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Paris, le 27 mai 2014

Essai XVS1300 Custom : Yamaha sait bien chopper !

Essai XVS1300 Custom : Yamaha sait bien chopper !

Commercialisée par Yamaha USA depuis 2011 sous l'appellation Stryker, la XVS1300 Custom débarque trois ans plus tard en Europe pour renforcer l'offre custom de la marque aux diapasons. MNC est parti On the road again avec cette moto typée chopper. Essai.

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XVS1300 Custom : pas que de la gueule !

Élaborée à partir d'une XVS1300 Midnight Star, la XVS1300 Custom en reprend le moteur (un bicylindre en V de 1304 cc, discrètement refroidi par eau), l'essentiel de la partie cycle (cadre double berceau en acier, notamment) ainsi qu'une bonne partie des périphériques et de l'habillage.

Du neuf avec du vieux, donc ? Pas tout à fait... Grâce à plusieurs modifications d'importance, la Yamaha s'est encanaillée et adopte dans cette version "Custom" plusieurs attributs du genre chopper. A commencer par sa roue avant de 21 pouces, repoussée - très ! - loin devant la moto tant la fourche de 41 mm est inclinée (40° d'angle de chasse).

Pour éviter que cette géométrie extrême ne transforme la XVS1300 Custom en enclume, Yamaha a adopté une astuce courante chez les préparateurs : la colonne de direction est en réalité ouverte de 34°, les 6 degrés supplémentaires étant obtenus via un déport des tés de fourche. Malin, et surtout indispensable pour conserver un comportement cohérent.

L'empattement n'est pas en reste puisque 1755 mm - l'équivalent d'un homme adulte de taille moyenne ! - séparent l'axe des jantes à cinq bâtons recourbés, entourées de Bridgestone Exedra de 120 mm à l'avant et de 210 (!) à l'arrière. Le poids est à l'avenant de ces dimensions intimidantes : 293 kg lorsque le réservoir de 15 litres est plein.

Aussi longue (2535 mm) que basse de selle (670 mm), la XVS1300 Custom inspire le respect et l'oeil s'attarde avec plaisir sur sa silhouette hors normes. Ses deux silencieux noirs terminés par des embouts en métal chromé habillent élégamment son flanc droit, tandis que son majestueux V-twin aux ailettes supérieures fraisées attire immanquablement le regard.

Moderne pour sa catégorie, ce bloc - dont les huit soupapes sont actionnées par un simple arbre à cames - reçoit l'injection, deux arbres d'équilibrage et des cylindres en céramiques composites. Ses énormes pistons de 100 mm de diamètre sont montés sur le même maneton et transmettent leur énergie à la roue arrière via une courroie.

Les enveloppants garde-boue en acier plairont aux amateurs de customs "authentiques", tout comme le qualitatif cuir de la selle. Sous cette assise se dissimule par ailleurs une trousse à outils mais aucun espace de rangement. Une lacune courante dans la catégorie, de même que l'absence de charnière sur le bouchon de réservoir et de réglages sur les leviers et la fourche (uniquement précharge à l'arrière).

Les habitués ne s'en offusqueront guère, pas plus qu'ils ne pesteront contre l'exercice demandé pour insérer la clé de contact non codée devant l'instrumentation. Celle-ci possède une aiguille indiquant la vitesse et un écran multifonctions avec l'heure, deux trips, un odomètre et une jauge à essence. Peu lisible car trop petite, cette fenêtre digitale est en revanche pratique car commandée par un bouton situé sur le commodo droit, à côté de l'interrupteur des warnings.

Très attirante et élégante vue dans son ensemble (notamment de trois quarts arrière grâce à son feu à LED façon MT-01, ses multiples pièces noires et son gros gommard), la XVS1300 Custom dévoile toutefois dans le détail plusieurs petites fautes de goût.

Passe encore les autocollants en forme de griffes sur le réservoir et l'abondant recours au plastique chromé (jusqu'aux caches des carters et culasses et le capotage de l'instrumentation), mais l'injection mal camouflée, le fouillis de fils et de gaines autour de la colonne de direction et les soudures moyennes sont plus difficilement pardonnables...

Yamaha fait habituellement nettement mieux faire en la matière et l'a récemment prouvé avec son nouveau custom XV950 Bolt. Ce n'est donc pas grâce à sa finition que la XVS1300 Custom fera de l'ombre aux chromes de la production custom de référence, à savoir Harley-Davidson...

Etonnamment facile et dynamique

Au regard de son aspect plutôt radical, la XVS1300 Custom s'avère étonnamment accueillante. La selle est épaisse et suffisamment creusée pour soutenir les lombaires, les repose-pieds ne sont pas exagérément fixés vers l'avant et son guidon plat ne demande pas des bras d'orang-outan pour être attrapé.

Certes, la forme bombée du réservoir induit un certain écartement des genoux, les poignées sont épaisses et le guidon plutôt large, mais l'ensemble est cohérent et la prise en mains est finalement très facile. La direction est loin d'être aussi "collante" que son inclinaison le laissait craindre, l'inscription sur l'angle est naturelle et la moto - très bien équilibrée - devient auto-stable à faible allure.

