Benoît Bozza, le biker manager

Benoît Bozza participait au salon de l'auto qui avait consacré un hall aux motos cette année. DR

Entreprise, Economie, Toulouse

Publié le 08/12/2009 à 09:01

J.-P. M.

Pour intégrer une entreprise familiale, il y a deux cas de figure : soit l'on passe directement au sommet de la hiérarchie, avec les inconvénients que cela peut représenter, soit on démarre tout au bas de l'échelle pour faire son apprentissage. Généralement, dans les familles où l'intelligence de l'entrepreneuriat existe, c'est la deuxième solution qui prévaut.

Ainsi chez les Bozza, Benoît, fils passionné de deux roues et de « pots percés bricolés » a eu le permis « voiture » quatre ans après le permis moto ! Il obtient certes une licence de biologie cellulaire… mais ne fera jamais de biologie cellulaire de sa vie ! Il préférera rejoindre American Motos, la concession Harley Davidson Toulouse Midi-Pyrénées rachetée en 1994 par Jean-Louis, son père, et Eugène, son oncle. En 1996 il intègre donc l'entreprise et c'est pour lui l'occasion de goûter « à la passion et au rêve américain »… en participant d'abord aux tâches de base comme le nettoyage des ateliers et des machines avant de passer au secteur commercial ! En 1999, le choix est fait de quitter les locaux en location à Gramont et d'acheter un terrain de 6 000 m² sur l'avenue d'Atlanta pour y construire 2 000 m² de bâtiments : « Nous étions dans les premiers à nous y installer » souligne Benoît Bozza. Faisant preuve de réelles qualités commerciales, il prend la direction des ventes en 2001 puis la direction tout court de la concession en 2006 : en effet, le directeur en poste est parti à Bayonne diriger la concession Côte Basque rachetée avec l'accord d'Harley Davidson.

Le changement d'adresse et des locaux plus adaptés sont le point de départ d'une progression forte et régulière des ventes qui en fait le troisième vendeur en France après Paris : alors qu'en 1999, American Motos vendait une centaine de motos par an, en 2008 ce sont plus de 300 engins neufs et 180 d'occasion qui seront négociés contribuant à un chiffre d'affaires de 6 millions d'euros dans lequel intervient aussi une forte activité de produits dérivés, accessoires et de lignes de vêtements : « nous avons de vraies collections comme dans le prêt-à-porter » indique Benoît Bozza qui, en outre, se réjouit « d'avoir une clientèle captive avec un taux de 60 % de renouvellement, tous les deux à trois ans contre le double auparavant ». Avec une gamme allant de 8 000 à 20 000 euros, pour Benoît Bozza, « le but est de chercher des nouveaux clients et les 40 % manquants » se réjouissant « de la bonne tenue de la côte des Harley ». Alors que, cette année, le marché de la moto souffre, moins 10 % en France, Harley Davidson fait mieux que résister à + 12 % et American Motos plus encore avec +14 %. Aussi se pose naturellement la question de l'expansion : « nous ne sommes pas là pour stagner, on est des entrepreneurs » souligne Benoît Bozza qui regrette fortement de n'avoir pu mettre la main sur la concession Harley de Bordeaux quand elle était sur le marché. Prendre la concession d'une autre marque ? « Pourquoi pas » répond-il, concédant « être à l'écoute dans la conjoncture actuelle ». En attendant, lui qui se dit « très rigoureux », avoue « déléguer le plus possible mais être trop stressé ce qui met les gens sous pression », se donne complètement à la marque américaine. « Mon magasin est ma passion »… et son magasin le lui rend bien ! American Motos a déjà obtenu huit « Awards » lors des conventions bisannuelles d'Harley Davidson dans le Milwaukee : il apprécie ces grands-messes « où il est toujours bien de recevoir une petite piqûre de rappel d'une entreprise qui fabrique des motos depuis 1903 » !