La table ronde intitulée Moto et sécurité routière : respect de soi, respect des autres, organisée hier par la DSCR avec une centaine d'intervenants, a accouché de 250 propositions dont 22 devraient être étudiées prochainement. Bilan.
Cantonnée il y a quelques années à un petit cercle de doux dingues s'obstinant dans leur coin à rouler sur deux roues, en dépit des lois les plus élémentaires de la physique, la moto intrigue de plus en plus les pouvoirs publics...
Aiguillonné par le "chantier national" défini par le président de la République et surfant sur la valeur numéro un de ce début de siècle - la sécurité -, le gouvernement s'évertue à intégrer dans sa réflexion cette frange croissante d'usagers de la route, dont le taux de tués "fausse" ses stats en diminuant moins vite que celui des automobilistes (lire Moto-Net du 18 mai 2004)...
A tel point que la Direction de la sécurité et de la circulation routière (DSCR), rattachée au ministère des transports, organisait hier une "Table ronde" intitulée, un peu comme ces prospectus distribués dans les collèges difficiles, "Respect de soi, respect des autres"...
Une centaine d'intervenants plus ou moins représentatifs du monde moto (FFMC, FFM, Moto Zen, Ligue contre la violence routière, Fondation Anne Cellier Junior, Préfecture de police de Paris, INRETS, CERTU, AXA, etc.), répartis en cinq ateliers, ont donc passé la matinée à cogiter dans un sous-sol de la Grande arche de la Défense. "Au sein de chaque atelier, on a tous pu émettre une série d'idées", nous explique l'un des intervenants. "Ensuite, comme à l'Eurovision, on a noté les meilleures propositions ! Chaque intervenant pouvait ainsi attribuer 4 points à la meilleure, 3 à la suivante, puis 2, puis 1". C'est ainsi que, dans l'atelier consacré à "l'équipement du motard et de sa moto", a soudain resurgi l'idée du contrôle technique pour les motos, proposée seulement par trois personnes mais bénéficiant d'un gros capital de points attribués par ces mêmes intervenants, alors que la majorité y était fermement opposée...
Le travail des cinq ateliers a ensuite été synthétisé par le délégué interministériel à la sécurité routière Rémy Heitz et présenté aux ministres des transports et des sports, qui verront "quelles retombées concrètes ils peuvent y apporter".
"J'ai bien conscience que cette synthèse est un peu un catalogue à la Prévert", a reconnu le délégué interministériel en exposant les 22 mesures jugées prioritaires, parmi lesquelles on retrouve la remontée de files (qui fera l'objet d'un "groupe de travail dans les prochaines semaines pour clarifier les règles concernant cette pratique", a promis Gilles de Robien), l'homologation des cyclos à 60 km/h au lieu de 45 (violent haussement de sourcils dudit ministre !), la baisse de la TVA à 5,5% sur les casques (réclamée depuis des années par la FFMC et aujourd'hui relayée par Moto Journal), la modification des permis auto et moto (pour mieux faire comprendre aux automobilistes les spécificités des motards et réciproquement), une meilleure prise en compte des deux-roues dans les aménagements urbains et territoriaux et la "nécessité d'engager une réflexion sur le contrôle technique moto" selon l'expression du ministre des transports...
A noter enfin l'accent mis sur l'ouverture des circuits, projet cher à Christophe Guyot qui présidait l'atelier "Une communication spécifique vers les motards" (lire Moto-Net du 12 mai 2004 et du 19 octobre 2002).
"Cinq circuits seront ouverts pendant la semaine de prévention routière au mois d'octobre" avec l'aide de l'Etat via le Fonds national de développement du sport (FNDS), a promis le ministre des sports Jean-François Lamour. "Nous verrons ensuite comment intégrer ce projet dans un calendrier annuel. Mais à partir de 2007 il faudra évaluer les retombées, notamment sur les jeunes motards, avant de pérenniser cette pratique. Car ça coûte très cher d'ouvrir les circuits et leurs gestionnaires ont des impératifs financiers".
"Vous avez eu beaucoup de courage de rester enfermés dans cette salle au lieu d'être dehors sur votre moto par ce beau temps !", a pour sa part conclu le ministre des transports Gilles de Robien en invitant les observateurs à "ne pas être sélectifs dans l'interprétation de cette journée et à ne pas se faire de procès d'intention. Rémy Heitz et son équipe vont maintenant s'attacher à examiner les 250 mesures, les mouliner et les mettre en oeuvre si elles sont applicables".
"Il faut également améliorer l'image du motard", a estimé le ministre des transports : "les motards doivent comprendre notre effort pour réhabiliter leur image, qui ne doit pas être ternie par le comportement de certains car ce serait aussi contre-productif qu'un ministre qui prône la sécurité routière et qui se fait prendre en excès de vitesse comme ça nous est arrivé ! (lire Moto-Net du 10 novembre 2003) Maintenant, avec la puce qui est sur ma Vel Satis, vous pouvez vérifier que je respecte les limitations !"
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