Le motard veut une machine de plus en plus personnalisée
Le marché belge du deux roues motorisé est stabilisé, et le trail a le vent en poupe.
- Publié le 21-01-2015 à 19h58
- Mis à jour le 22-01-2015 à 12h29
Le paysage motocycliste belge est en train de changer. Cela se reflète bien évidemment dans les Palais 1 et 2 du Heysel dédiés aux deux roues motorisés lors du Salon de l’auto, qui se termine dimanche. Il y a d’abord ce qui ne change pas, soit une ambiance détendue et passionnée comme il en règne dans les grands événements motocyclistes. Directeur de D’Ieteren Import, qui distribue Yamaha, Patrick Mathot résume : "La moto, ce n’est pas trop une question de prix, mais plutôt de technologie. Le gars qui aime le moteur quatre cylindres pour sa souplesse ne va pas se tourner vers un bicylindre. Le trait d’union, c’est la passion, mais il y a de tout dans la clientèle, c’est un public extrêmement large où tout le monde se parle : de sa moto, de son expérience…"
Gros cubes
En Belgique, le marché s’est stabilisé en 2014, et celui de 2015 devrait, comme pour l’automobile, lui ressembler. Mais la hiérarchie des marques évolue fortement. Il n’y a pas encore si longtemps, la moto japonaise semblait indétrônable, avec Honda, Yamaha, Suzuki et Kawasaki sur le podium. Longtemps cinquième, troisième en 2013 et deuxième en 2014 derrière Honda, BMW signe une progression impressionnante pour atteindre 12 % de parts du marché belge, et 26 % du segment dans lequel la marque bavaroise se cantonne pour l’instant, les machines de plus de 500 cc. Les trois motos les plus vendues en Belgique sont des 1200 cc, dont le prix tourne autour des 20 000 euros. Chères donc.
"C’est un peu inquiétant pour le marché belge de la moto, note Christophe Weerts, porte-parole de la marque à l’hélice, dans la mesure où les motos les moins chères devraient faire le plus de volume. C’est comme si, dans les voitures, BMW était numéro 1 devant Volkswagen, Peugeot, Renault et Citroën." Le prix de ces machines n’étant pas accessible à un public jeune, la tendance n’est guère encourageante pour l’avenir.
Plus d’un cheval-vapeur par kilogramme
L’univers de la moto est l’un des plus variés qui soit : routière, cross, roadster, sportive, elles se déclinent de la manière la plus moderniste - tendance souvent agressive - et rétromoderniste. En déclin, la sportive pure est devenue un marché de niche, dont profite très bien Ducati. Le petit caprice de Ferdinant Piëch, président du conseil de surveillance du groupe Volkswagen, est maintenant rattaché à Audi. A Bruxelles, le stand resplendit avec la rutilante nouveauté 1299 Panigale. Pour 26 000 euros, on a una macchina affichant 205 ch contre une masse de 190 kg, soit plus d’un cheval-vapeur par kilogramme, ouch !
Mais c’est une exception. La grande tendance, c’est le trail, qui est à la motocyclette ce que le SUV est à l’automobile : rarement un vrai tout-terrain ! Le leader de la catégorie, la BMW 1200 GS, est aussi la moto la plus vendue en Belgique. Depuis, tout le monde s’est engouffré dans le créneau de l’héritière de la R 80 G/S : Triumph Tiger, Aprilia Caponord, KTM Adventure, Yamaha Super Ténéré, Ducati Multistrada. Comme par hasard, tous des 1200 cc…
Présent avec ses Crosstourer, Honda ne rate pas le coche : "Le trail, c’est une notion toute relative, observe Georges Dewulf, porte-parole de la marque japonaise, ce qui compte surtout, c’est la position haute qui permet d’anticiper dans le trafic. Et puis, l’âge moyen du motard augmentant, le côté position couchée de la supersport est moins tentant. C’est pour ça que le trail colle parfaitement à la demande en Belgique."
L’autre grande tendance reflétée au Salon, c’est la personnalisation. "We Are Custom" est-il écrit chez le champion du genre, Harley-Davidson, qui expose onze variations autour de son moteur bicylindre en V à 45°, toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Parmi celles-ci, deux sont de type "Café racer", un style dépouillé né de la vague rebelle des années soixante, et qui refleurit partout.
Vous prendrez bien un petit café, racer ?
Ainsi Yamaha commercialise une version Café racer de sa XJR 1300, avec cône de carénage en carbone. Mais la tradition veut plutôt des réservoirs et des carénages artisanaux, en aluminium brut, parfois brossé, mais sans peinture. C’est ce qu’on retrouve sur la XJR 1300 Eau Rouge, hommage à Francorchamps, signée par l’atelier milanais Deus Ex Machina.
Mêmes principes chez l’artisan belge MotoKouture, qui a transformé le déjà très beau roadster BMW R Nine T en Café racer pur jus, entendez alu partout, tuyaux d’échappement bandagés, rusticité à revendre. Après avoir touché l’automobile (MINI, Fiat 500, DS), ce pied de nez à la standardisation industrielle qu’est la personnalisation gagne donc la moto et le scooter. Avec sa nouvelle gamme rétro Scrambler, Ducati emboîte le pas. Roulez imagination !