Avec son titre volontairement choquant, la nouvelle campagne de la Prévention routière va-t-elle réellement permettre de sensibiliser les jeunes utilisateurs de scooters aux règles de prudence... ou les décourager à jamais d'utiliser un deux-roues ?
"Le scooter pour moi c'est un cercueil ambulant"... "Si je pouvais rendre ses pattes à mon fils"... "Mon cerveau a rebondi dans la boîte crânienne"... "J'ai rebondi dans les 3 voitures d'en face"... "Y a pas que la liberté et l'indépendance, y a la mort aussi"...
Première cause de mortalité sur la route chez les 14/17 ans |
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Avec des phrases de ce type, parsemées de photos plus ou moins trash et de courts témoignages vidéos (interdits aux moins de 14 ans) de huit jeunes blessés, de leurs proches et du personnel médical qui les a suivis, l'association Prévention routière et la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA) ont lancé ce matin à Paris la seconde édition de leur campagne destinée aux jeunes utilisateurs de scooters (lire Moto-Net.Com du 31 octobre 2008 : la Prévention routière communique auprès des jeunes cyclomotoristes).
L'objectif, louable, est de "sensibiliser de nouveau les jeunes usagers de cyclomoteurs aux risques liés à la conduite d’un cyclomoteur, combattre leur sentiment d'invulnérabilité et les confronter à la réalité".
En réalité, avec son titre "Mortel Scooter" basé sur un raccourci volontairement violent, cette campagne destinée "en particulier aux garçons de 14 à 18 ans" et "aux parents des adolescents concernés" tend étrangement à assimiler le scooter à une arme mortelle. A tel point qu'on peut se demander si elle ne risque pas, plutôt que de responsabiliser les jeunes en les incitant à la prudence et au bon sens, de les décourager à tout jamais d'enfourcher un deux-roues motorisés...
Mortel : "qui cause la mort" |
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Interrogées à ce sujet par Moto-Net.Com, la Prévention routière et la FFSA estiment qu'elles "n'assimilent pas le scooter à "une arme mortelle". Il s'avère que nous considérons la pratique du cyclomoteur comme dangereuse (les chiffres le montrent) et cherchons au contraire à travers cette campagne à alerter les conducteurs de cyclo, leurs parents ainsi que les autres usagers des différents dangers de cette pratique. L'objectif n'est pas de les culpabiliser, ni de les stigmatiser mais plutôt de responsabiliser à la fois conducteurs de cyclo, parents et autres usagers de la route".
La Prévention routière propose par ailleurs aux parents d'ados d'instaurer un "contrat moral" plutôt intéressant : "nous incitons fortement par exemple les parents dont l'enfant a un cyclo à établir avec lui un contrat moral", précise l'association à Moto-Net.Com. "En échange de l'achat d'un cyclomoteur, l'adolescent s'engage à respecter un certain nombre de règles. Plus qu'une série d’interdictions, conclure un contrat moral avec l'adolescent permettra de le responsabiliser et de lui montrer qu'il est digne de confiance".
Rappelons tout de même une évidence : cher ami djeunz, si tu passes par là, saches que non, le scooter n'est pas mortel ! Pas plus que ne le sont les motos, les voitures, les trains, les avions, les fusils de chasse, les consoles Wii ou les ours en peluche. Ce qui peut éventuellement s'avérer mortel au sens propre du terme, c'est l'accident. Point barre. Et lorsqu'un scooter est qualifié de "mortel", c'est uniquement au figuré, en langage djeunz, dans le sens admiratif : "eh Kevin, parole il est trop mortel ton scoot' !"...
BSR à points et contrôle technique |
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En outre, contrairement aux idées reçues abondamment relayées par les médias généralistes, le gouvernement et les associations de victimes, l'accident n'est pas une fatalité : on peut parfaitement, sinon les maîtriser totalement, du moins en minimiser considérablement les risques avec quelques règles de prudence et de bon sens : faire preuve d'une vigilance de tous les instants, surveiller ce qui se passe devant, derrière et sur les côtés, clignoter, anticiper, prévoir les ouvertures intempestives de portières et autres déboîtements soudains, ralentir avant de franchir une intersection même lorsque le feu est vert, porter (correctement) un (vrai) casque, se protéger avec de vrais vêtements et de vraies chaussures, rouler sur un véhicule en bon état de fonctionnement (freinage, éclairage, pneus...), adapter sa vitesse aux conditions extérieures (circulation, météo, revêtement...) et intérieures (fatigue, stress, maladie...), etc.
Il s'agit donc en résumé, ami djeunz, de se comporter comme l'Homme invisible himself dès que tu boucles ton casque et que tu démarres ton scoot' : personne ne te voit, c'est donc à toi de faire attention à tout. Alors oui le scooter est risqué, oui conduire un deux-roues peut-être dangereux, mais non le scooter n'est pas mortel... Bonne et longue route !
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