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ESSAI
Paris, le 19 août 2008

Une africaine chez les bretons

Une africaine chez les bretons

Les pistes d’Afrique étant bien lointaines, nous sommes partis tester la nouvelle Ténéré - de Yamaha bien sûr - sur les routes et les chemins verdoyants de Bretagne. Alors, vraie baroudeuse ou trail placide déguisé en aventurier ? Essai !

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Dix ans ! Cela faisait dix ans que les fans de gros monos et de voyages au long cours attendaient un digne successeur à la mythique Ténéré.

Essai Yamaha 660 Ténéré : Une africaine chez les bretons

Même s’il est vrai que les trails monocylindre ont moins le vent en poupe depuis une quinzaine d’années en raison de l’hégémonie des roadsters de moyenne cylindrée, Yamaha ne pouvait laisser s’éteindre cette lignée légendaire, vieille de plus de vingt ans...

Et c'est ainsi que le constructeur aux trois diapasons levait le voile sur sa XT660Z Ténéré millésime 2008 lors du dernier Salon de Paris (lire Moto-Net.Com du 10 septembre 2008)...

Essai Yamaha 660 Ténéré : Une africaine chez les bretons

La nouvelle Ténéré opte pour un look de "baroudeur techno" assez novateur. Finies les formes ventrues et les phares ronds des anciens modèles, les lignes de la Yamaha sont anguleuses, massives et assez agressives.

Elle affiche fièrement sa double sortie d’échappement carrée sous la selle, son énorme réservoir et sa face avant impressionnante qui laisse augurer d’une bonne protection. La finition générale est remarquable, tant au niveau des matériaux que des finitions.

Du sérieux, du sûr, de l’éprouvé !

Essai Yamaha 660 Ténéré : Une africaine chez les bretons

Le coloris de notre machine d’essai, dénommé très justement "Competition White", est assez élégant tout en apportant une petite touche "machine d’usine" dans le plus pur esprit Dakar.

Les autres coloris renforcent encore le côté brute de la Ténéré avec un noir/gris et une sorte de camouflage "Tempête du désert" qui fait presque passer l’engin pour un prototype militaire du 3ème millénaire. Dommage que Yamaha n’ait pas opté pour le fameux coloris bleu/jaune en hommage à ses aînées !

La nouvelle Ténéré ne fait pas dans le révolutionnaire. C’est une machine rustique qui se contente de solutions techniques qui ont fait leurs preuves d’endurance et de fiabilité sur les pistes d’Afrique depuis les premières XT 500.

Essai Yamaha 660 Ténéré : Une africaine chez les bretons Essai Yamaha 660 Ténéré : Une africaine chez les bretons
Essai Yamaha 660 Ténéré : Une africaine chez les bretons Ténéré 600 de 1986 - Essai Yamaha 660 Ténéré : Une africaine chez les bretons

Fourche traditionnelle (mais réglable en précharge), grandes roues de 21 pouces à l’avant et 17 à l’arrière, pneus mixtes et fins, gros réservoir de 22 litres... sont autant d’éléments connus et classiques sur les trails monocylindre.

Equipement routier

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Seules concessions au modernisme, on trouve un magnifique bras oscillant en alu et surtout, deux disques de frein avant de 298 mm.

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La Ténéré arbore un tableau de bord aussi élégant que lisible. En revanche, il ne distille que les informations de base : un odomètre, deux trips (et un de réserve), une horloge, une jauge de carburant mais pas de température extérieure ou moteur.

Dommage également que Yamaha ait fait l’impasse sur l’instrumentation particulière aux machines d’enduro : les trips distance et temps. Néanmoins, un arceau surplombant l’instrumentation permet d’installer facilement un dérouleur de road-book ou un GPS.

Essai Yamaha 660 Ténéré : Une africaine chez les bretons

On trouve également un porte-bagages très pratique qui peut accueillir des valises latérales métalliques de 30 litres (914 € le kit complet, sic !) ou un top-case. Cela sera d’ailleurs nécessaire si l’on désire transporter un antivol digne de ce nom. En effet, on regrette qu’il n’y ait pas un emplacement prévu à cet effet sous la selle.

