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RALPH "SONNY" BARGER
Paris, le 16 avril 2004

"Etre un Hell's Angel, c'est avoir 21 ans et rouler !"

"Etre un Hell's Angel, c'est avoir 21 ans et rouler !"

Membre mythique du plus célèbre et du plus controversé moto-club du monde, Ralph Sonny Barger, 65 ans, assure actuellement la tournée européenne de promotion de son bouquin. Que signifie être un Hell's Angels aujourd'hui ? Rencontre.

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Que signifie être un Hell's aujourd'hui ? "Avoir 21 ans et rouler !, résume Ralph "Sonny" Barger, 65 ans, membre du plus célèbre et du plus controversé moto-club du monde, actuellement en tournée européenne de promotion de son bouquin "Hell's Angel : la vie et l'histoire de Sonny Barger et du Hell's Angels Motorcycle Club".

"Ce n'est pas un livre sur les Hell's Angels, mais sur ma vie au sein des Hell's Angels. C'est très différent", précise d'emblée "Sonny", de passage à Paris pour la première fois. Différent peut-être, mais très intimement lié, jusqu'à l'inextricable, certainement. Car la vie de ce touchant bonhomme moustachu à l'aura sulfureuse, à la peau cuivrée et aux tatouages délavés, moins brute épaisse que la lecture de son bouquin ne pouvait le laisser penser, semble encore aujourd'hui irrémédiablement marquée par celle du Hell's Angels Motorcycle Club. Une vie à base de débrouilles et d'embrouilles, de violence et de came, de taule et de bastons, de femmes et de "frères" Angels, avec toujours ce même fil conducteur : la bécane.

Ralph Sonny Barger ce matin à Paris lors de la présentation de son bouquin

"La moto a joué un grand rôle durant les cinq premières décennies de guerre du 20ème siècle", écrit Sonny Barger, abandonné par sa mère lorsqu'il est encore bébé et qui rejoint les Oakland Panthers en 1956 avant de les juger trop amateurs et de lancer le chapitre d'Oakland en avril 1957, "sans vraiment savoir qu'il existait déjà d'autres clubs de Hell's Angels à travers l'Etat de Californie". "Je ressentais le besoin d'un club d'hommes plus soudé, capables de sauter sur leurs bécanes, de traverser le pays s'ils le souhaitaient, sans se plier à des règles ou à des horaires (...). Le terme de Hell's Angels revenait dans les cercles militaires depuis la Première Guerre mondiale. Dans les années 20 à Detroit, un club affilié à l'American Motorcyclist Association s'était donné pour nom Hell's Angels. La Seconde Guerre mondiale a connu quelques groupes appelés Hell's Angels, comme la 358ème escadrille de bombardiers de l'American Air Force stationnée en Angleterre", peut-on ainsi apprendre dans le livre.

"Cela a toujours été important pour les Hell's Angels de monter des machines fabriquées en Amérique", écrit "Sonny", qui se définit lui-même comme un "radical qui soutient son pays". "Les Hell's Angels se sont surtout mis à piloter des Harley-Davidson parce qu'ils n'avaient pas beaucoup de choix. En 1957, c'était soit piloter une Harley, soit se rabattre sur une Triumph ou une BSA. On ne construisait déjà plus d'Indian. En termes de finition pure, personnellement, je n'aime pas les Harley. Je les pilote parce que je suis dans le club, que ça fait partie de l'image, mais si je pouvais, j'envisagerai sérieusement de monter une Honda ST 1100 ou une BMW. On a vraiment raté le coche en ne se tournant pas vers les modèles japonais lorsqu'ils sont commencé à construire des bécanes plus grosses", regrette-t-il en précisant qu'il enverrait volontiers Harley "se faire foutre"...