Bien sûr, l'espace demandé pour faire demi-tour (6,15 m mesurés), le poids élevé, la faible garde au sol et surtout la roue avant située à des kilomètres du pilote demandent une certaine habitude. Mais beaucoup de customs se montrent plus contraignants et "gauches", surtout en agglomération où la XVS1300 Custom se faufile avec une relative aisance !

Plutôt dur à actionner, l'embrayage se rattrape par son excellente progressivité tandis que la boîte à cinq rapports est aux standards de la catégorie (lente et assez bruyante) mais précise. L'injection ne brille pas toujours par sa douceur, notamment à la reprise de gaz où une courte latence se fait parfois ressentir. Il en résulte de légères hésitations, auxquelles s'ajoutent de sensibles à-coups en provenance de la transmission par courroie.

Autre point négatif lié à la transmission finale : son braquet très élevé. La XVS1300 Custom tire vraiment long et demande par exemple de rester sur le premier rapport en dessous de 30 km/h. Certaines manoeuvres à très basse vitesse exigent par conséquent le renfort de l'embrayage, et il faut atteindre les 80 km/h pour enclencher le cinquième rapport sans faire peiner le bicylindre.

Pour doubler en toute sécurité sur le réseau secondaire, rétrograder en quatrième est donc impératif ! Malgré cette caractéristique pénalisant ses relances, le moteur fait état d'un rendement surprenant, bien aidé par son couple important (103 Nm à 3000 tr/mn) et sa puissance satisfaisante pour la catégorie (72,1 ch à 5500 tr/mn).

Le twin se montre disponible et volontaire (hormis à très bas régimes où il cogne vigoureusement), ses accélérations sont franches et sans temps morts. Onctueux et convaincant à mi régimes, le bicylindre se montre relativement alerte à hauts régimes, acceptant sans rechigner - voire avec entrain - de prendre des tours lors d'un dépassement ou entre deux courbes.

Quelques "good vibrations" perceptibles dans les mains et les repose-pieds lui octroient en outre un sympathique caractère. Dommage que sa jolie mélodie soit si timidement interprétée : la XVS1300 Custom pétarade trop silencieusement pour émouvoir et ses sourds crépitements à la décélération semblent étouffés comme un pet dans une salle d'attente...

Facile à faire virer et stable sur l'angle, la Yamaha donne des envies d'évasion façon longues promenades en solitaire, ponctuées de pause contemplatives... Mais l'absence de protection et la sécheresse du mono-amortisseur éloignent rapidement ces doux projets de road trip à la sauce Route 66.

La pression de l'air devient en effet vite fatigante, car concentrée par "l'entonnoir naturel" résultant de la position écartée et tendue des bras et des jambes. Le reste du corps n'est pas à meilleure fête puisque chaque irrégularité du bitume est directement retransmise dans le dos. En même temps, avec un ressort s'ébattant sur seulement 100 mm à l'arrière, on ne pouvait pas s'attendre à des miracles en termes de capacités d'absorption...

Malgré son débattement supérieur (135 mm), la fourche n'offre guère plus de progressivité, la faute à sa positon allongée moyennement compatible avec un efficace coulissement des plongeurs. Très vite débordé à l'avant faute de puissance, le freinage nécessite quant à lui de recourir au convaincant dispositif arrière pour être satisfaisant. Une caractéristique courante chez les customs.

Dommage toutefois que le couplage arrière-avant présent sur les XVS1300 et 1900 Midnight Star depuis 2011 n'ait pas été conservé et qu'un ABS ne soit pas proposé, même en option...

Verdict : easy chopper !

Alors que l'audacieuse Fury a discrètement quitté le catalogue Honda France faute de succès (lire notamment notre Duel exclusif VTX1300 Fury Vs Saxon Firestorm), Yamaha tente sa chance sur le segment des customs sortant du rang avec sa XVS1300 Custom.

Face à l'envahissante et respectée production de Milwaukee, la japonaise possède plusieurs atouts non négligeables pour séduire, à commencer par sa relative facilité d'utilisation, son comportement dynamique convaincant et son tarif attractif (10 999 €).

Son image trop "généraliste" et sa finition perfectible par endroits ne jouera en revanche pas en sa faveur, tandis qu'un rapport de transmission moins élevé permettrait à son vigoureux bicylindre d'exprimer toutes les facettes de ses talents.

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CONDITIONS ET PARCOURS

  • Modèle d'origine
  • 2015 km au compteur
  • Parcours : 160 km (réseau secondaire, ville, voie rapide)
  • Routes : ville, route et voie rapide
  • Pneus : Bridgestone Exedra
  • Consos mesurées : de 6,4 à 7,9 l/100 km
  • Météo : variable
  • Problèmes rencontrés : RAS

POINTS FORTS YAMAHA XVS1300 CUSTOM 2014

  • Facilité et agilité étonnantes
  • Moteur volontaire et punchy
  • Ergonomie bien pensée
  • Tarif placé

POINTS FAIBLES YAMAHA XVS1300 CUSTOM 2014

  • Braquet vraiment long
  • Injection et transmission cahoteuses
  • Poids et géométrie sensibles à basse vitesse
  • Plusieurs détails de finition décevants...