Moto : Z comme Zarco

Johann Zarco retrouvera l'écurie Ajo Motorsport avec son coach Laurent Fellon(à gauche en médaillon).

Johann Zarco retrouvera l'écurie Ajo Motorsport avec son coach Laurent Fellon(à gauche en médaillon).

Photos www.johannzarco.fr et L.B.

Marseille

Le jeune pilote vauclusien (24 ans) vise le titre de champion du monde en 2015. La carrière de Johann Zarco suit, jusqu'à présent, une courbe d'évolution parfaite. Portrait

C'est la pause dans une vie menée à toute vitesse. Pour Johann Zarco, les fêtes de Noël sont l'occasion de faire un petit break. Avant de reprendre le guidon au plus vite. Des mois passés à travers la planète et les circuits du championnat du monde de Moto 2 (*), de rares haltes au Pontet, chez Laurent Fellon, son coach, où il a longtemps vécu... Ainsi va l'existence du Vauclusien guidé par la passion. Une ambition aussi. Celle d'atteindre le sommet de son art, dans sa catégorie.

"En 2015, c'est clair, je veux jouer le titre mondial et je peux me permettre de l'afficher par rapport à mon expérience, annonce Zarco, qui retrouvera Ajo Motorsport, l'équipe avec laquelle il avait été vice-champion du monde en 125 cm³ en 2011. Il portera désormais cette même bannière en Moto2. La direction du team souhaitait mener cette nouvelle aventure avec nous."

"Nous" : Zarco et Fellon. Ils ont tout connu ensemble. Le premier a 10 ans quand il découvre la moto par hasard, en location, dans la région de Cannes, où il est né. "Je m'étais pris au jeu et, avec l'aval de mes parents, on m'a donc dirigé dans un moto-club", se souvient Zarco qui s'essaye d'abord en loisir sur des automatiques, puis sur des motos à vitesse dans des courses. Bien vite, un mécano devient nécessaire. Fellon, lui-même ancien pilote, sera celui-ci.

Le contact s'est noué sur la piste d'Eyguières. "Mon père n'était pas issu de ce milieu, indique Zarco, mais il s'est fié à Laurent, car il le sentait honnête et sincère dans son travail." Fellon collaborant, alors, pour Polini, sponsor d'une équipe engagée en championnat de France de 50 à vitesse, Zarco allait ainsi s'aligner dans cette compétition, avant de passer en pocket-bike, en Italie. Un vrai test pour l'apprenti pilote. Sa véritable voie aussi.

"Il n'y a que ça qui me captivait véritablement, avoue, aujourd'hui, celui qui a enfourché une 125 cm³, en 2007, dans le cadre de la Red Bull Rookies Cup où ses qualités l'ont conduit jusqu'à la victoire finale. Pour moi, ce championnat, qui se déroulait en lever de rideau des grands prix, fut un sacré coup d'accélérateur en matière de notoriété. Cela m'a également permis d'acquérir les bases essentielles en matière de pilotage en vitesse moto."

"En fait, Johann est doué, mais il est surtout bosseur et à l'écoute de ses aînés, enchaîne Fellon. Du coup, il a suffisamment assimilé de choses pour franchir des caps."

Pour progresser, Zarco n'a pas hésité non plus à quitter sa famille, à l'âge de 17 ans, pour venir s'installer donc chez Fellon et Andrea, sa femme. Son autre famille. "Quand j'ai décidé de m'engager dans la moto à 100 %, Laurent m'a hébergé, raconte Johann Zarco, qui dormait sur le canapé du salon. Il fallait que je vive moto (sic). Dès lors, Laurent et son épouse m'ont accepté chez eux. Ils ont un grand coeur. C'est la raison pour laquelle, le lien est très fort avec eux. D'ailleurs, si le drapeau de la Hongrie figure sur mon casque, à côté de celui de la France, c'est parce qu'il s'agit du pays d'origine d'Andrea."

La Hongrie. C'est là-bas que Zarco a également accompagné Fellon, son "second père" préparateur de pots d'échappement, une activité à laquelle le jeune pilote a pris part, ce qui a contribué encore à compléter sa formation. "J'ai appris la mécanique sur le tas, se félicite-t-il. Il fallait que j'aie la moto dans les veines et cette expérience m'a donné les clés fondamentales afin de pouvoir vivre pour ça."

L'objectif est atteint et la Hongrie occupe également une large part dans cet accomplissement. On est à l'été 2008. Gabor Talmacsi, champion du monde GP 125 en titre et héros national, allait accepter d'effectuer un test avec Zarco, tout juste sacré en Rookies Cup. Les deux pilotes sont "à la bagarre" et le Hongrois, épaté, lance à son jeune challenger : "Tu mérites ta place en Grand Prix et on va tout mettre en oeuvre pour te trouver un team."

Ce sera chose faite avec le concours notamment de partenaires financiers originaires du Vaucluse (Midi traçages, Agilis). "Mes racines sont ici, désormais", aime souvent à souligner, d'ailleurs, Zarco, le Pontétien d'adoption qui a progressivement évolué dans une structure tout à fait adaptée aux exigences du très haut niveau en Moto2, catégorie où il n'a cessé de grimper dans la hiérarchie (10e au général final en 2012, puis 9e en 2013 et 6e, cette année).

"En 2014, rappelle-t-il, on s'était fixé, comme objectif, de lutter au moins pour le podium. Après avoir joué de malchance durant la première partie de saison, j'ai trouvé mon rythme à partir de septembre et au final, j'ai effectivement décroché davantage de podiums, cette année." Avant de monter d'un cran encore en 2015. Toujours plus vite, toujours plus haut, tel est Zarco.

(*) La catégorie Moto2 est la petite soeur du Moto GP. Les motos sont équipées de moteurs 600 cm³ de 4-temps. Elle remplace la catégorie 250 cm³ depuis 2010.