"Oui, je suis nostalgique du passé", explique aujourd'hui "Sonny", qui s'exprime difficilement depuis son cancer de la gorge en 1982 (trois paquets de Camel sans filtre par jour !) et qui changerait une seule chose s'il devait refaire sa vie : "ne jamais fumer"... "J'ai de très bons souvenirs mais il faut aller de l'avant et continuer. Je n'aime pas la musique d'aujourd'hui, ce qui signifie que je suis vieux ! J'aimais les débuts du rock, Jerry Garcia, les vieux trucs... Les Stones sont probablement les meilleurs du monde, mais ils ne sont pas terribles sur le plan humain" explique encore celui qui fut responsable du service d'ordre lors du tristement célèbre concert gratuit des Stones à Altamont le 6 décembre 1969, au cours duquel un homme avait été poignardé à mort. Aujourd'hui, "Sonny" ne souhaite plus s'exprimer sur cet épisode tragique autrement que dans son livre : "on nous a escorté vers les coulisses et présenté aux Stones. Ils sont sortis de leur caravane avec leurs fringues de chochottes et leur maquillage. On s'est serré la main puis ils ont disparu à l'intérieur, comme des gamins qui se carapatent pour aller se cacher (...)". Pendant le concert, "Keith Richards m'a dit qu'il fallait qu'on stoppe cette violence sinon ils arrêtaient de jouer. Je lui ai pointé mon pistolet dans la hanche et je lui ai dit de se remettre à sa guitare, sinon il était mort. Il a joué comme un enfoiré"...

"Nous avons formé le club dans les années 50 pour faire la bringue et se balader", se souvient "Sonny". "Au cours des 60's psychédéliques, le terme Hell's Angels est devenu un nom d'usage courant. Les années 70 ont été une ère de gangsters pour nous. Je vendais de la came et je me suis retrouvé dans un tas d'emmerdes. Tout le monde nous haïssait. Nous étions devenus isolés. Les années 80 nous ont fait payer tous les foutus crimes qu'on avait commis, plus quelques-uns que nous n'avions pas commis. Avec des trucs du genre de ces inculpations pour conspiration, les 80's n'ont été qu'un long procès glauque. Certains des informateurs soutenus par le gouvernement étaient déterminés à vouloir notre peau. En 1998, nous avons célébré les 50 ans du Hell's Angels Motorcycle Club sur le lieu de sa naissance, San Bernardino. Evidemment, les flics étaient de service. Les Fédéraux du Canada avaient loué un immeuble adjacent et installé toute leur boutique avec instruments de surveillance. Au bout de 50 ans, les flics éprouvent toujours autant de curiosité à notre égard"...

Une "curiosité" savamment entretenue de part et d'autre, principalement aux Etats-Unis et au Canada. Aujourd'hui encore, "Sonny" refuse de communiquer le nombre de Hell's Angels dans le monde : "je ne sais pas et même si je savais, je ne te le dirais pas !" Interpol s'est en effet intéressé de près aux Anges de l'Enfer, avec la mise en place en 1991 du "Projet Rockers", une unité spéciale de lutte contre le crime organisé des bandes de motards (lire Moto-Net du 19 juillet 2000).

"Je ne vis pas de la drogue comme le dit le gouvernement", proteste "Sonny". "J'ai écrit trois livres, je me nourris et je nourris ma famille mais je n'ai pas de costard à 3 000 $ et je ne serai jamais millionnaire avec mes livres, sauf si j'écrivais Harry Potter !". "On a survécu aux attaques du gouvernement car on avait raison et on a des avocats", résume celui dont le casier judiciaire - mythe oblige ! - occupe les quatre dernières pages du bouquin. "Aujourd'hui, si vous voulez vivre de la drogue, vous ne portez pas un insigne Hell's Angels ! Mieux vaut devenir flic !"

Et aujourd'hui, comment devient-on Hell's Angel ? "Il faut avoir une moto et se présenter en disant qu'on veut être membre. Ensuite, ça dépend de chaque club". Concernant l'absence de femmes au sein des Hell's Angels, "Sonny" rappelle que c'est à son initiative qu'elles en ont été exclues : "Et il n'y aura pas de femme membre des Hell's Angels tant que je serai vivant ! On n'a pas besoin d'elles pour défendre notre insigne, pas plus que pour défendre les couleurs de notre pays en Irak. Et si ça déplaît, tant pis ! C'est un club d'hommes !" Les femmes n'y sont donc admises qu'en tant que "visiteuses" et n'ont plus le droit de porter l'insigne.

Co-écrit avec les frères jumeaux Keith et Kent Zimmerman, déjà co-auteurs avec le chanteur des Sex Pistols de "Rotten : No Irish, No Blacks, No Dogs", le livre de Ralph "Sonny" Barger devrait faire l'objet d'une adaptation au cinéma par Tony Scott cette année (lire Moto-Net du 26 septembre 2000). Sortie prévue en 2005.

Hell's Angel : la vie et l'histoire de Sonny Barger et du Hell's Angels Motorcycle Club", Editions Flammarion, 2004. 398 pages. 22 euros.

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