Livreurs à deux-roues: inconscients ou incompris ?

A Nice, les livreurs de pizzas ou de sushis prennent parfois des risques insensés. Sont-ils inconscients ou subissent-ils la pression de leurs employeurs ? Enquête.

Christopher Roux Publié le 11/08/2012 à 07:20, mis à jour le 11/08/2012 à 12:38
Livreur de pizza a Nice
Un livreur de pizza à Nice. Mathieu Onesto

A Nice, les livreurs de pizzas ou de sushis prennent parfois des risques insensés. Sont-ils inconscients ou subissent-ils la pression de leurs employeurs ? Enquête.

C'était en début de semaine dernière. Un livreur de pizzas de 20 ans, est gravement blessé, percuté par une voiture à Cagnes-sur-Mer. Des livreurs à deux-roues qui n'hésitent pas à griller les feux rouges, prendre les sens interdits ou rouler sur les trottoirs pour livrer dans les temps pizzas et autres sushis. La faute à qui ? Aux employés inconscients ou aux conditions de travail qui les poussent à franchir les limites autorisées ?

Triés sur le volet

Devenir livreur de quatre fromages ne s'improvise pas, selon Jean-Marie Cavalier, responsable d'un Pizza Hut à Nice. « Nous demandons le brevet de sécurité routière et nos livreurs sont tous majeurs. Ils ont même droit à un livre qui rappelle les règles de sécurité routière. »

Même son de cloche chez Planet Sushioù le gérant, Stéphane Idir, dit faire très attention à la personnalité des livreurs qu'il recrute : « Ici, nous avons pas mal de danseurs. Les sportifs ont tendance à être plus zen lorsqu'ils conduisent. Et puis on sélectionne des étudiants avec de vrais projets. »

Alors pourquoi constate-t-on toujours autant de livreurs qui s'affranchissent chaque soir des règles du code de la route ?

"Je me mettais la pression"

Anthony, 22 ans, ancien livreur de sushis, confirme qu'il prenait parfois des risques inconsidérés : « J'avais tendance à me mettre la pression tout seul pour éviter les remontrances. J'ai cherché à gagner du temps pour avoir plus de pourboires. Du coup, ça joue sur la vitesse. J'ai quand même réussi à me faire 20 à 30 euros en un soir.»

Primes, pourboires et pression : ce serait le cocktail détonant à l'origine des accidents. David, 42 ans et livreur chez Bip Bip Pizza depuis 1997, s'en défend: « On n'a aucune pression. Les pourboires sont deux fois moins élevés qu'il y a 10 ans. De 30 euros, on est passé à tout juste 12 euros par soir.»

Son chef, David Surleau, confirme : « On paie les livreurs à l'heure et non à la commande. Il ne faut pas envoyer un gars à la mort pour une pizza. Là où ils gagnent de l'argent, ce n'est pas en allant vite, mais en créant une complicité avec le client, au moment de la livraison. S'il a l'habitude de vous voir, un client vous donnera quelque chose. »

Quant aux primes attribuées en fonction du nombre de livraisons effectuées, ces dernières sont inexistantes ou versées régulièrement, mais pour récompenser la bonne conduite sur les scooters et l'amabilité lors des livraisons. Elles ne seraient en aucun cas une incitation à la vitesse, aux dires des différents responsables interrogés. Reste aux livreurs à le démontrer sur la route…

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