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TEST
Circuit du Mans (72), le 10 juillet 2015

Essai du pneu moto Metzeler Racetec RR sur circuit

Essai du pneu moto Metzeler Racetec RR sur circuit

Le Racetec RR, dévoilé au salon de la moto de Milan, endosse le rôle de référence hypersport-route chez Metzeler. MNC a testé sur le circuit du Mans ce pneu avec lequel Ian Hutchinson s’est imposé au Tourist Trophy 2015 en Supersport et en Superstock.

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Le Racetec RR à l'épreuve du Mans

Classé juste en dessous des slicks de compétition produits par Metzeler, le Racetec RR est un pneu moto "Racing" homologué pour un usage routier. Il comporte à ce titre des sculptures, contrairement aux exclusifs Racetec Slick et Slick CompK, totalement lisses car pensés pour la performance pure sur piste sèche uniquement.

D'où notre surprise, teintée d'une pointe de déception, lors de son lancement international en février dernier lorsque la marque à l'éléphant ne nous a pas laissé l'essayer sur le circuit d'Alméria (Espagne), au prétexte que le bitume était humide (relire notre Essai MNC "tombé à l'eau" du Racetec RR)...

Pourtant un pneu route, même très orienté "sport", c'est fait pour rouler par tous les temps, non ? Bref, Metzeler France a organisé une session de "rattrapage" sur le circuit du Mans (72), à laquelle MNC a participé pour jauger de quelle gomme se chauffait le successeur de l'apprécié Racetec Interact, monte d'origine de la BMW S1000RR notamment.

Racetec RR : ce que Metzeler promet

Pour réunir performances et longévité, le Racetec RR recourt à la désormais classique technologie bi-gomme, mais à l'arrière uniquement. Les deux composés sont structurellement liés grâce à de nouveaux polymères, ainsi que par les différentes tensions appliquées sur les brins de la ceinture en acier à 0°, caractéristique des pneus Metzeler.

Grâce à cette étroite liaison entre les épaules et la bande de roulement, nommée "Cap and Base", l'inévitable baisse de température des flancs en ligne droite serait mieux contrôlée. Pour faire simple, la chaleur concentrée uniquement au centre du pneu lorsque la moto est droite serait en partie transférée vers les côtés, afin de les maintenir à température pour aborder sereinement les virages suivants.

La disposition des rainures est aussi réfléchie pour concilier efficacité et polyvalence : les saignées sont assez étirées dans le sens de rotation - gage d'une bonne évacuation de l'eau et de stabilité - mais peu développées sur les bords pour favoriser le grip sur l'angle.

Enfin, comme son prédécesseur, le Racetec RR se décline en trois duretés de gomme différentes, caractéristique qui renforce son côté "racing". Le mélange le plus tendre est désigné sous le code "K1", reconnaissable à sa ligne bleue courant sur la bande de roulement.

Il s'agit du choix recommandé pour une pratique piste intensive, sur un bitume chaud et bien revêtu. Puis vient la gomme intermédiaire "K2" (ligne verte sur les flancs), plus résistante à l'usure car plus rigide. Là encore, la pratique recommandée est essentiellement sur piste car le mélange reste extrêmement tendre.

Pour un usage strictement routier, Metzeler préconise de s'orienter vers la solution "K3" (ligne jaune), un choix qui concilierait performances, polyvalence et durée dans le temps, soit le compromis recherché par la plupart des motards...

Racetec RR : ce que MNC a pu constater

Refroidi par le revers pluvieux rencontré en Espagne, Metzeler a cette fois porté son choix sur le circuit Bugatti-Le Mans (72). Bonne pioche : l'essai s'est déroulé sous un magnifique soleil et des températures tout simplement parfaites pour enquiller les tours, environ 25°C dans l'air et de 35 à 40°C au sol !

Des Yamaha R6 et des R1 2012 de l'école de pilotage H2S (lire encadré page suivante) ont servi de "test machine" lors de ce test prévu... sur piste uniquement. Un choix discutable pour un pneu censé être aussi à l'aise sur circuit que sur route ! La pression était de 2,3 à l'avant et 1,8 bar à l'arrière, des valeurs éloignées des préconisations constructeur (2,5 et 2,9) mais couramment employées sur circuit.

Grâce aux excellentes conditions climatiques, le temps de chauffe des Racetec RR s'est avéré extrêmement réduit, d'autant que le staff prenait soin de les maintenir à température dans le box via des couvertures chauffantes ! Fort de ces conditions privilégiées, le genou pose au sol dès les premiers virages, mettant immédiatement en avant l'une des premières qualités du Metzeler : sa neutralité.

La moto s'inscrit sur l'angle sans retenue particulière ni vivacité excessive, mais en faisant preuve au contraire d'une progressivité très rassurante du déclenchement du virage au point de corde. L'inscription en courbe est grâce à cela très naturelle, l'avant s'inclinant de manière fluide, précise et surtout prévisible.

Comme sur la plupart des Metzeler, la carcasse présente une grande rigidité tirée de la ceinture acier à 0°. Plein angle comme au freinage, la déformation du pneu est efficacement contrôlée, au profit de la stabilité. Et de la stabilité, il en faut pour balancer la moto dans la terrifiante entrée de la Dunlop, où l'on déboule à pleine charge sur le 5ème ou 6ème rapport selon le braquet !

Irréprochable dans cet instant critique, le Racetec RR a subi sans broncher, tour après tour, les énormes contraintes exercées par cette cassure "spéciale gros coeur" dont on ressort gaz en grand un court instant avant de planter un freinage appuyé et un rétrogradage ultra-rapide pour négocier un pif-paf en devers qui saute littéralement au casque.

Aucun "flottement" engendré par un quelconque mouvement de carcasse ne s'est fait ressentir dans cette portion critique : le Racetec RR est resté stable et prévenant en toutes circonstances. Et ce même lorsque un de nos freinages particulièrement violents - ou particulièrement ratés, selon les points de vue ! - aux Chemins aux Boeufs s'est soldé par un soulèvement marqué de l'arrière, suivi d'un généreux dribble... Chaleur !

Le pneu arrière, justement, travaille parfaitement de concert avec l'avant, ce qui entérine définitivement le sentiment général d'équilibre dégagé par le Metzeler. Le Racetec RR n'est pas forcément le plus vif de sa catégorie - certains "cousins" Pirelli, au profil plus pointu, font mieux dans ce domaine -, mais c'est certainement l'un des plus complets et rassurants.

Dernière qualité, et non des moindres : sa résistance à l'usure et la régularité de celle-ci. Au terme de nos cinq sessions de 20 minutes, le pneu arrière en gomme intermédiaire "K2" affichait une dégradation très contenue, malgré les pointes de 40 °C au sol et les 182,1 ch de la R1 (voir notre comparaison "avant/après" ci-contre) !

Surtout, cette usure était remarquablement similaire du centre aux flancs du pneu, sans les marquages "en escaliers" que l'on observe parfois sur certaines gommes très - trop - tendres sur les côtés et très - trop - dures au niveau de la bande de roulement.

Un gage de constance dans la performance, parfaitement sensible au guidon. Ainsi, les inévitables décrochages de l'arrière sur les grosses ré-accélérations - avant l'intervention du contrôle de traction réglé au minimum - sont restés progressifs jusqu'à notre dernier tour.

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