Vidéos, déclarations et analyse du SBK à Aragon

Hier, l'Italie s'est de nouveau imposée contre en Espagne ! En effet, comme l'an dernier (lire MNC du 19 juin 2011 : Melandri et Biaggi remontent sur Checa !), Max Biaggi et Marco Melandri se sont relayés sur la plus haute marche du podium à Aragon. Mais si en 2011 les deux pilotes italiens en avaient profité pour remonter sur le leader du championnat Carlos Checa, en 2012, ils augmentent leurs propres avances...

Le classement du championnat en ce début d'été est analogue à celui de la saison passée, sauf que les rôles ont été distribués : en tête avec environ 250 points (les demi-points de l'unique course de Monza sont agaçant, non ?) Biaggi compte actuellement 48 points d'avance sur le second Melandri, un peu plus de 65 sur le troisième Rea, et 73 sur Checa quatrième.

Or l'épreuve de République Tchèque programmée dans trois semaines sur le circuit de Brno devrait conforter la situation : pour rappel, Marco et Max avait de nouveau tour à tour devancé Carlos sur les deux podiums de 2011 !

Lestée de six kilogrammes depuis le début de l'année, la Ducati n'est plus l'arme absolue qui avait permis à Carlos de décrocher son premier sacre mondial au terme d'une saison flamboyante : en 26 courses, "El Toro" avait signé 6 poles, avait gravi 21 podiums et remporté 15 victoires !

Incapable de suivre le rythme dans les grandes lignes droites, les bicylindres de Bologne - que cravachent nos compatriotes Sylvain Guintoli et Maxime Berger - poussent leurs pilotes à grignoter sur leur marge de sécurité en courbe afin de rester au contact des 1000 cc 4-cylindres.

C'est d'ailleurs par pure chance que Checa a pu monter sur la troisième marche de "son" podium en première manche : sans la chute de Tom Sykes, causée par l'attaque désespérée d'Ayrton Badovini, le n°7 serait simplement entré dans le Top 5...

Les Aprilia fidèles au rendez-vous

Preuve irréfutable de sa prise de risque augmentée, Checa est déjà parti quatre fois à la faute cette première moitié de saison. En 2011, sur l'ensemble de la saison, il n'avait tâté du bitume qu'à une seule reprise : c'était justement chez lui à Aragon, sur cette piste technique, complète mais doté avant tout de la plus longue ligne droite du calendrier : 1,7 km !

Contrairement aux 1198, les RSV4 s'accommode fort bien de ce type de tracé. Or la victoire de Biaggi - sa quatrième cette saison et sa troisième de rang - en première manche n'est pas le seul indicateur de cette formidable adéquation entre le tracé d'Aragon et la machine de Noale.

Le retour d'Eugene Laverty aux avant-postes en est un autre ! Convaincu d'avoir mis le doigt sur le souci qui l'handicapait depuis plusieurs épreuves - ce, grâce à son frangin Michael engagé en British Superbike ! -, le pilote irlandais a tout de même profité ce week-end d'une piste sur laquelle l'Aprilia marche bien. "Youdjin" devra donc confirmer lors des prochains rendez-vous.

L'an dernier, Leon Camier et Noriyuki Haga avaient également obtenu de très bons résultats aux commandes des deux autres Aprilia du plateau. Cette édition 2012 ne fait pas exception puisque Chaz Davies signe à Aragon son meilleur week-end aux commandes de son RSV4 privée : son remier podium en WSBK !

Le champion du monde Supersport s'est joint aux pilotes officiels Aprilia à la fin de la seconde manche, participant ainsi très activement à une bataille extrêmement distrayante ! Motivé mais toujours impeccable dans ses manoeuvres, le n°19 s'est même permis de devancer Biaggi sur la ligne d'arrivée, soufflant l'accès au podium au "Pirate" transalpin.

Car les Aprilia n°3 et n°58 n'étaient pas seules en tête ! Deuxième de la première manche, Marco Melandri a réussi à hisser sa S1000RR devant les RSV4, comme il avait réussi à imposer sa R1 l'an passé... Qualifié une place devant lui, son coéquipier Leon Haslam n'a pas connu le même succès, pas plus que les pilotes BMW Italia.

On peut donc estimer dans ce cas précis que c'est le pilote, davantage que la machine, qui a fait la différence ! Comme à Donington, le vice-champion du monde - de Superbike l'an dernier et de MotoGP en 2005 - y est allé au culot, et a été récompensé.

Melandri fait son chaud

Téméraire mais pas suicidaire, le Hérisson de Ravenne a surpris tout le monde en s'emparant de la tête de la deuxième course dans l'ultime tour en plongeant sous Eugene Laverty dans un enchainement déjà pas évident à aborder tout seul !

Avant cela, Marco avait loupé trois fois de suite le point de corde de l'épingle en tentant de freiner plus fort et plus tard que ses adversaires ! Mais ces derniers étaient eux-mêmes déjà limite... "Hors-limite" même, en ce qui concerne Laverty, auteur d'un improbable rattrapage d'une violente glisse de l'avant.

