Le patron de Suzuki passe le volant à son fils
A 85 ans, le PDG du constructeur nippon accepte de céder un peu de son pouvoir.
Par Yann Rousseau
A 85 ans, Osamu Suzuki va un peu plus jouer au golf. Après avoir passé 37 ans à la tête du quatrième constructeur japonais, qu’il avait rejoint en 1958, le PDG de Suzuki Motor a annoncé, mardi, qu’il allait progressivement céder la direction du groupe, à son fils Toshihiro Suzuki, âgé de 56 ans. Il a ainsi promu son héritier au poste de président de la société, tout en conservant le titre de PDG.
L’enclenchement de ce processus de succession a fait progresser le titre de Suzuki de 2,7% sur la place de Tokyo en rassurant les investisseurs qui s’interrogeaient depuis longtemps sur la transition à la tête du constructeur qui a été porté pendant tant d’années par cette forte personnalité. Récupérant dans les années 70 un groupe très en retard technologiquement, Osamu Suzuki avait sauvé la société en convainquant Toyota de lui fournir des moteurs compatibles avec les nouveaux standards de pollution qu’il n’avait pas.
40% du marché automobile indien
C’est lui qui a ensuite lancé, dans les années 80, la société sur un marché indien, alors perçu comme impénétrable et chaotique. Sa filiale Maruti Suzuki India contrôle encore 40% du marché automobile indien et a permis de compenser des déceptions à l’international. Spécialisé dans les modèles de petite taille, Suzuki avait notamment été contraint d’arrêter, en 2012, de vendre des voitures Etats-Unis, même s’il avait maintenu, dans le pays, sa distribution de motos et de moteurs de bateaux.
A la tête du groupe, Toshihiro Suzuki a pour mission de doper les parts de marché de ses marques en Europe ainsi qu’en Indonésie et en Thaïlande, tout en contenant la baisse de la demande nippone. Son père semblant, lui, encore décidé à superviser personnellement le douloureux divorce qui l’oppose à Volkswagen. Evoquant des partenariats industriels, les deux groupes s’étaient rapprochés en 2009 et le géant allemand avait même acquis, un an plus tard, 19,9% de Suzuki, pour 1,7 milliards d’euros. Mais les directions des deux sociétés n’avaient ensuite pas pu s’entendre et Suzuki presse Volkswagen de revendre les parts qu’il détient dans son capital. La cour d’arbitrage internationale de Londres étudie la dispute.