Vidéos, déclarations et analyse du SBK à Magny-Cours

Certes, les conditions climatiques ultra piégeuses endurées ce dimanche à Magny-Cours ont largement contribué à rendre cette ultime manche du World Superbike 2012 incroyablement palpitante ! Toutefois, les pilotes et leurs montures ont, eux aussi, joué un rôle déterminant dans ce formidable bouquet final...

Disputée sur une piste humide, la première manche a notamment connu un nombre incroyable de rebondissements - comprenez de "chutes", puisque douze pilotes seulement ont franchi la ligne d'arrivée ! - mais le moment le plus stupéfiant restera bien sûr la chute de Max Biaggi.

C'est au freinage d'Adélaïde, dès le troisième passage, que l'Empereur Romain s'est répandu de tout son long. Biaggi assurera par la suite n'avoir rien compris, et on le croit volontiers : droite comme un "i", sa RSV4 a subitement perdu l'avant et s'en est allé tournoyer dans les graviers.

Sans les lourdes cabrioles de son Aprilia, l'infatigable Corser corsaire (41 ans !) aurait certainement repris la piste afin de récolter quelques points, comme il avait pu le faire par exemple lors de la seconde course allemande au Nürburgring.

Au lieu de cela, Biaggi a été contraint de regarder la fin de la course du fond de son stand, la calculatrice à la main, en compagnie de son fan n°99 Jorge Lorenzo. Une demi-heure plus tard le verdict tombait - lui aussi ! - : une cinquième place en deuxième manche assurerait son second titre Superbike au célébrissime n°3.

Biaggi, un homme - presque - comme les autres

Ainsi, la grande finale du dimanche après-midi n'a pas été aussi folle que celle qui opposa il y a dix ans Colin Edwards à Troy Bayliss sur la piste d'Imola. Néanmoins, il fallait avoir le cœur bien accroché pour suivre cette "der des der" où Biaggi, encore une fois, a fait preuve d'une certaine fébrilité... humanité ?

En effet, Max a du s'y prendre à deux fois pour dépasser son jeune compatriote Davide Giugliano ! Mordant les vibreurs à plusieurs reprises - mais pas la poussière, ouf ! -, le pilote Aprilia s'est montré par la suite plus solide, en particulier au moment de doubler Carlos Checa pour acquérir la fameuse cinquième place.

Ce dépassement avait d'ailleurs valeur de symbole puisque ce faisant, Biaggi récupérait la couronne mondiale que "El Toro" justement lui avait ravie la saison dernière ! De plus, en devançant l'un des meilleurs pilotes du plateau juché sur la moto la plus rapide ce dimanche - Guintoli puis Giugliano ont établi les meilleurs chronos en course -, Biaggi évitait de passer pour un "simple" stratège...

Il s'agit pour Max du sixième sacre mondial en vitesse moto : quatre en Grand Prix 250 et deux désormais en World Superbike. Le sextuple champion s'arrêtera-t-il au sommet de sa gloire ou tentera-t-il de défendre son titre l'an prochain ? Impossible de le prédire : il vous faudra rester connectés à MNC !

Toutefois, l'avance minime de l'Italien au classement final pourrait éventuellement faire pencher la balance du côté de la retraite. Dominé par Melandri à Moscou, Biaggi a bien failli céder ce week-end sous les coups d'un Ninja anglais dénommé Tom Sykes !

Un demi-point pour un titre mondial

Lors de sa première interview en tant que Champion du Monde 2012, Max convenait volontiers que Tom méritait lui aussi ce titre : "cette fois-ci c'est mon tour, le prochain sera le sien", remarquait-il avant de lâcher sur le ton de la plaisanterie : "nous avons un accord !"

Quoiqu'il en soit, cette saison de Mondial Superbike restera comme l'une des plus mémorables de ce quart de siècle. Et la bataille pour le titre disputée entre trois pilotes jusqu'à l'ultime course, ou le demi-point séparant le champion du vice-champion n'en sont pas les deux seules raisons !

En effet, on retiendra aussi que neuf pilotes ont gravi cette année la plus haute marche du podium : outre Max Biaggi (5 succès cette saison), Tom Sykes (4) et Marco Melandri (6 !), Sylvain Guintoli s'est imposé trois fois, Jonathan Rea deux, tandis que Loris Baz, Chaz Davies et Eugene Laverty ont tous les trois décroché une victoire chacun.

Cinq autres pilotes ont également eu la joie de sabrer le Champagne : Leon Haslam à cinq reprises, Davide Giugliano (2), Michel Fabrizio, Leon Camier et Jakub Smrz. Enfin, l'homogénéité du championnat est illustrée par la présence de cinq constructeurs dans le Top 5 final du classement "pilotes" !

Il n'y a guère qu'en termes de qualif' que les statistiques trahissent un léger déséquilibre : en remportant neuf Superpole sur 14 épreuves, Tom Sykes et sa ZX-10R se sont imposés comme étant le duo le plus véloce du World Superbike 2012 !

La dernière tournée pour Sykes

D'ailleurs, le n°66 et sa Ninja détiennent depuis Monza le nouveau record absolu de vitesse en catégorie Superbike : 339,5 km/h à l'aspi' des anciens détenteurs Biaggi et sa RSV4 (lire l'encadré dans MNC du 5 mai 2012 : coup de pole pour Sylvain Guintoli !).

Une fois malheureusement - pour Sykes, pas pour Biaggi ! -, le 4-cylindres en ligne d'Akashi ne s'est pas montré à la hauteur. C'était il y a deux semaines à Portimao durant la seconde manche portugaise : la casse du moteur Kawa' avait valu l'un des rares zéros pointés de la part de Tom cette saison.

