Moto-Net s'est infiltré chez les djeunz du Team 6ème Avenue à l'occasion de la Junior Cup : pour le plaisir de la compétition avec des champions en herbe, et pour aller à la rencontre d'un team pas comme les autres. Découverte.
Mise sur pied par la Fédération française de motocyclisme (FFM) il y a sept ans pour faire éclore les jeunes talents qui brilleront peut-être demain en Grand Prix, la Junior Cup est un peu le jardin d’enfants de la compétition de vitesse : dès 14 ans - et c’est déjà tard par rapport à nos voisins italiens et espagnols -, elle met en piste quelques dizaines de gamins pour un championnat sur neuf épreuves dans le cadre du championnat Promosport. Pour limiter le coût et égaliser les chances, les motos sont toutes identiques et seul un minimum de modifications est effectué.
La Junior Cup s’est d'abord courue sur des Honda CG 125, puis sur des Kymco 125 et depuis deux ans ce sont des Honda 125 CBR, monocylindres 4-temps, 12 ou 13 chevaux maxi. Seules modifications admises : le carénage, les pneus, les pots d'échappement et les platines de repose-pieds.
La formule est économique et sert surtout à apprendre les bases de la compétition afin de détecter les talents prometteurs.
La Junior Cup entre dans le dispositif mis en place par la FFM pour amener des pilotes français au plus haut niveau : deuxième étape après la Mini Bike Academy (réservée aux minots de 8 à 14 ans), elle peut ouvrir les portes du Team FFM Honda Grand Prix 125 cc, qui accueillera de jeunes pilotes parmi les plus pointus, capables de se mesurer aux furieux des GP 125. Le jardin d’enfants, ça peut mener loin ! La Junior Cup donne aux jeunes l'opportunité de faire leurs preuves, de montrer leur potentiel et de continuer à progresser ensuite dans une autre structure : Promosport, championnat national Open et pourquoi pas international.
Jardin d'enfants, peut-être... mais qu’on ne s’imagine pas que la Junior Cup est une compétition pour rire ! Ces jeunes pilotes sont capables de s'empoigner comme des furieux sur la piste avec un acharnement qui n'a rien à envier à leurs aînés ! A chaque virage, c'est la guerre...
Et ça fonctionne plutôt bien, puisque l'on compte parmi les anciens de la Junior Cup des pilotes comme Sylvain Guintoli, Hugo Marchand, Erwann Nigon, Jules Cluzel, Yann Lussiana, Guillaume Dietrich ou Pierrot Lerat-Vanstaen...
Un team pas comme les autres
Le Team 6ème Avenue est une structure unique en son genre sur les paddocks. Le team fournit l'équipement et la moto pour la saison.
Olivier veille aux entraînements, au pilotage et à la tactique, Thierry surveille la condition physique, Catherine gère la condition mentale, les chronos et l'administratif, José et Pascal sont à la mécanique et Serge s’occupe de la communication. Quant à Michel Vaugelade, il veille à tout ce qu'il faut encore gérer : le budget, la chasse aux sponsors, la logistique, les transports, les contacts avec les parents et les professeurs de lycée.
A 6ème Avenue, les jeunes poulains ne sont pas que des pilotes mais d'abord des enfants. Pour Michel, la compétition c'est l'école de la vie : il ne s'est pas donné pour seul but d'essayer de faire éclore de jeunes talents, il veille aussi à ce que les enfants évoluent et grandissent dans les bonnes directions, pas seulement sur la piste mais aussi dans le paddock, dans leurs études et dans leur comportement quotidien : "un enfant qui a des problèmes personnels ou à l'école, qui ne se sent pas bien, qui n'est pas correct avec les autres, c'est un signal d'alarme", explique-t-il. "On ne peut pas se limiter à en faire des pilotes qui savent aller vite, il faut être attentif et les aider à se reprendre. Et pas seulement en trajectoire !"
Le bus rouge et jaune du Team 6ème Avenue commence à être bien connu dans le paddock. L’accueil y est chaleureux et enjoué mais les méthodes de travail et les résultats qu’il obtient ne passent pas inaperçus. A tel point que le team a reçu la visite de Nicolas Dussauge, chargé du Team Grand Prix 125 cc.
Le Team 6ème Avenue a remporté le titre 2004 avec Mathieu Furlan. Les anciens du team T6A font bonne figure dans les palmarès : Lionel Braun a été vice champion de France 250 en 2004 et Yannick Deschamps champion de France 125 promo en 2003. D'autres (jeunes) anciens continuent leur progression comme Jeremy Vallon, 4ème cet été au classement provisoire 125 promo. Pas mal pour un team entièrement bénévole ! Au fait, ça coûte beaucoup d'argent tout ça ?
Le prix de la passion
"Il faut bien sûr de l'argent et des sponsors" précise Michel : "pour une saison, on demande 9 000 euros. C'est une somme, mais pour faire courir un jeune qui a du potentiel, ça doit se trouver. T6A, même s'il le peut, ne finance pas la saison d'un pilote. L'apprentissage se fait aussi au niveau de la responsabilisation et ça passe par le porte-monnaie. On peut le regretter, je le regrette, mais c'est ainsi : la moto est un sport de riches. Ou plutôt un sport de pauvres pour les riches "...
Pour Michel, ce sont les bénévoles qui manquent le plus : "sans eux, le sport moto ne pourrait pas exister en France. Chez nos voisins, le bénévolat fonctionne bien mieux et c'est ce qui explique aussi qu'on soit peu présents au plus haut niveau de la compétition".
Sur le circuit Bugatti, pour la séance de repêchage des qualifications, ils sont près de trente sur la grille de départ et seuls les dix premiers de la course seront qualifiés. Quand le feu passe au vert, la meute s'élance... avec la puissance dérisoire des petits 125 mono 4-temps ! Dans la chicane Dunlop, quelques-uns partent à la faute : ça s'entasse dans les graviers.
Bientôt les 600 ?
Puisque la formule du team T6A fonctionne, Michel et Olivier aimeraient l'appliquer en 600 cc et faire la saison 2006 en French Cup. Accompagner un peu plus longtemps les jeunes pilotes, faciliter leur passage de la Junior Cup vers les championnats de plus haut niveau : un nouveau challenge pour 6ème Avenue ! Pour autant, l'engagement en Junior Cup n'est pas remis en cause car "les enfants sont la raison d'être du team !", précise Michel. "Et si ça marche bien, plus tard on s'engagera aussi en 125 Open"...
Alors si votre petit dernier (ou dernière !) vous tanne pour aller racler du bitume, emmenez-les donc voir ce que donne une baston pour un podium avec des motos de 13 chevaux !
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