Essai comparatif Kawasaki Z900, Suzuki GSX-S750 et Yamaha MT-09 : Élection du meilleur roadster japonais "maxi-mid-size"

Fidèle à la philosophie de la Z750, la Z900 continue de proposer le plus gros moteur sur son segment : un 4-cylindres en ligne - "what else ?" - de 948 cc, 125 ch et 98,6 Nm (fiches techniques et commerciales en dernière page). Par rapport à la devancière Z800, la cylindrée s'élève de 140 cc, les puissance et couple maxi gagnent 12 chevaux et 15,6 Nm !

Comparé à ses deux adversaires du jour, la Kawasaki en impose aussi : elle compte d'une part, 101 cc, 10 ch et 11,1 Nm de plus que le 3-cylindres Yamaha dorénavant homologué Euro4, et de l'autre, 199 cc, 9 ch et 17,6 Nm de plus que le 4-pattes Suzuki qui a pourtant gagné 8 ch et 1 Nm en 2017 (Vs GSR750).

Dérivé du moteur de la Z1000 - à qui il ne rend qu'une centaine de centimètres cubes ! -, le moteur de la Z900 domine également ses rivaux sur le plan sonore : si le "petit" 750 de la GSX-S s'exprime fort bien, la Z900 possède la tonalité la plus profonde au ralenti et génère des grognements plus marqués à l'ouverture des gaz.

Mais il y a d'autres domaines où la Kawa est contrainte de s'incliner, comme l'équipement par exemple. Afin de lui assurer un tarif placé - cent euros sous la Yam ! -, les Verts ont choisi de la doter de quelques éléments rudimentaires, à l'image de ses étriers à fixation axiale (radiale sur les concurrentes).

La "Zed" fait également l'impasse sur les commandes au guidon... ce qui n'est pas si grave ou gênant au fond, puisqu'à la différence de la Yamaha, la Kawasaki ne propose qu'une seule cartographie moteur (idem sur la Suzuki, contre trois modes sur la Yamaha, nous y reviendrons).

La Kawa est en revanche la seule du trio nippon à ne pas embarquer de contrôle de traction : avec elle, le pilote est seul maitre à bord ! Certains motards - les vrais, les durs - s'en féliciteront. D'autres plus modestes ou prudents regretteront de ne pas bénéficier de cette assistante parlementaire béquille électronique. MNC se prononcera en page suivante...

Si les Verts avaient assurés à Moto-Net.Com lors du lancement presse de la Z900 que ces aspects sommaires étaient dictés par son approche "brute" (le fameux "Refined Raw" des plaquettes commerciales), le Journal moto du Net les soupçonne toujours d'avoir voulu laisser quelques arguments à leur "cher" Z1000...

Toute nouvelle Z900

À l'inverse, Kawasaki a mis le paquet sur le châssis de sa nouvelle Z, la dotant d'un inédit cadre treillis en acier, conçu à la manière de ceux des Ninja H2/R ! Il participe grandement à l'impressionnante baisse de poids entre la "huit-cents" et la "neuf" : 19 kg de perdus... pour 12 ch de trouvés ! Chouette opération.

D'un point de vue esthétique, on peut néanmoins reprocher à la "Zed" les habillages latéraux en plastique gris clair qui cachent sans doute des soudures - trop ? - grossières, mais dénotent trop avec le cadre à la teinte gris foncé... ou vert métallisé sur l'un des trois coloris proposé sans rallonge tarifaire !

Bien plus légère que la Z800, la Z900 se veut aussi plus accessible grâce à sa selle abaissée de quasiment 4 cm, soit 795 mm, contre 820 mm sur ses deux rivales du jour. Question poids, la Kawasaki demeure loin de référence Yamaha (193 kg tous pleins faits) mais elle parvient à rendre la Suzuki "verte" de jalousie...

La GSX-S750 pèse en effet trois kilogrammes de plus que la Z900 : comme pour la GSR750, la balance de Suzuki affiche un poids TPF de 213 kg. De visu d'ailleurs, la "Sept-et-demi" parait plus imposante que les deux "Neuf-cents", avec son réservoir et ses écopes de radiateur alambiquées et sa boucle arrière plus arrondie.

Il faut cependant saluer le boulot accompli par Suz en matière de finition : la GSX-S750 est notamment la seule de "nos" trois machines à bénéficier d'un grand sabot moteur, assorti à la couleur de la machine SVP ! Il occulte complètement le disgracieux catalyseur que l'on pouvait voir sous la GSR.

En copiant la GSX-S1000, le nouveau roadster 750 de Suzuki se veut plus "haut de gamme" que le précédent. Ses lignes gagnent en fluidité, ses disques de freins sont usinés "façon" pétales (comme la Z), ses étriers avant sont montés "en mode" radial (pas comme la Z !) et ses jantes "claquent sa mère" (10 petites branches contre trois gros bâtons sur la GSR).

En piquant à la "Mille" son tableau de bord, la GSX-S750 se dote du meilleur combiné du trio : le modèle compact, rond à fond noir de la Z900 est un peu moins lisible, tandis que la version excentrée et plate (donc plus sensible aux reflets) de la MT-09 ne peut être commandé à partir du guidon...

