Pour lancer son nouveau pneu moto Angel ST, Pirelli a tenté des records de longévité sur un anneau de vitesse ! Sur place durant 24h marquées par la passion et le marketing à l'italienne, Moto-Net.Com a pu interviewer le big boss Pirelli.
L'Angel ST bat sept records du monde ! |
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Conviés en Italie du Sud pour essayer le tout nouveau pneu Sport-Touring Pirelli, l'Angel ST et son inédit dessin d'un ange qui cède la place à un démon au bout de 1000 km (lire Moto-Net.Com du 27 janvier 2009), des journalistes du monde entier ont pu assister à une démarche marketing originale, comme seuls les italiens savent (osent ?) les concocter !
Convaincu des qualités techniques et de l'endurance de ses dernières enveloppes, Pirelli a en effet décidé de monter l'Angel ST sur deux des motos les plus puissantes du segment "sport-tourisme " (Suzuki 1300 Hayabusa et Kawasaki 1400 GTR) afin d'établir des records du monde, homologués par la FIM, de longévité à haute vitesse sur l'anneau de Nardò, dans le sud de l'Italie. Objectif : parcourir un peu plus de 10 000 km en 24 heures avec un seul train d'Angel ST pour chaque moto, le tout à une moyenne de 230 km/h compteur (lire encadré ci-contre)... Forza !
Entre de fréquents coups d'oeil au bon déroulement des records et les courses Superbike au Qatar (lire Moto-Net.Com du 16 mars 2009) suivies avec ferveur sur un petit écran prévu à cet effet, le responsable mondial "moto" Pirelli, Guglielmo Fiocchi, a accepté de répondre à Moto-Net.Com sur la situation économique internationale et les ambitions du groupe Pirelli (dont Metzeler fait partie), ainsi que sur la genèse de l'Angel ST et son importance sur un marché Sport-Touring en pleine expansion.
Moto-Net.Com : Quelle est la position actuelle de Pirelli par rapport aux autres manufacturiers dans le monde, en Europe et en France ?
Guglielmo Fiocchi : La concurrence est tellement exacerbée avec les autres manufacturiers que nous ne souhaitons pas communiquer nos résultats par pays... Désolé, mais c'est top secret ! Par contre en Europe - tout en comme en Amérique du Sud -, le groupe Pirelli est n°1 et nous sommes deuxièmes derrière Dunlop en Amérique du Nord. Personnellement, je ne tiens pas compte du marché de l'Asie, de l'Indonésie et de la Malaisie, car ce sont des marchés presque exclusivement tournés vers les moins de 125 cc. Ce marché est pourtant gigantesque et nous en sommes conscients. Mais là-bas, le prix d'un pneu est ridiculement bas et dans ces conditions, la qualité ne peut pas suivre, ce qui va à l'encontre de notre philosophie.
M.-N.C. : La crise actuelle, qui affecte les ventes de motos neuves dans le monde, a-t-elle des répercussions directes sur Pirelli, ou le marché de la seconde monte permet-il de limiter son impact ?
G. F. : C'est évident que le contexte est tendu mais il est encore trop tôt pour se prononcer, car janvier et février ne sont pas des mois propices aux ventes de pneumatiques. Cela étant, en 2008, le groupe Pirelli est le seul parmi les grands manufacturiers à avoir vu son chiffre d'affaires augmenter. Nous avons écoulé près de 12 millions de pneus de route à travers le monde, majoritairement en seconde monte bien entendu ! Le marché du remplacement est bien plus important pour un manufacturier que celui de la première monte. Or je pense qu'en 2009, les volumes du marché de la seconde monte seront peu ou prou équivalent à ceux de 2008.
M.-N.C. : Quelles sont aujourd'hui les attentes provenant des usagers concernant les pneumatiques ? La tendance est-elle au sport, au tourisme, à la durée de vie du produit ?
