• L'essentiel
  • -
  • En savoir plus...
RAPPORT GUYOT
Paris, le 11 février 2013

Les gants de moto pourraient devenir rapidement obligatoires

Les gants de moto pourraient devenir rapidement obligatoires

Dans un rapport très bien documenté sur la sécurité des utilisateurs de deux-roues motorisés, le préfet Régis Guyot recommande l'obligation de porter des gants qui serait la première étape vers le port obligatoire d'un équipement adapté. Explications.

Imprimer

En même temps que ses recommandations sur la circulation inter-files (lire MNC du 2013 : le CNSR devrait autoriser la circulation inter-files... dans certains cas), le préfet Régis Guyot, mandaté par l'ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant pour améliorer la sécurité des deux-roues motorisés, a publié un rapport (PDF 15 Mo) sur "les équipements de protection individuelle (EPI) des utilisateurs de deux-roues motorisés" (lire notre Dossier spécial EPI : le point sur les normes des équipements moto et scooter).

Le coût des blessés pour la collectivité

Le rapport Guyot estime à "1,7 milliard d'euros par an" le coût des blessés (graves et légers) en deux-roues motorisés (519 millions d'euros pour les blessés utilisateurs d'un 50 cm3 et 1,1 milliard d'euros pour les blessés utilisateurs d'un deux-roues de plus de 51 cm3).

Extrêmement bien documenté et particulièrement instructif, ce document de 120 pages réalisé en collaboration avec les principaux acteurs du deux-roues motorisé (associations, assureurs, moto-taxis, médecins, etc.) évoque plusieurs pistes pour réduire l'accidentalité des motards, scootéristes et cyclomotoristes, dont le coût pour la société est évalué à 1,7 milliards d'euros par an rien que pour les blessés.

"Le contrôle du respect de cette obligation est très aisé"

Parmi ces propositions figure, comme en Belgique, la volonté de "rendre rapidement obligatoire le port de gants moto"...

Le rapport constate en effet "qu'au-delà de la qualité de leur conduite et des dispositifs modernes de freinage, seuls des équipements de protection individuelle portés sur eux sont susceptibles, sinon de leur sauver souvent la vie, du moins d'atténuer les conséquences corporelles, y compris à long termes, de leurs accidents".

Les motards mieux protégés que les scootéristes

Le rapport Guyot recommande "d'affiner la connaissance des utilisateurs de deux-roues motorisés" afin de "distinguer systématiquement les scootéristes des cyclomotoristes et des motards" dans les données d'accidentalité.

"Malgré l'absence d'étude spécifique approfondie sur les taux de port des différents équipements de protection individuelle, le rapprochement des données concernant respectivement les "utilisateurs de deux-roues motorisés" et les seuls "motards" fait ressortir que si ces derniers sont incontestablement les plus ou les mieux équipés, les cyclomotoristes et scootéristes le sont peu ou mal", note le préfet Guyot.

"Compte tenu du port insuffisant de ces équipements, cette problématique constitue un véritable gisement de sécurité routière. Le fait qu'il soit difficile de quantifier les gains à attendre d'un port systématique en termes de lésions évitées ou atténuées pour les trois catégories d'utilisateurs de deux-roues motorisés, ne doit pas empêcher de s'y attaquer".

"Tout au long de ses travaux, le groupe de travail s'est efforcé de prendre en compte spécifiquement chacune des trois grandes catégories d'usagers de deux-roues motorisés - motards, scootéristes et cyclomotoristes -, car les caractéristiques de leurs véhicules et l'usage qu'ils en font, donc leurs besoins objectifs de protection, mais aussi leurs psychologies et leurs critères de choix, diffèrent sensiblement et qu'il faut leur offrir des équipements aux caractéristiques différentes si l'on veut favoriser le port d'équipements adaptés à leurs besoins".

"Dans ces conditions", poursuit le préfet, "on pourrait s'attendre à ce que les conducteurs et passagers de deux-roues motorisés soient systématiquement et bien équipés. Or la réalité est bien différente. Hormis les motards, dont le rapport à leur véhicule et sa connaissance, l'usage qu'ils en font, les vitesses qu'ils peuvent atteindre, les ont conduits très majoritairement à s'équiper de mieux en mieux, les autres usagers, en particulier scootéristes et motards urbains, paraissent - à part le casque, obligatoire - peu équipés".

Ainsi, "au-delà d'évolutions comportementales toujours lentes à intervenir, le port d'équipements de protection individuelle adaptés constitue un vrai gisement de sécurité routière pour les utilisateurs de deux-roues motorisés, les scootéristes et cyclomotoristes tout particulièrement, dont le niveau d'équipement est très faible".

Outre l'aspect obligatoire (le casque), le rapport Guyot liste cinq critères qui semblent entrer en ligne de compte pour le port d'un équipement : "l'utilité ressentie, la fonctionnalité, l'esthétique, la visibilité et le coût".

