Comme les autres, Honda tente de sortir de la crise : lors de son discours de fin d'exercice, le PDG Takeo Fukui a indiqué qu'il capitalisait sur la moto, les véhicules hybrides et la commercialisation d'une moto électrique pour assurer sa croissance.
Économique, médiatique, politique : la crise est partout et ses effets se font de plus en plus ressentir à l'approche des fêtes. Les annonces de licenciements, de chiffres d'affaires en berne - voire carrément de mises en faillite - sont désormais légion. Et les constructeurs auto et moto tentent aujourd'hui d'ajuster leurs positions, quitte à en rajouter une louche dans la "dramatisation" pour inciter les autorités publiques à mettre en place des aides.
Premier secteur concerné, les ventes de voitures sont au point mort : une situation qui a notamment conduit les hauts pontes japonais à revoir à la baisse les budgets sportifs, à commencer par un arrêt pur et simple de l'emblématique championnat de Formule 1.
Certes, les 500 millions de dollars annuels économisés ne sont pas à prendre à la légère en ces temps tourmentés, mais l'on ne peut s'empêcher de s'interroger sur les implications d'un tel revirement lorsqu'il provient du premier constructeur mondial de deux-roues - Toyota chez les quatre roues.
Dans le petit monde de la moto, si Honda consent à de telles coupes franches dans la vitrine mondiale du quatre-roues, que doit craindre le HRC, le bras armé du sport moto du géant japonais ? Rassurant ses troupes, Honda a confirmé l'engament de ses six RCV212 en MotoGP la saison prochaine, mais en précisant toutefois que chacun devra être attentif aux dépenses...
Une remarque qui n'augure rien de bon pour les équipes satellites du premier constructeur, dont le team LCR de Randy de Puniet. D'autant que depuis, le HRC s'est vu retirer son budget pour le Superbike Américain, un championnat où la présence est souvent considérée comme capitale en terme de retombées par la plupart des constructeurs !
Dans ce contexte, les prévisions - même exagérément alarmistes - du président du groupe Honda, Takeo Fukui, lors de son récent bilan de fin d'année, mérite réflexion.
Honda menace de déplacer son siège social hors du Japon !
Certainement peu accoutumé à une situation aussi préoccupante, le CEO de Honda s'est cependant rendu à l'évidence lors de son discours : "le marché mondial des véhicules, particulièrement celui des automobiles, se contracte rapidement et cela s'aggrave de jour en jour", débute ainsi Takeo Fukui dans sa déclaration officielle.
Regrettant le manque d'implications de la part du gouvernement japonais - une perche tendue bien haut ! - , le président a listé une impressionnante série de projets repoussés, dont des ouvertures d'usines et des lancements de certains modèles tels l'Acura Luxe. Outre la chute des ventes de véhicules, Honda subit durement, comme toutes les firmes exportatrices nippones, l'impressionnante hausse du yen, elle-même consécutive à la crise.
Une situation qui pourrait même contraindre son dirigeant "à déplacer des sites de R&D à l'étranger et, dans le cas le plus extrême, déplacer notre siège social hors du pays. Cela créerait rien moins qu'un trou dans l'industrie japonaise", rapportent aujourd'hui nos confrères du journal Le Point.
Mais la réalité des chiffres rattrape inexorablement le constructeur nippon : alors que ses dirigeants pensaient, en début d'exercice, pouvoir vendre quatre millions de voitures dans le monde d'avril 2008 à mars 2009, les objectifs sont sérieusement revus à la baisse, tout comme les projections de bénéfices.
Estimés à 485 milliards de yens en octobre, le bénéfice net annuel est aujourd'hui sérieusement révisé et devrait se situer aux alentours des 185 milliards de yens (1,5 milliard d'euros), soit une baisse de 300 milliards de yens.
Contrer les fluctuations du pétrole grâce aux véhicules électriques
Pour tenter de sortir de cette mauvaise passe, le président Takeo Fukui compte notamment sur la production moto et estime nécessaire de s'impliquer plus que jamais dans le création et la commercialisation de véhicules hybrides et électriques, ce dernier moyen de propulsion étant notamment retenu dans le développement d'un deux-roues dont le lancement est officiellement prévu dans deux ans.
"Il faut trouver le moyen de réduire autant que faire se peut les conséquences néfastes sur les ventes de voitures des très amples variations des cours des hydrocarbures, afin de nous garantir une croissance durable", indique ainsi le CEO du groupe Honda. L'occasion d'annoncer un partenariat avec GS Yuasa Corporation, dans le but d'élaborer de nouvelles batteries lithium-ion spécifiquement pour ce type de véhicules.
"Honda est en train de développer une batterie électrique réservée aux motos, car les caractéristiques d'une batterie peuvent être mieux valorisées en deux-roues qui sont souvent utilisées pour des trajets de courtes distances", annonce le président.
Outre une très actuelle prise de conscience écologique, Honda justifie aussi son choix de par la réelle demande des clients envers des machines à faible consommation, notamment en environnement urbain. Qui plus est, le constructeur voit là un moyen tout indiqué pour se servir du deux-roues pour se remettre en selle : "l'histoire montre que le marché moto reste fort dans un environnement de marché délicat et cela a toujours aidé Honda dans les moments difficiles", rappelle en effet Takeo Fukui. "Dans les régions comme l'Asie et l'Amérique du Sud, où les motos sont utilisés pour le transport de tous les jours, la croissance du marché perdure en dépit de certains facteurs externes comme l'évolution de la situation économique".
Le deux-roues représenterait-il la planche de salut du géant japonais ? Il est sans doute trop tôt pour l'affirmer, et encore plus pour s'inquiéter de la pérennité d'un manufacturier fort de 60 ans d'existence : l'heure est à la cogitation et à la remise en question, deux domaines où Honda a déjà prouvé son efficacité. Des affres de la crise naîtront-elles les solutions techniques de demain ? Restez connectés !
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