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C'EST PROUVÉ
Paris, le 10 novembre 2003

Le ridicule ne tue pas les ministres de l'intérieur

Le ridicule ne tue pas les ministres de l'intérieur

Après de longues années d'enquête, Moto-Net.Com est en mesure de révéler un scoop qui risque de changer la face du monde : le ridicule ne tue pas les ministres de l'intérieur. A moins qu'on ait, entre-temps, annoncé le décès soudain de Nicolas Sarkozy.

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Exclusif. Enorme. Abracadabrantesque. A côté du scoop que Moto-Net est en mesure de publier ce soir, l'annonce que Rossi signerait pour dix saisons d'affilée avec Lada ferait figure de pipi de chat.

Preuves à l'appui, nous sommes en effet en mesure d'apporter une réponse définitive à la question qui taraude les plus grands penseurs que la terre ait connus depuis que l'homme est en mesure de s'interroger, de Jean-Pierre Foucault à Roselyne Bachelot en passant par Florent Pagny et Jean-Claude Van Damme : le ridicule ne tue pas les ministres de l'intérieur ! Démonstration.

Les faits
Alors qu'ils se rendent à l'inauguration du premier radar automatique (lire Moto-Net du 28 octobre 2003), les ministres de l'intérieur et des transports se font prendre à leur propre piège par de vilains journalistes d'Auto Plus équipés de jumelles laser (à paraître demain). Bilan des courses : 103 km/h au lieu de 70 pour Nicolas Sarkozy et 98 au lieu de 70 pour Gilles de Robien.

Inauguration du premier radar automatique le 27 octobre 2003. Ils ne le savent pas encore, mais Nicolas Sarkozy et Gilles de Robien viennent de se faire piéger en excès de vitesse par des journalistes d'Auto Plus

Analyse
Pour amusante qu'elle soit, l'expérience n'a cependant rien de particulièrement surprenant : qui, aujourd'hui en France, roule à 70 km/h sur une deux fois deux voies toute droite, bien dégagée, au revêtement nickel et séparée par un muret central (voir photo), qui plus est dans une voiture puissante, flambant neuve et équipée de toute les dernières technologies modernes (Peugeot 607) ? Personne. Pas même le ministre de l'intérieur et des "libertés locales" (sic), c'est dire !

Mais il y a pire. Pour sa défense, Nicolas Sarkozy publie un communiqué de presse qui montre de manière particulièrement éclairante combien une politique de sécurité routière basée sur la répression aveugle de la vitesse est absurde.

Explication de texte
Quand toi, lecteur, tu te fais arrêter pour excès de vitesse, ton premier réflexe est de dire - si toutefois tu as la "chance" de trouver un flic pour t'entendre ! - que tu étais pressé et que ta vitesse n'était pas excessive au vu des circonstances. Eh bien Sarkozy, lui, tout pareil : "les menaces dues à ma fonction nécessitent qu'occasionnellement, certaines mesures particulières de sécurité soient prises". Sous entendu : j'avais le FLNC au cul, fallait que je trace pour arriver entier à La Ville-du-Bois. Ou variante "Salaire de la peur" : la Jamaa Islamiya avait piégé ma bagnole, en dessous de 100 km/h tout sautait !

Mais le ministre continue : "Dans ces circonstances, mon véhicule se déplace dans un environnement sécurisé, précédé de deux motards de la police nationale qui fixent l'allure du cortège". Sous entendu : c'est pas moi, c'est eux ! Sauf que quand toi, lecteur, tu décides de "fixer l'allure" de ton cortège, peu importe que l'environnement soit sécurisé ou pas : en clair, peu importe que ta route soit dégagée ou encombrée, que le revêtement soit nickel ou pourri, que la visibilité soit optimale ou que la nuit tombe, que tu circules en rase campagne ou près d'une école : la limite, c'est la limite !

Et Sarko de poursuivre : "Par ailleurs, les intersections du parcours font l'objet d'une surveillance particulière et, en l'espèce, étaient neutralisées". Ah ! Un peu comme toi, lecteur, quand tu approches d'un carrefour en respectant la priorité à droite (surveillance particulière) ou en t'arrêtant au feu (intersection neutralisée). Tout est une question de langage...

Bref, conclut le ministre, "mon déplacement s'est donc effectué conformément aux règles de sécurité". Exactement comme toi, lecteur, quand tu adaptes ta vitesse en fonction des circonstances et non en fonction des panneaux... Sauf que toi, lecteur, tu n'es pas ministre ! Enfin, pas tous...

En publiant cet argumentaire basé sur le fait qu'une vitesse adaptée aux circonstances n'est pas dangereuse en soi, même si elle représente un excès de vitesse par rapport à un panneau, Sarkozy reconnaît presque qu'il faudrait distinguer entre excès de vitesse et vitesse excessive. Ce qui, avec la multiplication des radars automatiques, est pourtant tout simplement exclu...

Bilan
Mais il y a - encore - pire. En demandant au bon peuple de respecter aveuglément des limitations si aberrantes que même lui ne les respecte pas, sous prétexte que c'est "bon pour la sécurité" - un peu comme il y a dix ans on faisait passer tout et n'importe quoi pourvu que ce soit "bon pour l'emploi", avec les brillants résultats que l'on connaît -, le gouvernement ne se couvre pas seulement de ridicule. Il scie lui-même consciencieusement - et consciemment - la branche sur laquelle il est assis, en piétinant allègrement les notions d'Etat, de loi, de collectivité publique, de vie en commun et, au final, de démocratie.

Un peu comme quand le premier d'entre eux, le tristement célèbre Gringo du Haut-Poitou, fait mine d'oublier que l'argent public est précisément celui qui appartient à tout le monde et qui doit profiter à tout le monde, en déclarant sans sourciller que "l'Etat doit arrêter de voler l'argent dans la poche des français"...

En résumé, le vrai problème n'est peut-être pas que deux ministres dépassent une limitation de vitesse aberrante, mais plutôt que l'on n'aborde jamais clairement la question de la responsabilité individuelle dans le choix d'une vitesse adaptée aux circonstances.

Car à force de discréditer la loi, la collectivité, le bien public et les règles de vie en société, en votant des textes si éloignés des réalités que même leurs auteurs ne se posent pas la question de savoir s'il faut les respecter - ou, lorsqu'ils sont pris la main dans le sac, parviennent parfaitement à justifier leur non respect - c'est la démocratie elle-même qui est dans le collimateur du pouvoir. Or, depuis un certain 21 avril de sinistre mémoire, on sait parfaitement où ça mène...

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