Vidéos, déclarations et analyse du SBK à Assen

Jusqu'à hier, la plus belle victoire de Sylvain Guintoli était celle qu'il avait décroché en 1995, lors de sa première course en championnat scooter au Mans (lire notre Fiche MNC de Sylvain Guintoli)... D'après lui, le pilote français n'avait pas connu de succès aussi mémorable depuis.

Il faut dire aussi que notre n°50 national n'est monté qu'à une seule reprise sur la plus haute marche du podium à l'issue d'une "vraie" course de vitesse : c'était en 2009, à l'occasion de sa toute première course - encore ! - disputée en championnat de Superbike anglais à Brands Hatch...

Mais jamais avant ce dimanche, en 80 départs en Grand Prix 250 cc puis 38 en catégorie MotoGP et 58 en World Superbike, jamais le Drômois n'avait décroché une première place dans une compétition de niveau mondial. Pour rappel, sa plus belle prestation en Grand Prix restera sa 3ème place... au GP 250 des Pays-Bas 2003, disputé sur le mouillé, oui déjà !

C'est dire si cette victoire du 22 avril 2012 en Hollande était attendue ! Un premier succès de rang international que le futur trentenaire (le 24 juin prochain) a obtenu en deux tours, ou plus exactement en treize boucles sur piste sèche puis neuf sur piste inondée...

Qualifiés sur la grille à la dernière place - oooh... - de la première ligne - aaah ! -, Sylvain et sa Ducati étaient déjà dans le coup sur le sec : après un mauvais départ (son point faible, relire notre Fiche MNC de Sylvain Guintoli !), notre Frenchie avait réussi à rester dans le bon wagon et avait même profité de la mini panique créée par le pépin technique de la Kawasaki n°66 de Tom Sykes pour prendre la roue du leader Marco Melandri . Puis la pluie est apparue...

Un changement de gomme et quelques clics dans les suspensions plus tard et notre cher Syl' loupait encore son départ, abordant ce second tour de manière prudente. De façon plus réfléchie en tout cas que Leon Haslam qui chutait bêtement alors qu'il possédait une gigantesque avance sur ses petites camarades (10 secondes) suite à la chute de Jonathan Rea !

Guintoli s'est également montré plus raisonnable que le jeune Ayrton Badovini. Le pauvre se voyait déjà offrir à BMW sa première victoire au guidon de sa S1000RR italienne, au nez des pilotes officiels ! Mais une dérive incontrôlable de son pneu arrière en a voulu autrement.

Victoire en deux tours en Hollande

Attention toutefois : notre compatriote ne s'est certainement pas contenté de contempler ses concurrents tomber. Le n°50 a notamment du dépasser les deux derniers champions de la catégorie, Max Biaggi puis Carlos Checa Themselves !

Avec Max d'ailleurs, Sylvain a été le seul à descendre sous les 1'59 lors de cette seconde moitié de première manche. Bien plus fort encore : notre compatriote a été le seul à passer la barre des 1' 58, décrochant ainsi haut la main la récompense du "meilleur tour" décerné par Pirelli.

Grâce à cet incroyable rythme, Sylvain laissait s'expliquer entre eux les pilotes semi-officiels du team Ducati Althea - le champion Checa et le rookie Giugliano - et, un peu plus loin mais tout aussi motivés, les pilotes officiels du team Aprilia Racing - le champion Biaggi et le turbulent Laverty...

On retient d'ailleurs que ce week-end, les trois hommes forts de ce début de saison 2012 ont été pris au dépourvu : outre la météo identique pour tous les coureurs, le Toro n°7 et le Pirate n°3 ont été bousculés par leurs coéquipiers plus efficaces sur l'ensemble des deux manches.

En ce qui concerne le Ninja n°66, Tom Sykes, c'est sa machine qui lui a joué un bien mauvais tour pendant la première manche. Sans son problème de clip sur la durite de radiateur, Tom aurait certainement pu jouer la gagne durant le sprint final de la première manche.

Les favoris 2012 menacés

Car les lecteurs de Moto-Net.Com s'en souviennent parfaitement (pour les petits nouveaux ou les vieux qu'Alzheimer guette, lire MNC du 5 septembre 2011) : dans des conditions similaires que le pilote anglais avait décroché sa première victoire en WSBK, pendant la seconde manche du Nürburgring l'an dernier !

Rappelons au passage - ça ne fait pas de mal - que Sylvain Guintoli s'était également illustré, terminant cette même course apocalyptique à quatre secondes de Tom Sykes, et devançant son propre coéquipier Jakub Smrz (3ème) de plus de 18 secondes.

