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Le succès grandissant des motos-taxis

Gain de temps ou alternative au manque de taxis, les clients n'hésitent plus à monter sur un deux-roues.

Par Olivier Razemon

Publié le 28 juillet 2008 à 13h01, modifié le 28 juillet 2008 à 15h55

Temps de Lecture 3 min.

Cyril patientait dans un taxi bloqué par un embouteillage lorsqu'il a repéré, sur le flanc d'une moto qui le dépassait, l'inscription "Motodiligence", suivie d'un numéro de téléphone. Depuis, ce responsable des ventes, souvent en déplacement, ne quitte plus Stéphane, 37 ans, tatouages apparents, chauffeur à moto. "J'utilise ce service pour me rendre aux aéroports, dans les gares et pour mes rendez-vous dans Paris", raconte Cyril.

Nathalie, cadre dans une entreprise, s'est laissé tenter un jour où la file d'attente des taxis lui semblait désespérément longue. "De Roissy ou d'Orly, je mets trente minutes pour rentrer chez moi au lieu d'une heure et quart. Et lorsque je prends un long-courrier qu'il n'est pas question de rater, c'est idéal", témoigne-t-elle.

Depuis quelques mois, le succès des "moto-taxis" ne se dément pas. "Nous étions 80 en septembre 2007 en Ile-de-France, nous sommes environ 300 aujourd'hui", indique Bader Bourlier, qui, comme tous les pilotes, a créé sa propre société, Shuttle Bike. "En l'absence de législation, nous sommes assimilés aux limousines avec chauffeur. Les compagnies d'assurances exigent au moins cinq ans de permis sans aucun accident", précise-t-il. Rencontré aux abords d'Orly, où il vient de déposer un client, Fabrice, 41 ans, parle volontiers de son métier ; des soirées où il part "à la pêche" de nouveaux clients dans les gares parisiennes, quitte à déclencher "une embrouille" avec les chauffeurs de taxi.

Le service existe aussi dans quelques grandes villes de province, alimenté "à 70 % par des hommes d'affaires parisiens déjà utilisateurs", assure Laurent Zerbib, de Chrono Moto, une structure lyonnaise. "Mais pour être rentable, ce trafic doit être adossé au transport de petits colis", constate-t-il.

Les clients sont "pour la plupart des cadres dirigeants entre 30 et 55 ans, qui maîtrisent leur agenda et leurs dépenses", indique Xavier Fonte, fondateur de Skoot, l'un des groupements réunissant des chauffeurs indépendants. Ces utilisateurs pressés se font généralement rembourser la course par leur employeur. Il leur en coûte autour de 50 euros pour un Paris-Orly, 70 euros pour Roissy, et environ 30 euros pour une course intra-muros.

Ponctuellement, le service répond aussi aux besoins des particuliers, ajoute M. Fonte : "des personnes qui doivent prendre un avion mais qui, arrivées à l'aéroport, ont oublié leur passeport ; cela arrive dix fois par semaine."

Les chauffeurs tiennent à rassurer leurs clients. Ils ne conduisent pratiquement que des véhicules haut de gamme, à l'image de la large Honda Goldwing, souvent décrite comme "la Rolls-Royce de la moto". "Nous n'employons que des chauffeurs âgés de plus de 45 ans, afin de rassurer le client", explique M. Fonte.

Avant de s'installer confortablement sur le siège arrière et de mettre le casque qu'on lui prête, le passager enfile une charlotte sur sa tête, jetée après utilisation. "Nous lui remettons également un blouson, des gants et un tablier recouvrant les jambes",précise M. Bourlier. L'équipement, léger ou protégeant du froid, est adapté à la saison.

Un système Bluetooth assure la communication entre le chauffeur et son passager. "Il nous arrive de paramétrer le téléphone d'un client qui souhaite passer des appels pendant la course", ajoute M. Bourlier.

Malgré les similitudes avec les taxis, les chauffeurs récusent prudemment l'appellation de "moto-taxi". "Un taxi est un véhicule à quatre roues", assure-t-on à la préfecture de police de Paris, où l'on explique que "les motocyclistes ne disposent pas d'espace réservé sur la voie publique et qu'ils ne sont autorisés à travailler que sur réservation".

A l'aéroport d'Orly, où la sécurité est assurée par la police de l'air et des frontières, il en va pourtant différemment. Dans le hall des arrivées de l'aérogare ouest, un comptoir arbore une inscription explicite en noir sur fond orange : "navettes moto". Depuis le 15 juillet, Jean-Pierre met en contact les voyageurs avec une quarantaine de chauffeurs. "C'est un début de reconnaissance",affirme-t-il.

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