On n’enfourche pas la nouvelle Ténéré, on l’escalade ! La hauteur de selle de 895 mm se montre vraiment vertigineuse. Si c’est classique pour une vraie machine d’enduro de 100 ou 110 kg et avec une selle très fine, cela s’avère autrement problématique sur la Yamaha et ses 183 kg à sec.

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Ajoutez à cela un réservoir plein de 22 litres de carburant, un centre de gravité haut perché et une assise assez large : vous obtenez une machine délicate à prendre en main et lors des manœuvres effectuées à basse vitesse.

Même en mesurant 1,80 m, le pilote doit humblement admettre ne pas être très à l’aise sur la pointe des pieds des deux côtés. De plus, avec ses grandes roues et ses pneus très fins (90/90x21 à l'avant et 130/80x17 à l'arrière), la Ténéré exige un temps d’adaptation pour que l’on se sente vraiment à l’aise à son guidon.

Poste de vigie

Heureusement, cette hauteur de selle si handicapante à l’arrêt devient un vrai atout en ville ! Elle permet de voir loin au-dessus des voitures et de bien anticiper sa conduite. On est posté tellement haut que l’on a tendance instinctivement à baisser la tête en empruntant certains souterrains bas de plafond...

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Par ailleurs, l’ergonomie générale de la moto est très bonne. Les jambes ne sont pas du tout repliées et le guidon tombe naturellement en main.

Même si ce n’est pas son terrain de prédilection, la Ténéré supporte très bien des trajets en ville et peut même s’avérer un brillant utilitaire pour les motards à longues jambes. Le moteur fait preuve d’une belle souplesse pour un monocylindre tandis que l’injection électronique et la boîte de vitesses ont le bon goût de se faire oublier...

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A l’heure où n’importe quel roadster 600 se voit chaussé de pneus de 120 à l’avant et 180 à l’arrière, il faut réellement se réhabituer à rouler avec des pneus fins. Mais une fois que l’on retrouve certaines sensations peu éprouvées depuis un moment, le plaisir revient en même temps que la confiance.

Le pneu avant de seulement 90 mm de large confère une agilité sidérante qui fait oublier le poids et la hauteur de l’enfin. La mise sur l’angle est rapide et naturelle. Mais pas d’inquiétude pour autant, car les 21 pouces de diamètre de la roue apportent également une stabilité et une tenue de cap hors pair.

La route comme une formalité

Bien entendu, la nouvelle Ténéré n’a pas de prétentions sportives ou "supermotardisantes", mais elle procure un agrément routier certain.

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A l’aise en ville, la Ténéré préfère quand même tailler la route... et le fait très bien ! Le monocylindre de 660 cc se montre plus conciliant que démonstratif. Ses 48,4 ch invitent définitivement plus à la balade qu’à l’arsouille.

Avec le temps, le passage à l’injection et les normes anti-bruit et antipollution, le bloc Yamaha ne propose plus le fameux coup de pied au cul à bas régime que distillait, à son époque, la mythique XT 500. Ce moteur n’offre pas non plus la rage dans les tours des derniers mono KTM... mais ce n’est pas ce qu’on lui demande !

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Si l’on prend soin de ne pas trop descendre sous les 2 000 tr/mn, la Ténéré se montre docile et tracte sans mollir jusqu’à la zone rouge. La première un peu courte – utile en off-road – incite rapidement à passer la seconde sur route.

Les suspensions à grand débattement confèrent une tenue de cap imperturbable sur bon comme sur mauvais revêtement ainsi qu’un confort appréciable. La fourche plonge raisonnablement lorsque les étriers pincent les deux disques de frein avant. Si ceux-ci n’offrent pas un mordant extraordinaire (ce qui est plutôt rassurant sur piste), la puissance est bien au rendez-vous !

Dévoreuse de kilomètres

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Même si les gros monocylindres apprécient peu ce genre d’exercice, la Ténéré acceptera sans rechigner les grandes jonctions par autoroute pour rallier au plus vite, par exemple, les pistes africaines.

Elle tient sereinement une vitesse de croisière de 140-145 km/h compteur qui équivaut à une vitesse réelle comprise entre 130 et 135 km/h. Le régime du moteur se trouve alors entre 5 000 et 5 500 tr/mn, soit à 2 000 tours de la zone rouge.