De même, si l'Anglais avoue humblement qu'il a perdu quelques points par sa propre faute au cours de l'année, il n'a pu s'empêcher de tacler Ayrton Badovini lors du compte-rendu de la seconde manche à Magny-Cours qu'il venait de remporter brillamment...

"J'ai fait quelques erreurs, pas trop - je touche du bois -, et le team aussi mais c'est dans ces moments là que je maudis Ayrton Badovini, d'autant plus que le gars ne s'est même pas excusé". Heureusement, il en faudrait plus - peut-être pas beaucoup ?! - pour effacer le large sourire qu'arbore quasi continuellement le sympathique Sykes.

Sympathique et très attentionné, comme le prouve son casque aux couleurs de son ancien coéquipier au n°17, qu'il a porté tout le week-end : "au final nous signons la pole position, le record du circuit, deux podiums et je voudrais les dédier à Joan Lascorz qui m'a un peu aidé ce week-end : reprendre 30 points à Biaggi était magique".

Vainqueur de la "der des der", le vice-champion 2012 aurait également brillé lors de la fête de fin de saison la nuit dernière. C'est en tout cas ce que postait sur Tweeter son camarade gallois Chaz Davies, aux alentours de 3 heures du matin !

Les Irlandais - du nord et du sud - Jonathan Rea et Eugene Laverty quant à eux n'ont "gazouillé" qu'en début d'après-midi ce lundi. Les deux membres du "club des 6 heures du matin" avaient visiblement mal au crâne, et ce n'était pas à cause d'un highside...

D'autres pilotes se sont également réveillé le corps en vrac ce matin, la faute cette fois-ci à de lourdes chutes sur le tarmac nivernais... Trois pilotes ont particulièrement dégusté hier sur la piste : il s'agit de Leon Camier - courageux 10ème en seconde manche -, de Marco Melandri - auteur de cinq bulles en six courses... - et de notre compatriote Loris Baz !

Heureusement pour le clan français, la chute - a posteriori sans gravité - de Bazooka a été la seule source d'inquiétude ce dimanche. Sylvain Guintoli et Maxime Berger ont même su enflammer le public de Magny-Cours pendant les deux courses de Superbike !

Les Frenchies "en or" chez eux aussi !

Nos n°50 et 121 préférés ont ainsi bouclé de fort belle manière une saison agitée : après avoir été remerciés sans nul ménagement par le même team à quelques semaines d'intervalle, Sylvain et Maxime ont respectivement trouvé refuge chez Ducati Pata et Ducati Roma Red Devils, qui ne peuvent que se féliciter de leur avoir confier un guidon !

Vainqueur de la première manche et troisième de la seconde, "Guinters" a marqué le même nombre de points que l'excellent Tom Sykes. En prime, le pilote drômois a offert à la 1198 sa dernière victoire et son dernier podium !

Lestée de six kilogrammes par rapport aux 4-cylindres (171 kg contre 165), la Superbike de Bologne n'a pas réédité en 2012 sa superbe prestation de l'an dernier en compagnie de Carlos Checa. Ce week-end, la belle Italienne a tout de même profité de la pluie et de la dextérité de Sylvain pour tirer une impeccable révérence.

Sur la même machine, Maxime Berger a décroché son meilleur résultat dans cette catégorie reine du Mondial Superbike : une quatrième place en première manche qu'il doit lui aussi à sa virtuosité sur le mouillé. Gageons que ce beau résultat lui permettra de conserver un guidon dans la cour des grands l'an prochain !

Dans la cour des plus petits, un autre Français a gravi la plus haute marche du podium ce week-end : aux commandes de sa CBR, Jules Cluzel s'est magistralement imposé en catégorie Supersport face à son coéquipier Sam Lowes, à un méconnu Dan Linfoot, et à un - trop - agressif Kenan Sofuoglu.

Le rookie n°16 - à ne pas confondre avec le double champion de la discipline, Sébastien Charpentier, qui portait lui aussi le n°16 ! - peut être très fier de sa première année : Jules partage avec le triple champion turc le nombre de victoires cette saison (4) et bat même Kenan au nombre de poles (5 contre 1 !).

Moto-Net.Com le rappelle à ceux qui n'auraient pas suivi les courses de dimanche en quasi-direct sur notre site : grâce à sa quatrième victoire, le Coq Supersportif a assuré à Honda son neuvième titre constructeur dans ce championnat qui existe depuis 16 ans.

Enfin, pour la première fois en quatorze ans cette fois, un pilote français a mis la main sur la coupe FIM de Superstock 1000 : victorieux à quatre reprises cette saison, Sylvain Barrier et sa S1000RR préparée par le team BMW Italia succèdent à Davide Giugliano sur 1198 et à Ayrton Badovini sur S1000RR "italienne" également.

Hier, notre dompteur de Béhème a fait preuve d'un remarquable sang froid alors que ses deux rivaux pour le titre, Eddi La Marra sur 1199 Panigale et Brian Starring sur ZX-10R, partaient à la faute sur la piste détrempée de Magny-Cours...

Sylvain a fêté son titre sur la deuxième marche du podium aux côtés d'un autre pilote français : Jeremy Guarnoni qui décrochait son premier succès ! Comme à Silverstone donc, la Marseillaise a retenti trois fois ce dimanche. Vivement l'an prochain, que l'on puisse à nouveau voire flotter le drapeau tricolore - bleu blanc rouge, pas vert blanc rouge ! - dans un ciel tout bleu, bleu comme le ciel azuré.