DIGNE-LES-BAINS Le motard tué filmait sa conduite dangereuse

Katy CANTAGREL - 01 mars 2013 à 06:07 - Temps de lecture :

Le 14 août 2011, un conducteur dignois qui rentrait à son domicile de Marcoux était violemment percuté par un motard, lequel devait décéder sur le coup. L’homme âgé de 59 ans, restaurateur bien connu de la ville, « n’a pas vu » le motard arriver en sens inverse lorsqu’il a coupé la RD 900 pour emprunter le chemin communal sur sa gauche. Il comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Digne-les-Bains. L’affaire avait été renvoyée quelques semaines auparavant par la juge Wacongne estimant que sa connaissance du prévenu, pour fréquenter régulièrement son établissement, pouvait remettre en cause son impartialité. C’est donc le juge André Tour qui a présidé les débats.

S’appuyant sur les rapports d’expertises, le magistrat a interrogé le prévenu sur son attention et sa visibilité au moment de l’accident. « Je suivais un camping-car lorsque je me suis arrêté sur la route afin de tourner dans le chemin. Une voiture me suivait à vive allure et je me suis dit qu’elle pouvait me percuter. J’ai donné un coup d’œil dans le rétroviseur puis en face, je n’ai rien vu sur l’autre voie et j’ai manœuvré » a-t-il expliqué à la barre. À ce moment, il est percuté à l’avant droit par le motard qui rebondit sur le haut du véhicule avant d’être éjecté 19 mètres plus loin. La vitesse excessive a été prouvée durant la procédure bien que son niveau exact ait alimenté les débats : 150 km/h d’un côté de la barre, 180km/h pour l’autre. Quelques jours après le drame, les enquêteurs ont retrouvé une petite caméra sur les lieux : celle dont était équipé le motard décédé.

Cent infractions au code de la route recensées

Après décryptage, les gendarmes recensaient cent infractions au code de la route, hormis les excès de vitesse, commises en un quart d’heure : des dépassements dangereux sans visibilité, des mises en dangers d’autrui, des non-respects des distances de sécurité…

Malheureusement, la batterie de la caméra s’est vidée quelques instants avant l’accident et aucune image de l’impact n’a été enregistrée. Le film en question aurait été destiné à une diffusion sur internet.

Les démonstrations mathématiques sur la vitesse du motard présentées par les experts ont été battues en brèche par la défense représentée par Me Villegas, de nature à distiller le doute dans l’esprit du juge. Arguant que « la vitesse est à l’origine de l’accident », l’avocat a conforté sa défense en invoquant « la fatigue qui allonge le temps de réaction » du motard qui achevait une sortie en groupe de près de 6 heures de conduite.

Le tribunal a relaxé le conducteur au bénéfice du doute, considérant « le problème de la vitesse insoluble ».