A peine ébauché par la Commission, le plan de relance que l'Union européenne envisage d'adopter les 11 et 12 décembre suscite la controverse. Le projet bruxellois devait être discuté mardi 2 décembre par les ministres des finances des Vingt-Sept, après un premier examen critique, dès lundi soir, par leurs homologues de la seule zone euro.
La présidence française de l'Union plaide en faveur de l'enveloppe de 200 milliards d'euros préconisée par la Commission européenne. Tandis que Nicolas Sarkozy s'apprête à dévoiler, jeudi, un plan de soutien de l'économie française, il s'agit, selon Paris, de stimuler l'investissement et la consommation afin de limiter l'ampleur de la récession.
Un nombre "respectable" de pays, assure un haut fonctionnaire français, est sur cette ligne, à l'instar de l'Espagne, de l'Italie, et du Royaume-Uni. Mais "l'objectif politique" mis en avant par la France et par la Commission – un effort de l'ordre de 1,5 % de la richesse européenne – demeure à ce stade peu consensuel.
Lundi soir, le président de l'eurogroupe, Jean-Claude Juncker s'est bien gardé de reprendre à son compte le seuil des 200 milliards : "Je ne mettrai pas trop l'accent sur ce chiffrage, l'important c'est la direction, et que tout le monde soit d'accord pour faire un effort important", a-t-il déclaré à l'issue de la réunion mensuelle des grands argentiers de la zone euro. "Il est plus important de coordonner les plans nationaux que de se mettre d'accord de manière théorique sur un chiffrage exact", a-t-il ajouté.
Pour M. Juncker, un tel exercice n'est pas possible avant que les capitales ne détaillent leurs intentions, d'ici au début 2009. Divisés sur l'opportunité de se répartir les efforts à fournir, les ministres de la zone euro ont cependant exclu toute baisse des taxes sur la valeur ajoutée (TVA), mesure décidée par le Royaume-Uni.
"UNE COURSE AUX MILLIARDS"
Dans la journée, l'Allemagne a poursuivi son offensive contre un programme conjoncturel qu'elle craint, étant donné les marges de manœuvre budgétaires dont elle dispose, de devoir financer au bénéfice de ses voisins. Tandis que la chancelière allemande Angela Merkel dénonçait "une course absurde aux milliards", son ministre des finances Peer Steinbrück a répété devant ses collègues de la zone euro que Berlin avait d'ores et déjà annoncé deux trains de mesures, portant sur quelque 32 milliards d'euros, soit 1,2 % du PIB allemand. Et qu'il n'était pas question de faire davantage pour l'instant.
Le point de vue allemand n'est pas isolé. "Nous avons déjà fait beaucoup", a estimé le ministre néerlandais des finances, Wouter Bos : les différentes mesures adoptées pour combattre les effets de la crise financière sont évaluées à 1 % du PIB. Certains pays d'Europe centrale, comme la Pologne et la République tchèque, craignent eux aussi de devoir laisser filer les déficits afin de soutenir l'activité, alors qu'ils cherchent à adopter au plus vite l'euro. Or cette ambition suppose une stricte maîtrise des dépenses publiques.
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