La BT 550 Superleggera est le nouveau projet de Tucson, la marque française développée avec passion et détermination par Jean François Robert et son équipe. Avec un mot d'ordre : la légèreté d'une moto conditionne à la fois le plaisir et la performance...
Pour Jean-François Robert, le postulat de base de la moto ultime est simple : légèreté et vivacité pour passer fort en courbes, alliée à un motorisation modeste mais expressive qui compense son déficit de puissance ou de cylindrée par le poids plume de l'ensemble et un aérodynamique étudié.
C'est pourquoi dès les années 90, cet ingénieur - reconverti des circuits de vitesse - s'est attelé à la conception d'un "mono sportif proche d'une 250 de GP" : la Tucson Véga 501, destinée à participer à un championnat naissant en Europe, le SOS (Sound Of Singles), et éventuellement à une commercialisation au Japon, pays à l'attrait prononcé pour les "machines exotiques".
Déposée à l'INPI (Institut national de la propriété industrielle) en 1994, la marque Tucson (jeu de mots entre la ville de l'Arizona, aux Etats-Unis, et Thruxton, le circuit anglais qui a donné son nom à une célèbre vélocette monocylindre), engage son prototype de seulement 95 kg en ordre de marche (!), avec au guidon le talentueux Bertrand Sébileau. Résultats : dès la première course, une victoire et une belle deuxième place sur l'exigeant circuit d'Assen !
Pourtant, malgré tout le potentiel de la machine et la reconnaissance flatteuse des autres équipes, le projet ne trouvera pas de financement suffisant pour décoller réellement : après plusieurs évolutions - d'abord la Véga 601 avec un moteur Husaberg de 600 cc, puis la Véga 636 équipée d'un mono Rotax, développant 84 ch pour 112 kg tous pleins faits ! -, l'enseigne imagine un concept utilisant un moteur bicylindre, le mono étant clairement en perte de vitesse et de notoriété.
C'est ainsi que dès 2005, la Véloce au moteur Suzuki SV 650 fait ses premiers tours de roues et marque encore une fois les esprits par son cadre de seulement 3,7 kg et son poids total de 170 kg (soit 20 de moins qu'une SV !) : prototype unique, la Tucson Véloce 650 n°00 est d'ailleurs mis aux enchères sur Ebay afin de subventionner le dernier projet du team : la BT 550 Superleggera.
"Avec cette nouvelle moto, notre objectif est de démontrer que le rapport poids puissance ne fait pas tout et qu'il est possible d'être compétitif avec une moto certes moins puissante, mais fine et légère", explique Tucson.
C'est en voyant que les GP 250 d'aujourd'hui tournent dans des chronos proches des 500 2-temps de GP que l'idée d'élaborer cette 550 Superleggera surgit : un twin ultra léger dans une partie cycle affûtée, bénéficiant de toute l'expérience et du savoir faire engrangé par Jean-françois et ses partenaires.
Le but avoué ? S'engager en catégorie Top Twin, qui se déroule en marge du championnat de France Superbike, pour aller chatouiller les références de la catégorie à la cylindrée pourtant jusqu'à deux fois supérieures !
Ainsi, l'équipe compte sur les performances du V2 550 Aprilia de 34 kg seulement pour battre les chronos établis par la Ducati 1098R ou la Buell 1125R, essayée récemment par Moto-Net.Com (lire Moto-Net.Com du 21 avril 2008) !
Si le pari peut sembler ambitieux, Jean-François Robert étaye son point de vue en rappelant qu'au Mans, pour la première manche du championnat, la 125 KTM de Jonas Folger (qui participe à la MotoGP Academy) a réalisé la pole en 1'47.260, contre 1'47.622 pour la 1098R (qui cube en réalité 1198 cc) de Louis Bulle.
Pour l'ingénieur, l'agilité grandement supérieur de la 125, sa capacité à rentrer plus vite en courbe et à passer plus rapidement au point de corde compense le manque de vitesse de pointe et d'accélération, par rapport à une machine de plus grosse cylindrée.
Si le raisonnement semble parfaitement logique, il est toutefois à prendre avec certaines précautions : la machine de Jonas est ultra affûtée alors que les Ducati et autres Buell manquent encore de recul et de préparation : ainsi, la 1098R du DERT (Ducati Endurance Racing Team), engagée en catégorie Open lors des dernières 24H du Mans Moto, a réalisé un chrono de 1'43.500 en course (lire notre Dossier spécial 24H du Mans 2008).
Consciente du défi à relever, l'équipe s'est trouvée un autre allié de choix dans cette chasse aux idées reçues, puisque la BT 550 Superleggera se verra équipée de pneus Bridgestone, qui a accepté de fournir au projet ses anciennes gommes de GP 125 !
"Les pneumatiques sont l'autre pierre angulaire de notre projet", révèle Jean-François Robert : "avec des pneus étroits, nous pouvons resserrer les pieds du pilote, ce qui réduit la surface frontale et donc la traînée aérodynamique. Mais ce n'est pas tout : plus légers, ils réduisent la masse non suspendue et l'effet gyroscopique. Montés sur des jantes étroites et légères elles aussi, ils favorisent la maniabilité et améliorent l'accélération de la moto, tout comme son freinage".
Bref, un dernier atout majeur pour cette machine dessinée par Yann Bakonyi, qui devrait effectuer ses premiers tours de roues d'ici six mois : à suivre, car selon ses créateurs, l'explosif moteur Aprilia (lire Moto-Net.Com 22 janvier 2008) n'aurait que 100 kg à tracter !
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