Une autre idée du roadster

Sur route, le contraste s'accentue entre l'Aprilia et la Ducati. La Shiver demeure la plus conciliante sur les revêtements irréguliers, grâce à sa fourche qui gomme tous les gros heurts tandis que son amortisseur arrière remplit très bien son rôle malgré l'absence de biellettes.

La 796 se montre moins agréable sur des routes mal entretenues, mais son monobras et son pneu arrière de 180 mm (contre 160 sur la 696) ne sautillent pas pour autant d'une bosse à l'autre : on peut mettre du gaz en sortie de virage !

Dans les enchaînements de courbes, la Ducati fait merveille et pour peu que le bitume soit de qualité, elle dépasse rapidement l'Aprilia. Plus incisif et précis, le train avant de la 796 demande moins d'efforts que celui de la Shiver. A niveau égal, on enchaînera donc plus vite et plus facilement une succession de virages au guidon du "monstre".

Dans les lignes droites ou les longues courbes rapides, même constat : l'Aprilia ne peut rivaliser avec la Ducati en termes de stabilité sur beau macadam. En mode "franche arsouille", le pilote de la Shiver rendra donc plus vite la main et sera définitivement largué par celui de la Ducati.

À tel point que sur les autoroutes allemandes, les possesseurs de l'Aprilia n'oseront peut-être pas bloquer le compteur de leur monture. Moins rassurante que la "796" à très haute vitesse, la "750" préfère cruiser à 130 km/h, soit environ 5750 tr/min en 6ème, absorbant mieux que la rapide Ducati les mauvais raccords.

Sur le même rapport et à la même vitesse, le moulin de la Ducati trotte 750 tours plus bas. La Monster remporte donc une autre manche de ce match, celle de la consommation : la 796 et sa moyenne évaluée à 5,9 l/100km battent la 750 et ses 6,3 l/100km.

Un bilan limpide

La différence n'est pas énorme, mais elle permet à la Ducat' d'effectuer sensiblement la même distance que l'Aprilia avec une contenance de réservoir pourtant inférieure d'un litre (15 contre 16). Ainsi, les deux roadsters italiens peuvent en moyenne parcourir 250 km avec un plein.

Niveau freinage encore, la Monster 796 se montre plus facile à gérer. Ses étriers Brembo disposent d'une attaque modérée - un bon point sur revêtement glissant, même si l'ABS veillait au grain sur notre modèle d'essai - et d'un dosage rendu plus évident grâce à l'abaissement limité de la fourche lors des freinages.

Cependant, il est regrettable - notamment pour la gent masculine - que la Monster malmène toujours autant l'entrejambe... La selle penchée vers l'avant et le réservoir en trois parties avait valu chez Moto-Net.Com une réputation de casse-coui*** à la 696... et il en va de même pour la 796 !

A contrario, la Shiver 750 et ses étriers siglés "Aprilia" sont plus délicats à cerner car dès la saisie du levier droit, la fourche s'enfonce généreusement - toute proportion gardée, ce n'est pas du cross non plus ! - et masque momentanément le ressenti du pilote.

Cependant, en faisant abstraction de cette rapide plongée, le possesseur de la Shiver 750 bénéficie d'un freinage très puissant. En outre, les Metzeler Sportec M3 qui équipaient notre Shiver d'essai se sont montré plus efficaces lors des tests de freinages d'urgence - sur route grasse - que les Pirelli Diablo Rosso de la Monster.

Quant aux tests de reprise, ils ont tourné en faveur - nette et sans bavure - de la Ducati. Tout de même interloquée par l'écart criant de performances entre la Monster (certes plus légère) et la Shiver (plus puissante sur le papier), la rédaction de Moto-Net.Com a mis le gant sur une petite subtilité non négligeable au moment d'essorer la poignée...

Par défaut, l'Aprilia démarre en effet sur la cartographie "T", incontestablement la plus agréable des trois proposées. Or, pour profiter de toute la fougue du bicylindre, il est requis de sélectionner le mode "S", d'une pichenette sur le démarreur… contrairement à l'Hypersport de la marque, la RSV4 qui présente pourtant le même système (lire encadré ci-contre) !

Néanmoins, bien que les accélérations de la Shiver se montrent alors plus énergiques et réactives, cette cartographie Sport ne suffit pas pour garder le contact avec une Ducati incontestablement plus démonstratives à bas et mi-régimes.

En outre, ce que les relances de l'Aprilia gagnent en vivacité, elles le perdent en confort de conduite : bien que de gros efforts aient été réalisé par le blason de Noale sur l'accélérateur électronique et l'injection, l'ensemble manque encore d'onctuosité et de précision : un constat particulièrement frappant - et désagréable ! - en mode Sport.

En outre, les vocalises des pots sont omniprésentes sur la 796 tandis qu'il faut davantage essorer la poignée droite pour entendre gronder ceux de la 750.

Au final, vous l'aurez compris, la Ducati remporte ce duel. En tant que représentante de l'Italie sur un marché du roadster de plus en plus tourné vers la performance et le glamour, la Monster 796 s'impose indéniablement face à la Shiver 2010. Légère, facile et diablement efficace, la nouvelle Monster 796 comblera les amateurs de balades rythmées.

Pour autant, la Shiver n'est pas dénuée de qualités : les motards plus sages - ou accompagnés - préféreront largement l'Aprilia à la Ducati, grâce à sa motorisation et à ses suspensions bien plus souples qui permettent d'appréhender le quotidien plus sereinement.

Un dernier point pourra éventuellement rééquilibrer la balance : l'Aprilia est affichée à 7799 € contre 8990 € pour la Ducati. Avec l'ABS, l'écart tarifaire monte de 300 € (8399 contre 9990 €). Toutefois, avec leurs caractères très différents, on imagine mal un fan de Monster se laisser tenter par une Shiver. Une Street Triple, peut-être ? Mais ceci est une autre histoire... à suivre sur Moto-Net.Com !