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INTERVIEW YVES KERLO
Paris, le 20 décembre 2012

Yves Kerlo, concepteur de la première moto électrique sportive française

Yves Kerlo, concepteur de la première moto électrique sportive française

Yves Kerlo est à l'origine d'un projet audacieux : construire et commercialiser la première moto sportive électrique française. Moto-Net.Com lui a demandé de revenir sur les tenants et les aboutissants de ce défi... survoltant ! Interview.

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En collaboration avec François-Xavier Huille, un industriel passionné de motos, Yves Kerlo a créé H-KER ("H" pour Huille et "KER" pour Kerlo) pour construire la première moto de vitesse électrique française, dont l'essai a déjà fait couler beaucoup d'octets parmi les lecteurs de Moto-Net.Com.

Soutenu par la Fédération française de motocyclisme (FFM), le projet va prochainement entrer dans sa phase de commercialisation avec la First, une séduisante sportive "à piles" construite autour d'un châssis de Yamaha YZF-R125.

Pour compléter notre prise de contact avec le prototype de H-KER (lire notre Essai de la Luciole), Yves Kerlo, le "papa" de la Luciole et de la First, revient sur la genèse de cet audacieux projet et sur ses objectifs.

Moto-Net.Com : A partir de quand et pour quelles raisons avez-vous eu l'idée de construire une moto de vitesse électrique ?
Yves Kerlo, directeur général et technique de H-KER : Il y a un peu plus de trois ans, un ami pilote en Challenge des Monos est venu me trouver car il souhaitait rouler sur une moto de course électrique avec un train avant "JBB" (lire encadré ci-contre).

Yves Kerlo en bref

Ancien pilote de vitesse, Yves Kerlo a contracté le virus de la course et de la mécanique moto dès son plus jeune âge. Doué de ses mains, il se tourne vers la conception et la préparation moto dans les années 70 et construit notamment plusieurs châssis performants. Bien plus tard, Yves Kerlo lancera aussi les premières "Junior Cup" en France. Son goût pour l'innovation et les solutions alternatives le conduit jusqu'à Jean-Bertrand Bruneau, le créateur de la fameuse suspension avant à triangles "JBB". Depuis 20 ans, Yves Kerlo est impliqué de près dans le développement de la Metiss, cette moto d'endurance à moteur Suzuki et à suspension JBB.

J'ai fait quelques recherches afin de déterminer la faisabilité du projet et pour me renseigner sur ce qu'il se faisait déjà en la matière... c'est-à-dire pas grand-chose ! Très rapidement, le pilote qui m'avait fait cette demande a laissé tomber le projet. Mais de mon côté, ma curiosité était piquée et je me suis pris de passion pour cette initiative qui suscitait déjà à l'époque beaucoup de réactions positives et de propositions de soutien, notamment de la FFM.

On a alors posé les bases techniques de notre projet, mais il nous manquait les finances pour le mettre en pratique. L'année précédente, j'avais fait la connaissance d'un industriel, François-Xavier Huille - qui était à l'époque vice-président de la chambre de commerce et d'industrie d'Eure-et-Loir - et je suis allé lui soumettre le projet pour qu'il m'aide réunir les moyens.

Comme le projet l'intéressait au plus haut point, il m'a proposé qu'on le concrétise ensemble : lui se chargerait de lever des fonds privés (environ 300 000 euros à ce jour, NDLR) et je m'occuperais de l'aspect technique. En novembre 2010, la société H-KER voyait le jour avec pour objectif de construire et de commercialiser la première moto de course électrique française.

M.-N.C. : Hormis le soutien de la FFM, qui vous a notamment fourni une Honda RS125, H-Ker n'a reçu aucune subvention publique. Est-ce un choix de votre part ?
Y. K. : Oui, nous n'avons fait aucune démarche dans ce sens pour plusieurs raisons. La première est que nous considérons que notre projet n'est pas "crédible" pour l'instant. De plus, nous estimons que solliciter des aides de l'État ne peut s'envisager qu'à partir du moment où notre projet génère de l'activité et de l'emploi. Monsieur Huille est très attaché à cet aspect.

H-KER First en bref

  • Châssis périmétrique issu d'une YZF-R125
  • Moteur triphasé Brusless de 26 kW (35,3 ch)
  • Batterie Li-Ion à gestion électronique de 120 Ah
  • Tension nominale de 65,7 V et maximale de 74,7 V
  • Contrôleur Sevcon Gen4 programmable (2 préréglages : "éco" ou "sport"
  • Transmission primaire par courroie
  • Transmission finale par chaîne
  • Jantes en 100/80/17 et 130/70/17
  • Empattement : 1355 mm
  • Poids annoncé : 150 kg
  • Prix : environ 20 000 € HT

M.-N.C. : Votre première moto "de série", la First, est prête à être commercialisée. A qui s'adresse-t-elle ?
Y. K. : Aux écoles de pilotages, aux propriétaires de circuits et même à des industriels qui ont envie de communiquer. Dans un premier temps, l'objectif est de faire connaître cette alternative qui apporte une solution aux contraintes environnementales et sonores que rencontrent certains circuits. Car avec la First, il est possible de rouler pendant midi ou même le soir sans gêner les riverains.

Néanmoins, à l'heure actuelle, notre projet ne doit être considéré que comme un complément pour les circuits : techniquement et économiquement, remplacer totalement le thermique par l'électrique est absolument impossible.

M.-N.C. : N'est-ce pas un peu restrictif de concevoir une moto électrique uniquement utilisable sur des circuits de vitesse ? Pourquoi ne pas étendre le concept au tout-terrain, où l'électrique a aussi des atouts à faire valoir ?
Y. K. : Certes, nous partons de loin et nous devons nous faire connaître. Les gens ne peuvent pas savoir s'ils ont envie de rouler sur une moto électrique de circuit car ils ne savent même pas que ça existe ! Concernant le tout-terrain, nous n'avons pas les compétences et il y a déjà beaucoup d'acteurs qualifiés dans cette catégorie. Nous sommes passionnés et qualifiés dans le domaine de la vitesse : restons dans notre champ de compétences !

M.-N.C. : Quels sont vos objectifs industriels ?
Y. K. : "Industriels", le terme est sans doute un peu fort. Il s'agit plutôt d'un gros artisanat. Nous visons une production de une à deux séries de dix modèles sur l'année 2013. La production de la première série démarrera en mai ou juin 2013. Nous avons déjà construit trois First et nous allons la mettre à disposition des personnes intéressées afin de faire connaître le projet.

M.-N.C. : Avez-vous prévu une commercialisation à l'étranger ?
Y. K. : Oui bien sûr, notre démarche dépassera les frontières. Nous avons déjà des contacts avec la Belgique, l'Angleterre et la Hollande.

M.-N.C. : Avez-vous tenté de vous rapprocher de certains constructeurs spécialisés dans la moto électrique afin de profiter de leur expérience ?
Y. K. : Effectivement, nous avons contacté Zero Motorcycles par exemple, mais ils sont plutôt orientés sur l'urbain et le tout-terrain. D'une manière générale, nous devons déjà montrer que nous existons, développer notre projet et ensuite nous pourrons aller à la rencontre des autres constructeurs. Cela fait partie de nos démarches à venir.

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