythme comparable à celui entretenu par les meilleurs l'an dernier, lorsque la piste était encore sèche !

Bouclant son meilleur tour en 1' 29.54, Nicky Hayden a dominé ses adversaires sur gommes qualifs mais ne peut s'empêcher de noter un point crucial : "une certaine personne n'était pas à ces tests, donc le fait d'être le plus rapide aujourd'hui ne signifie pas qu'on puisse se reposer"...

Ainsi même absent, Valentino Rossi - car c'est bien évidemment de lui dont parle Hayden ! - parvient à éclipser ses camarades... Parallèlement aux résultats des essais auxquels ils ne participaient pas, Yamaha et Rossi ont en effet fait savoir qu'ils resteraient ensemble non pas une, mais deux saisons supplémentaires !

"Reconquérir le titre"

"Je pense que l'année dernière, le fait d'être revenu si près du titre en se sortant d'une situation quasi inextricable a montré à quel point notre équipe est fantastique. C'est pour cette raison que je souhaite rester avec Yamaha", explique le septuple champion du monde qui apprécie notamment "l'ambiance dans le garage toujours décontracté et heureuse, quelque chose de très spécial et difficile à trouver".

Lin Jarvis, managing director de Yamaha Motor Racing, se félicite lui aussi de cet heureux événement : "c'est surtout bon d'avoir terminé les négociations avant le début de saison qui arrive à grands pas : cela laisse Valentino libre de se concentrer sur son unique job : reconquérir le titre mondial !"

Plus que ravi, Davide Brivio le directeur du team officiel, est ému par cette décision : "durant les trois dernières saisons, nous avons gagné à nos débuts avec Valentino en 2004, dominé en 2005 et perdu en 2006 : étendre le contrat d'une année supplémentaire à la fin d'une saison aussi difficile que la dernière est la plus belle démonstration de la confiance que Valentino place en ce team".

Mais si cette information coupe court aux spéculations sur l'avenir de Valentino en WRC - voire en F1 -, elle entretient celles concernant son futur sponsor, toujours inconnu malgré de nombreuses rumeurs... Peut-être en saura-t-on davantage lors des prochains tests qui se dérouleront à Sepang la semaine prochaine en compagnie du team Tech3, des Kawasaki et du team Ilmor ? Restez connectés !

Meilleur tour en course : 1' 30.332 - Marco Melandri - Honda (2005)
Meilleur chrono : 1' 29.020 - Nicky Hayden - Honda (2006)