G. F. : Je crois qu'en 2009, les tendances iront vers la polyvalence : des motos et des pneus avec lesquels tu peux faire ce que tu veux, au gré de tes envies. Les segments spécifiques comme les pneus "racing" vont persister mais n'augmenteront pas. Les clients se tournent de plus en plus vers le Sport-Touring, comme notre Angel ST. Ce marché a connu un essor important ces cinq dernières années et il représente aujourd'hui 20% des ventes de seconde monte. De la même façon, la demande concernant les pneus destinés aux trails routiers - comme la BMW 1200 GS, la Honda Varadero, la Suzuki V-Strom, etc. - continue d'augmenter, même si ces motos (et donc ces pneus) ne sont plus véritablement tout-terrains. L'utilisateur moyen roule sur route toute l'année, mais il souhaite pouvoir faire une brève excursion dans un chemin roulant avec sa moto. Enfin, la demande est grandissante sur le segment des scooters, notamment en France, tant le nombre de personnes qui se rendent au travail en deux-roues est important aujourd'hui.
M.-N.C. : Le transfert de technologies issues de la compétition (World Superbike par exemple) est-il une réalité sur les pneus du commerce, ou n'est-ce qu'un argument marketing ?
G. F. : Ah non, ce n'est certainement pas qu'une démarche marketing ! La compétition est profondément ancrée dans l'esprit de Pirelli et nous choisissons toujours de nous engager dans des disciplines qui peuvent avoir un impact direct sur notre production destinée à nos clients. La connexion avec la course est bien entendu très forte entre des pneus montés sur des sportives de route, mais aussi sur des pneus Enduro qui profitent de notre implication dans de grands épreuves comme le Dakar ou le Touquet que nous venons de remporter. Et même les pneus destinés à un usage "route" profitent pleinement de nos recherches : l'EPT (Enhanced Patch Technology), par exemple, a été développé en World Superbike pour augmenter la surface de gomme au sol sur l'angle et on le retrouve aujourd'hui sur notre Angel ST. En Superbike, sur les 40 nouvelles solutions techniques développées cette saison pour nos pilotes, nous en retiendrons deux pour les pneus du commerce en 2010.
M.-N.C. : Est-il possible, dans le futur, de concevoir et de produire un pneu encore plus polyvalent qu'un Sport-Touring ? Un pneu qui aurait du grip dans toutes les conditions et qui permettrait quelques incursions sur circuit, tout en présentant une durée de vie satisfaisante ?
G. F. : Non, ça ne sera jamais réellement possible car la moto est un véhicule avec un panel de demandes très spécifiques. Une Supersport aura toujours des besoins très différents, tournés presque exclusivement vers la performance, alors que des GT ont besoin de stabilité, de kilométrage, de facilité et de sûreté de pilotage. Néanmoins, nous sommes conscients du fait que cette demande de polyvalence est de plus en plus grande. Avec l'Angel ST, par exemple, nous nous sommes efforcés de le rendre aussi endurant que le Diablo Strada, mais aussi plus sportif et sécurisant dans toutes les conditions, permettant ainsi de pouvoir "jouer" avec sa moto dès que l'occasion ou l'envie se présente ! En prime, le prix d'un train sera inférieur à celui du Strada !
M.-N.C. : Concernant l'Angel ST justement, cette nouvelle cosmétique - avec ce dessin d'un ange qui cède petit à petit la place à un démon - correspond-elle à une demande des clients ou à une initiative Pirelli ?
G. F. : C'est effectivement une invention de notre département marketing, afin de souligner visuellement la polyvalence de notre pneu : tu as l'ange qui veille sur toi dans toutes les conditions et aussi le démon - symbole de la sportivité propre aux produits Pirelli - réunis dans le même pneu ! Néanmoins, tu as aussi la longévité demandée à ce type de produit (environ 15 000 km avec un 600 Naked et 9 000 km avec une grosse Sport-GT), comme le démontrent les records du monde que nous avons établis ce week-end !
A suivre très prochainement sur Moto-Net.Com : l'essai complet du nouveau Pirelli Angel ST... Restez connectés !
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