Pendant que les Verts s'évertuent à restreindre l'essor des deux-roues motorisés et que le gouvernement multiplie ses armes de répression massive, d'autres sur le terrain continuent à avancer. Exemple : la piste CRS/GEMA parrainée par Christophe Guyot.
Tandis que les Verts de la Mairie de Paris s'évertuent à "restreindre l'essor important des deux-roues motorisés en Ile-de-France (lire Moto-Net du 8 mars 2005) et que le gouvernement poursuit l'implantation de ses armes de répression massive, il est réjouissant de voir que sur le terrain, de vraies initiatives intéressantes, avec de vrais morceaux de relations humaines dedans, continuent à tenir la route contre vents et marées.
C'est notamment le cas de la piste cyclo moto CRS/GEMA qui circule partout en France, animée par une équipe de flics pédagogues des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) en partenariat avec le Groupement européen des Mutuelles d'assurance (GEMA, qui comprend notamment la Mutuelle des Motards). Objectif : "sensibiliser les adolescents aux risques de deux-roues par une initiation pratique aux risques de la conduite". La piste, qui appartient aux CRS depuis 1972, est financée et assurée depuis quatre ans par le GEMA.
"Conduire un deux-roues à moteur, ce n'est pas inné " rappelle Christophe Guyot, champion du monde d'endurance, ancien instituteur et parrain de l'opération. "Ce n'est pas parce que l'on sait faire du vélo que l'on sait conduire un deux-roues à moteur. Avoir un accident, un seul, prouve qu'on ne sait pas conduire"...
Installée la semaine dernière au pied des barres HLM d'Ivry, juste devant la mairie (communiste), la piste a permis à plusieurs centaines de jeunes de cette banlieue du sud de Paris de venir découvrir gratuitement le deux-roues motorisé en toute sécurité, formés par des CRS en uniforme avec qui "ouais, ça se passe nickel".
Au programme, pendant une heure : initiation théorique, phase pratique sur un "home trainer" pour apprendre à se servir des commandes et vérifier les éléments de sécurité, puis accès à la piste pour piloter un scoot' ou une moto, d'abord sur un engin à double commande avec un CRS en passager, et enfin tout seul.
"Vers le bas la première, vers le bas !" répète l'un des flics formateurs à Eddy, 16 ans, qui peine à repartir après un arrêt au stop. "C'est bien la moto, mais à chaque fois au stop j'ai calé, j'ai pas trop l'habitude !", explique Eddy après cette première expérience.
La plupart des ados rencontrés à Ivry n'avaient jamais fait de moto ni de scooter. Mais que ce soit Mehdi (15 ans), Arnaud (16 ans) ou Koun (16 ans), tous aimeraient "passer le permis et avoir une moto". "Ce qui est bien dans la moto c'est le style et la vitesse" précise Rami, 15 ans, tandis que Jean-Christian, du même âge, a bien aimé mais regrette "que le circuit soit trop petit".
"L'objectif est moins la formation à la conduite d'une moto que la sensibilisation aux dangers de la route lorsqu'on conduit un deux-roues", tempère Jean Van Den Beuch, sous-directeur des missions opérationnelles à la Direction centrale des CRS et à ce titre l'un des responsables de la piste CRS/GEMA.
Chez les filles en revanche, le bilan est plus mitigé : "oui c'est bien, mais c'est difficile de passer les vitesses" explique Melinda, 16 ans. "Moi j'ai carrément eu peur", avoue Imane, 15 ans, alors que Fatma et Angie, respectivement 16 et 15 ans, n'ont "pas du tout aimé".
Quant à Saïd (13 ans "et demi") et ses deux copains, trop jeunes, ils regrettent amèrement d'avoir été tenus à l'écart : "eux ils ont 12 et 13 ans mais moi j'ai 13 ans et demi, c'est presque 14 non ?, nous interroge-t-il...
"On devrait les prendre encore plus petits", confirme Christophe Guyot. "A 5 ans, 10 ans, avec des petites motos. Dans le milieu scolaire on pense à tout pendant la jeunesse, sauf à l'apprentissage de la conduite. De la même manière que l'écologie devrait être obligatoire dans le programme de tous les partis politiques, la sécurité routière devrait être une préoccupation de chaque instant dès les premières années de scolarité !"
Au programme également, une sensibilisation aux dangers de l'alcool au moyen d'un court slalom à pied, chaussé de lunettes déformantes qui simulent une présence de 1,5 g dans le sang. "Putain, c'est trop hyper !" résume l'un des jeunes volontaires : "on croirait que tu vois mais en vrai tu vois pas, ça bouge tout le temps !" Le message sur les effets de l'alcool est clairement passé, mais espérons qu'il sera suffisamment dissuasif lorsqu'il s'agira de prendre le guidon !
Enfin, des pompiers en exercice expliquent, au cours d'une simulation d'intervention, la conduite à tenir en cas d'accident : prévenir les secours, maintenir le contact avec le blessé, le rassurer, ne pas le déplacer et ne surtout pas enlever son casque - "c'est un geste très précis que seuls les pompiers peuvent faire".
A la demande des collectivités locales, enseignants, directeurs d'établissements scolaires ou organisateurs de foires et salons, la piste CRS/GEMA se déplace gratuitement en bas de chez vous. Pour un budget annuel d'environ 175 000 euros, elle se déplace chaque année dans une trentaine de villes et touche au total près de 15 000 personnes. Dans chaque ville, elle s'installe en moyenne trois jours et reçoit environ 500 ados et une centaine d'adultes soucieux de s'initier à la 125.
Les collectivités locales ne déboursent pas un centime : leur seule participation est de fournir de l'électricité, une centaine de barrières de protection, une surface goudronnée d'environ 50x50 mètres (parking) et un gardiennage la nuit.
La piste s'installera du 21 au 25 mars à Colomiers (31), du 1er au 3 avril à Cagnes-sur-Mer (06), du 6 au 8 avril à Ollioules (83), du 3 au 7 mai à Lucon (85), du 10 au 14 mai à Saint-Nazaire (44), du 17 au 20 mai à Cholet (49), du 23 au 25 mai à Saint-Maixent (79), du 1er au 3 juin à Rennes (35) et du 18 au 19 juin à Cherbourg (50).
Et pour qu'elle s'arrête en bas de chez vous, n'hésitez pas : allez voir votre maire ! Car comme le résume fort justement Christophe Guyot : "je comprends qu'on râle contre les radars, et je suis le premier à critiquer l'aggravation des sanctions depuis Sarkozy. Mais il faut aussi savoir remarquer les bonnes initiatives basées sur les notions de prévention, de responsabilité et de citoyenneté !"
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