Or les gants réunissent justement tous ces critères : "faciles à utiliser et à ranger, ressentis comme utiles par une large majorité d'utilisateurs de deux-roues motorisés, de plus en plus esthétiques et d'un coût modeste, ces équipements ont atteint un niveau de port très majoritaire. Il n'y a donc aucune raison d'attendre pour en généraliser le port", estime le rapport, d'autant plus que "le contrôle du respect de cette obligation est très aisé".

Blouson, protection dorsale, gilet airbag et chaussures montantes bientôt obligatoires ?

Il s'agirait de la "première étape" d'une progression dans le port d'équipements de protection, dont les étapes suivantes pourraient successivement concerner :

  • les blousons, vestes ou gilets légers (tous utilisateurs sauf ceux conduisant des motos de plus de 125 cm3)
  • les protections dorsales et lombaires (utilisateurs de motos de plus de 125 cm puis utilisateurs de scooters de plus de 50 cm3)
  • les blousons, vestes ou gilets airbag (utilisateurs de motos de plus 125 cm3)
  • les chaussures montantes ou semi-montantes (utilisateurs de motos, puis de scooters, de plus de 125 cm)

"On pourrait poser le principe de progression suivant", suggère le rapport : "lorsque le port d'un équipement aura atteint un niveau très majoritaire (65 à 70% par exemple), à la suite de campagnes conduites en partenariat étroit avec les acteurs, on passerait à la généralisation obligatoire".

Campagne nationale et semi-remorque d'information

Parmi les autres mesures recommandées par le rapport Guyot sur les EPI, notons la mise en place d'une "campagne nationale de communication sur l'ensemble des équipements de protection individuelle, en partenariat avec les associations d'usagers et de consommateurs, les fabricants, les assureurs et les mutuelles".

La Sécurité routière pourrait aussi acheter "un semi-remorque aménageable pour réaliser chaque année un tour de France destiné à informer et sensibiliser nos concitoyens sur l'insécurité routière, dont le premier pourrait porter sur les EPI. Le coût annuel d'un tel dispositif équivaudrait au coût sanitaire de deux utilisateurs de deux-roues motorisés handicapés lourds épargnés", précise le rapport.

Le préfet souhaite aussi que les utilisateurs soient davantage incités à porter des EPI en multipliant les formules d'achat combiné "véhicule + EPI", en demandant aux assureurs de négocier avec les fabricants des remises à destination de leurs adhérents ou en remboursant systématiquement les équipements dotés d'un marquage CE et de leurs composants (capteurs et cartouches de gaz des blousons airbag par exemple) après accident.

Autant de pistes qui devront être examinées lors d'un prochain Conseil national de sécurité routière (CNSR), à suivre de près sur MNC. Restez connectés !

.

.

Commentaires

Bestof: 
1
Lectures: 
0
c'est marrant, le raisonnement entre cout et economies pour les gants, ils ne l'utilisent pas pour imposer le doublement des glissières. Et puisque c'est "rentable", j'en déduis donc que la Sécurité Routière va nous offrir à tous une paire de gants. Cool.

Ajouter un commentaire

Identifiez-vous pour publier un commentaire.

.

A lire aussi sur le Journal moto du Net

La Yamaha n°1 en pole des 24H Motos 2024, la Honda n°55 en tête des STK

Auteur d'un nouveau record du tour sur le circuit Bugatti, Nicolo Canepa hisse avec Karel Hanika la R1 du YART en tête de la grille de départ des 24 Heures Motos 2024 ! Les champions devancent le SERT et la Honda officielle. Une autre Fireblade, la 55 de National Motos, devance la BMW Tecmas et la Honda RAC41 en catégorie Superstock. Chronos !
Manifestations contrôle technique : forte mobilisation contre le CT2RM

Plusieurs dizaines milliers de motards - 38 000 selon le ministère de l'intérieur - ont participé aux manifestations de la Fédération française des motards en colère (FFMC) contre le contrôle technique moto et scooter, qui est officiellement entré en vigueur ce lundi 15 avril.
Essai Metzeler Roadtec 02 : le pneu supersport-GT

Capacités sportives et qualités routières : voilà le délicat compromis auquel propose de répondre le nouveau pneu Metzeler Roadtec 02 et son intrigante bande de roulement décrite comme adaptative. Moto-Net.Com l'a testé sur plusieurs types de motos pour vérifier si les promesses sont tenues. Essai complet, vidéo incluse.
Dunlop veut briller ce week-end aux 24 Heures Motos 2024 !

Le championnat du monde d'Endurance 2024 débute ce week-end avec les 24 Heures Motos au Mans. Fournisseur unique du plateau Superstock, le manufacturier britannique Dunlop - et son usine française ! - vise aussi la victoire en catégorie reine EWC avec deux machines de pointe : la BMW n°37 et la Yamaha n°99.
Pourquoi Fabio Quartararo resigne avec Yamaha jusqu'en 2026 ?

La décision de Fabio Quartararo de prolonger chez Yamaha deux saisons supplémentaires interpelle au regard du manque de compétitivité de la M1. Le niçois de 24 ans s'en explique par les moyens déployés pour revenir au sommet du MotoGP, tandis qu'Aprilia ne lui aurait pas fait d'offre…
MotoGP 2024 8 commentaires
  • En savoir plus...