Au classement provisoire désormais, c'est un Biaggi sauvé "par les" eaux qui figure en tête avec 92 points. Carlos Checa, qui n'est qu'à un seul point de l'Italien, sait que cet écart sera bien plus grand à l'issue du prochain rendez-vous fixé sur le rapide tracé de Monza... Trop rapide à vrai dire pour les bicylindres Ducati !

Tom Sykes, qui se trouve à 12 longueurs de l'Espagnol, devrait lui aussi profiter de cette épreuve italienne programmée dans deux semaines pour revenir sur le champion du monde en titre.

Un champion qui, en plus de s'être fait battre en première manche par son jeune coéquipier malgré une belle attaque dans l'ultime chicane du tracé hollandais, a eu la mauvaise idée de sélectionner des pneus pluie pour la seconde manche, tablant sur l'arrivée d'une averse... qui n'est jamais tombée !

Jonathan Rea, que l'on ne remerciera jamais assez pour le spectacle incroyable qu'il nous a offert en première manche, avait lui effectué le pari inverse.

Pneus pluie contre pneus slick !

"La course était déclarée mouillée mais la piste séchait rapidement donc nous surveillions de près la météo, bien aidé par notre expérience ici", analyse le coordinateur du team Honda Ten Kate basé à une cinquantaine de kilomètres au nord du circuit d'Assen.

"A la dernière, mais vraiment à la dernière minute, nous avons décidé de partir sur des slicks", poursuit Pieter Breddels, "en fait, nous n'avons eu le temps de changer que l'avant sur la grille. Jonathan a gardé son sang froid alors qu'il perdait quelques places au début, puis a réalisé sa course, doublant ses adversaires un par un".

C'est ainsi que, devant "ses" 56000 spectateurs - cela fait cinq ans que Johnny roule pour Ten Kate sur une Fireblade - le n°65 a privé notre cher n°50 du doublé. Un exploit qu'un Français n'a pas - encore - réalisé depuis Régis Laconi à Misano en juin 2005 !

Pour mémoire toujours - et parce que c'est bon pour le moral - on avait même assisté à un triplé français ce week-end là, puisque Sébastien Charpentier s'était également imposé en catégorie Supersport, suivi de près par Fabien Foret (lire MNC du 28 juin 2005 : Triplé français en Italie !). Guintoli, Berger, Foret - fidèle au poste ! - et Cluzel savent ce qu'il leur reste à faire cette année.

Meilleur "scoreur de la ligue" ce week-end avec 45 points, Sylvain Guintoli ne pourra pas rendre pareille copie à Monza et doit s'apprêter à céder sa 4ème place du provisoire face ses poursuivants disposant de 4-cylindres plus efficaces dans les longues lignes droites du circuit milanais...

Le vice-champion 2011 Marco Melandri notamment, passé à côté de sa première course batave et qui partage actuellement le même nombre de points que notre vedette (66 points), aura certainement à cœur de "corriger le tir" sur le tracé italien à la célèbre forme de pistolet.

Eugene Laverty, mémorable double vainqueur l'an dernier (lire MNC du 8 mai 2011 : WSBK Monza, le rookie Laverty empoche son 1er doublé !) et Leon Haslam (troisième en première manche en 2011) répondront également présents, et tenteront de progresser sur les tablettes du championnat : l'Irlandais et l'Anglais comptent respectivement 34 et 36 points de retard sur le leader Max Biaggi.

Enfin, le sort s'acharne tristement sur le Mondial Superbike : trois semaines après Joan Lascorz, c'est au tour de Brett McCormick d'être sérieusement blessé à la colonne vertébrale, au même niveau, à savoir les cinquième et sixièmes vertèbres...

C'est avec soulagement toutefois que l'on a pu découvrir cet après midi, deux "tweets" du Canadien : "j'ai pensé que je pourrais donner des nouvelles à tout le monde", gazouille le qatrième pilote du team Ducati Libety, "C5 cassée en deux mais sans mouvement ("stable break, NDLR). Pas de dommage nerveux".

"J'attends de savoir quand je pourrais être transférer", précise ensuite le n°68, "merci à tous pour votre soutien ! Ca facilité la tache. Je souris toujours :)". Il nous envoie d'ailleurs la preuve en image. On peut donc pousser un soupir de soulagement à son sujet, tout en continuant à penser, comme tous les pilotes du World Superbike qui arboraient des n°17 sur leurs casques ou motos, au Ninja espagnol : Fuerza Joan !