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La protection du haut du corps se révèle quasi parfaite et le pare-brise ne renvoie quasiment pas de bruit ni de turbulence dans le casque. On regrette en revanche l’absence de pare-mains et un réservoir qui écarte trop les cuisses dans lesquelles le vent s’engouffre.

La selle large et moelleuse procure un confort très honorable. Malgré tout, les heures et les kilomètres passant, on ressent une gêne. Mais celle-ci est plus inhérente à la position droite du pilote – et donc en appui prononcé sur le postérieur – qu’à la forme ou à la consistance de l’assise.

L'équation "Ténéré" est implacable : consommation raisonnable + gros réservoir = autonomie record !

Un vrai chameau !

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En effet, la Ténéré n’est pas très gourmande avec une consommation mixte constatée autour des 5,3 l/100 km. Du coup, avec un réservoir de 22 litres, l’autonomie avant réserve se situe entre 320 et 350 km. Comme la réserve contient au moins 5 litres, il est théoriquement possible de dépasser allègrement les 400 km pour les plus joueurs...

Ce qui est très appréciable sur une moto et particulièrement par les temps qui courent... Car avec la flambée des prix de l’essence, il est bien agréable de pouvoir faire son plein quand on le "veut" (aux stations les moins chères, en dehors des autoroutes, par exemple) et non quand on le "doit" comme sur beaucoup d’autres machines !

Essai Yamaha 660 Ténéré : Une africaine chez les bretons

La Ténéré 2008 est montée d’origine en Michelin Sirac. Ces pneus sont conçus pour une utilisation mixte route et tous-terrains soft. Soft car les crampons sont tout de même peu espacés et peu proéminents.

Ainsi équipée, la Yamaha peut sereinement s’attaquer à des pistes roulantes où sa stabilité et ses grands débattements de suspension (210 mm à l'avant et 200 mm à l'arrière) feront merveille. Mais attention, il faudra tout de même un gros bagage en TT pour s’attaquer à des passages plus techniques comme du sable mou ou des petits chemins escarpés.

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La Ténéré est plus taillée pour les voyages au long cours que les enduros extrêmes : la hauteur de son centre de gravité mais surtout son poids en ordre de marche vous le rappelleront bien assez tôt ! Heureusement, la machine est assez bien protégée des petites chutes à l’arrêt avec son sabot et ses protections en plastique.

Même si ces machines ont moins la cote depuis dix ans, il faut saluer le courage dont Yamaha a fait preuve en osant ressortir un nouveau gros trail mono au long cours. A coup sûr, il y aura éternellement une clientèle de roule-toujours intéressée par ce type de machines.

Yamaha a eu l’intelligence de garder les bonnes recettes du passé mais en leur appliquant les assaisonnements modernes comme le freinage, la tenue de route et la consommation. Souhaitons une belle et longue carrière à cette aventurière réservée aux géants... On vous aura prévenus !

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Commentaires

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Je trouve que la recette a bien vieillie. Le gromono, mis à part sur des machines light et sportives, n'est plus d'actualité. Un bi fait beaucoup mieux, est plus fiable ( vitesse linéaire du piston plus lente ) et ne consomme pas plus. 5,3l poufff !!! c'est ce que me demande ma BM r1150r avec j'en suis sur beaucoup plus de sensations. Pour finir le design ne me convainc pas, beaucoup trop d'esbrouffe et un regard de robot peu sympatique. La Ténéré 600 de 1986 était ma première moto mais en ces temps là son nom avait un sens et traduisait le rêve d'évasion du fameux Dakard, celui de Thierry Sabine. Salut.

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CONDITIONS ET PARCOURS

  • 1 300 km
  • Ville, autoroute, nationales, routes de campagne
  • 5,3 l/100km
  • Problèmes rencontrés durant l'essai : néant

POINTS FORTS

  • Protection et confort
  • Consommation et autonomie
  • Polyvalence route/piste

POINTS FAIBLES

  • Hauteur de selle problématique
  • Prix des valises en option
  • Mono peu démonstratif
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