Plus sexy, la GSX-S750 se veut plus "gexy" aussi grâce à ses 114 chevaux décrochés à 10 500 tr/min. Le coloris que Suzuki France nous a réservé ajoute une touche sportive : il s'agit d'un bleu quasiment aussi électrique que celui de la GSX-RR, le prototype de Grand Prix piloté cette saison par Andrea Iannone et Aleix Espargaro !

Nouvelle GSR750 GSX-S750

La Suz est également disponible en rouge ou en noir mat. Mais sachez que pour bénéficier du troisième coloris "Full Black", il vous faudra aligner 200 euros de plus ! La plus petite moto de ce comparatif devient ainsi la plus onéreuse, franchissant le seuil psychologique des 9000 euros : qui l'eut cru, surtout de la part d'une Suzuki ?

Pour le même prix que la Z900, la GSX-S750 (bleue ou rouge) comprend un contrôle de traction réglable sur trois niveaux et désactivable. Une assistance que l'on retrouve sur "notre" troisième machine, la mieux équipée puisqu'elle bénéficie comme la Kawasaki d'un embrayage antidribble... et embarque en sus un quickshifter !

Les Bleus d'Iwata le soulignent à juste titre : leur nouvelle MT-09 "est devenue une Hyper Naked encore plus affûtée et à la pointe de la technologie". Certes ses suspensions ne sont pas celles, électroniques, de l'exclusive MT-10 SP, mais sa fourche est désormais entièrement réglable (précharge et détente uniquement avant 2017).

Si la "Aimeté" conserve tel quel son sublime cadre en aluminium - dépourvue de toute soudure, câble ou imperfection ! -, elle change de boucle arrière. Celle-ci a beau être raccourcie de 30 mm, elle accueille une selle allongée de 1,3 cm (!), rehaussée de 0,5 cm et redessinée.

Le feu arrière de la MT-09 est totalement revu, sa coque désormais soigneusement intégrée n'étant pas sans évoquer celle des S1000RR de BMW... Il faut beaucoup plus d'imagination pour considérer que ses LED forment un "M", comme le suggère Yamaha. Le "Z" de la Kawasaki est mieux réussi.

Le nouveau support de plaque déporté allège nettement l'allure de la MT-09 vue de la droite, mais il alourdit bien trop son profil gauche. Bien qu'ajourée et en alu, l'excroissance ne convainc guère. Sur la balance Yamaha, la MT prend d'ailleurs 2 kg. Elle conserve cependant une confortable marge sur ses concurrentes.

La MT-09 reconduit naturellement son distinctif 3-cylindres, or cette version 2017 du "CP3" ne sacrifie pas le moindre cheval ni même un dixième de newton-mètre sur l'autel de la norme Euro4. En revanche, le roadster Yamaha perd son joli embout d'échappement...

Vu de loin, le minuscule - habillage de - silencieux de la nouvelle MT ne parait pas très différent de l'ancien. Mais en se penchant d'un peu trop près, Moto-Net.com se rend compte que le malheureux tube d'échappement n'est pas complètement caché. Dommage.

Mise à jour MT-09 2.0.17

Reste que la Yamaha dispose du plus discret des échappements. Il se loge sous le joli bras oscillant banane et allège - encore - la ligne de la moto. Sur la Kawasaki, le pot est compact mais massif, tandis que la Suzuki fait le choix d'un élément bien plus volumineux mais dépourvu de vilaine chambre d'expansion sous le moteur. À l'ancienne, quoi !

Chez Yamaha, la seule touche accordée aux nostalgiques des années 90 est le coloris de "notre" MT-09. Sa robe grise est un peu terne à notre goût, mais ses dessous sont drôlement affriolants : des jantes jaune fluo, il fallait oser ! À côté, les roues noires de la Suz paraissent bien tristes. Heureusement que celles de la Kawa sont surlignées d'un liseré... vert !

"La première impression est primordiale", observe Yamaha sur la page officielle de son roadster 900. "Or avec sa nouvelle face avant à double optique à LED et son style agressif, la MT-09 fait tourner toutes les têtes"... Ce qui ne signifie pas faire chavirer tous les coeurs, loin de là.

Le "front" de la MT-09 est davantage dégarni en raison du fin éclairage "Full LED", et les quatre vis qui le traversent aurait pu accueillir, d'origine, un petit saute vent, non ? Celui-ci aurait permis une meilleure intégration du compteur, moins haut et moins décalé que sur l'ancien modèle toutefois.

Lors d'un sondage exclusif MNC réalisé auprès d'un échantillon pas du tout représentatif de la population motarde français, la MT-09 n'a récolté aucune intention de vote sur le critère "esthétique". Mais il faut se méfier des sondages... Et puis, MNC comme l'essentiel des motards ne s'intéressent pas uniquement au physique de leur partenaire. Leurs comportements et beautés intérieures valent plus que leurs postures et promesses, non ?! En route.