Tout aussi incroyables, les récupérations de Sylvain Guintoli et de Michel Fabrizio ont marqué le départ de la première manche... Très mal parti - sa Fireblade a tendance à se braquer -, Jonathan Rea est bousculé par Jakub Smrz au premier freinage : la Ducati n°96 et la Honda n°65 chutent et entrainent avec elles la Ducati n°50 et la BMW n°84.

Défiant les lois physiques régissant pourtant notre monde "normal", Guintoli et Fabrizio s'accrochent désespérément à leur machine, jouent des coudes et des genoux, et parviennent miraculeusement à rester sur leurs deux roues ! L'Italien termine à une incroyable 6ème place, le Français à une inespérée 12ème place...

De la casse mais pas de bobo

Rea lui s'est relevé indemne, a foncé relever sa machine et est reparti illico dans l'espoir de grappiller quelques points. Las, le pilote nord-irlandais échoue en 16ème place. Mais ces efforts ne sont pas vains puisqu'à l'issue de cette première manche, l'équipe Ten Kate peut peaufiner les réglages de la machine.

Grâce aux infos récoltées par la Fireblade et au précieux retour du pilote, le numéro un mondial - mais quatrième au classement des constructeurs WSBK - a pu dominer la lutte en "deuxième division" et terminer à moins de sept secondes d'un quatuor de tête se tenant dans la même demi-seconde !

Smrz quant à lui a du être évacué sur une civière mais son équipe - Ducati Effenbert Liberty, la même que Guintoli, Berger et McCormick toujours convalescent - a rapidement été soulagée : les médecins n'ont relevés sur le Tchèque "que" de "douloureuses contusions au poignet et à la cheville".

"Kuba" n'a pas pris part à la seconde course espagnole : inutile de risquer le sur-accident, pour lui comme pour ses petites camarades. "Il lui faut être en parfaite condition physique pour la manche tchèque, prévues le week-end du 22 juillet", note son équipe également originaire de République Tchèque...

So-fou-oglu !

En Supersport, on retient de ce week-end le méchant coup de sang de Kenan Sofuoglu... Chez Kawasaki naturellement, on préfère éviter le sujet en soulignant la présence de deux ZX-6R sur le podium et en signalant le "manque de chance" de leur pilote de pointe.

En SSP comme en SBK on le sait, les coups de carénages sont fréquents. Les pilotes ne se ménagent pas entre eux et les esprits peuvent parfois s'échauffer, sur la piste comme en dehors. On se souvient que suite à un dépassement un peu cavalier, Melandri s'était pris deux petites gifles de la part de Biaggi l'an dernier !

Cette fois, compte-tenu de la dangerosité de la manoeuvre, la conduite de Kenan a semblé, aux yeux de tous y compris le vainqueur de l'épreuve Sam Lowes, indigne d'un double champion du monde. Au-delà du rang du pilote turc d'ailleurs, une telle attitude ne saurait être tolérée, de la part de quiconque.

La pénalité infligée au n°54 apparaît pour beaucoup insuffisante. Quitte à se répéter, Moto-Net.Com la trouve avant tout impraticable : demander à un pilote de laisser passer un nombre précis de concurrents est trop délicat !

Sofuoglu a eu la chance d'écoper de cette pénalité en toute fin de course. Prié lui aussi de rendre quelques places pendant la course à Misano, Fabien Foret avait fini par écoper d'un passage au stand (lire MNC du 19 juin 2011 : Melandri et Biaggi remontent sur Checa !). Non vraiment, il faudrait que la FIM planche sur cette délicate question...

2013 dans le viseur Pirelli

Enfin, les pilotes du Mondial Superbike étaient de retour sur la piste d'Aragon aujourd'hui même afin de tester les 17 pouces réglementaires pour l'an prochain ! Outre les formidables bastons en course et les futurs phares en trompe l'oeil - déjà adoptés par l'équipe Kawasaki -, le fait de monter des jantes en alu "du commerce" constitue un excellent moyen de se différencier du MotoGP...

Question chronos, l'ordre établi ce week-end n'est pas chamboulé, loin s'en faut, puisque Tom Sykes se retrouve en haut de la feuille des temps. Contrairement à ses deux prédécesseurs Checa (en 2011) et Spies (en 2009), le nouveau "King de la Superpole" se montre moins efficace en course. L'arrivée des 17 pouces pourrait-elle changer la donne ?

Dans le Top 5, on retrouve sans surprise également Melandri, Laverty et Biaggi. Seule la présence de Badovini en 3ème place est inattendue... Quoique, il y a un an et demi le jeune italien pilotait la même BMW sur les Pirelli 17 pouces du Superstock.

Le team Ducati Effenbert ne prenait pas part à ses essais. Loris Baz était donc notre seul représentant national pendant cette journée d'entrainement. Le rookie n°76 termine à la 12ème place : finalement, débarquer du Superstock n'est pas forcément un atout maître pour s'adapter aux nouvelles jantes et pneus.

La performance de "Bazooka" demeure tout à fait honorable pour un pilote débarqué dans la catégorie en court de saison. Elle aura en outre permis d'effacer des esprits - celui de Loris en premier lieu - les deux abandons sur casse enregistrés par le Ninja français. Suite des aventures du Mondial Superbike : le 22 juillet à Brno. Restez connectés !

Chronos essais WSBK Aragon - 2 juillet 2012