La Direction départementale de la sécurité publique du Val-d’Oise (95) a accordé hier après-midi une chance aux conducteurs de deux-roues : plutôt que de verbaliser les contrevenants, les forces de l'ordre ont tenté de les sensibiliser. Explications.
C'est dans le cadre de la semaine de la Sécurité routière que s'est tenue hier à Enghien-les-Bains (95) une opération de prévention routière à l'attention des utilisateurs de deux-roues. Installée sur le parking de l'hippodrome, l'unité motocycliste du "neuf-cinq" s'est relayée pour rapatrier les contrevenants des environs...
"Les personnes arrêtées cet après-midi ont le choix", nous expose le Major Douillet, commandant adjoint à l'unité départementale (95) de sécurité routière : "payer leur amende sur place ou nous accompagner ici afin de participer à différents ateliers et repartir sans contravention ni retrait de point".
Dans l'immense majorité des cas, les "coupeurs" de ligne blanche, "grilleurs" de feu rouge ou "dépasseurs" de limitation de vitesse ne se font pas prier et suivent sagement les FJR1300 et F650GS tout équipées, ou les TDM banalisés.
Une fois arrivés sur place, les vilains motards sont dirigés vers un premier atelier sur lequel ils peuvent (re)découvrir les outils de travail des gardiens de la paix. Le cinémomètre est sans doute le plus redouté dans la panoplie...
"Contrairement aux anciens modèles, ces "jumelles" contrôlent la vitesse des véhicules en rapprochement mais aussi en éloignement", nous avertit un agent de la Police nationale. Vous êtes prévenus...
Bien que la conduite de la moto repose intégralement sur la notion d'équilibre, les policiers tiennent à nous présenter l'éthylotest électronique, descendant du fameux "ballon" de papy : "c'est rare mais il nous arrive de contrôler des motards présentant des taux d'alcool dans le sang très importants, bien au-delà des 0,5 g", nous affirme le Major Douillet.
Ethylotests : une certaine tolérance... |
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"Si le test à l'éthylotest s'avère positif, il faut passer à l'éthylomètre : c'est sa mesure qui fait foi", poursuit l'agent de la paix sur son stand. "Chaque commissariat dispose de cet éthylomètre, et certains comme celui-ci sont portatifs".
"Attention, nous ne sommes pas la ligue antialcoolisme", explique un collègue aux motards et scootéristes réunis sous la tente d'à côté : "si vous voulez boire vous le pouvez (après tout c'est légal, NDLR !), mais ne prenez pas la route après, surtout si vous étiez chez des amis où les verres ne sont pas les mêmes que dans les restaurants ou les bars".
Parfaitement illégale en revanche, la consommation de stupéfiants peut-être dépistée grâce à un quatrième appareil : "ce boîtier électronique analyse la salive déposée sur cette tige". En huit minutes, le verdict tombe : la présence d'héroïne, cocaïne, amphétamine, méthamphétamine, benzodiazépine ou THC (cannabis) peut être révélée.
Toutefois, comme pour l'alcool, "ce premier test effectué sur la route nécessite une confirmation effectuée cette fois à l'hôpital, sous la forme d'une prise de sang", conclut notre interlocuteur.
Des livrets et guides pratiques sont distribués aux "visiteurs", qui sont ensuite dirigés vers l'atelier suivant où il est question de respect du code de la route et de prise de conscience des risques inhérents à la conduite d'un deux-roues motorisé.
C'est l'occasion notamment pour les motards de converser avec le pilote Kenny Foray : "je vous assure que mon équipement m'a sauvé plusieurs fois la mise sur circuit", témoigne le pilote du team GMT94. "Certes, en milieu urbain les vitesses sont bien inférieures, mais les dangers y sont bien plus nombreux : le port des casque, gants, bottes, blousons et dorsale est donc tout aussi important".
Le discours de cet as du guidon est écouté quasi-religieusement et passe certainement mieux que lors d'un contrôle plus classique. "Sur la route, nos relations avec les motards sont plutôt bonnes car nous roulons nous-mêmes à moto", note toutefois le commandant adjoint.
Les motards de la police ne sont d'ailleurs pas (omni)présents sur les routes "que" pour taper sur les casques des imprudents : "nous organisons fréquemment des roulages, notamment dans le Vexin", nous informe le Major Douillet.
"Nous en profitons pour passer sur des lieux d'accidents afin d'analyser les causes des chutes, il nous arrive de faire une halte au centre de rééducation fonctionnelle Léopold Bellan à Chaumont-en-Vexin, et d'achever notre sortie sur le circuit Carole lorsque les participants sont en cuir".
"Nous luttons également pour l'instauration des doubles rails de sécurité", poursuit le chef de la brigade... En bref : les policiers ne pratiquent pas que de la répression, ils tiennent aussi à sensibiliser et à le faire savoir, comme le montre l'organisation de cette demi-journée.
Les "chanceux" contrevenants peuvent ensuite accéder à deux pistes d'essai aménagées par deux moto écoles locales (Mériel et Franconville) : "grâce à eux, les conducteurs interpellés ont accès à un parcours de maniabilité et à un atelier de freinage à 50 km/h, avec ou sans ABS", décrit notre hôte.
Fournisseur officiel de motos de police en France, Yamaha Motor France tenait à participer à cette opération : "nous donnons un petit coup de pouce car ce type d'initiative mérite d'être soutenue", nous explique Alexandre Kowalski, directeur communication chez Yamaha Motor France.
Le camion atelier YMF et celui de la concession Lebossé proposent aux conducteurs de deux-roues de contrôler quatre points vitaux sur leur moto ou scooter : pneus, freinage, éclairage et tension de chaîne. "D'une manière générale, on observe une amélioration en ce qui concerne l'état des deux-roues ces dernières années", nous certifie le Major de Police.
Rendez-vous le 30 juin 2012 |
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En revanche, "un effort supplémentaire est à fournir en matière d'équipement", insiste-t-il : "il faut que les utilisateurs de motos et scooters comprennent qu'on ne sort pas les gants que quand il fait froid, qu'il est nécessaire de porter des chaussures montantes, etc."
"L'accessoiriste Ixon, que l'on avait choisi car c'est un partenaire de Yamaha, n'a finalement pas pu venir mais nous espérons qu'il sera là l'an prochain !", note le Major Douillet avant de lancer un appel : "un assureur serait aussi le bienvenu !"
Rendez-vous est donc pris en 2013 pour la troisième édition de cette "journée pas comme les autres" dans le 95... Restez connectés... et prudents !
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