Une autre idée du roadster

En prenant place sur la "nouvelle" Shiver 750, les possesseurs de l'ancien modèle remarqueront immédiatement l'attention portée aux motards "courts sur pattes" : légèrement plus basse mais surtout moins large, la selle du modèle 2010 permet à un plus grand nombre de motards de toucher le sol de part et d'autre de la moto, même si ceux de moins d'1m70 seront encore un peu juste.

La position de conduite demeure toujours aussi naturelle. Le guidon relativement haut perché permet de se tenir bien droit même lors des manoeuvres. Inutile de peser 90 kg pour sentir les suspensions (notamment la fourche) s'affaisser de plusieurs millimètres : le confort est toujours au rendez-vous !

À l'inverse, la Monster 796 ménage un accueil plus "sportif". Outre les suspensions plus fermes et la selle plus dure, les repose-pieds sont un poil plus reculés et plus haut que sur la Shiver. Le réservoir, fin entre les cuisses, écarte malheureusement un peu trop les genoux des plus grands. On ne profite donc pas pleinement de l'étroitesse du bloc moteur.

Bien que surélevé de 20 mm par rapport au guidon de la 696 (première version, car la 696 de 2011 recevra elle aussi le guidon plus haut), la 796 demande toujours au pilote de s'incliner sur l'avant. Au point d'avoir presque l'impression de saisir la roue avant directement par son axe, dans le plus pur style Ducati !

Les deux motos bénéficient de leviers réglables mais font l'impasse sur d'autres aspects pratiques pourtant bienvenus sur des roadsters : pas de warning ni de jauge à essence ou de deuxième trip kilométrique, et une absence totale de rangement sous la selle. À croire que les Italiens - grands amateurs de scooters - n'utilisent pas leurs motos en ville !

Sport ou confort ?

Le compteur de l'Aprilia se révèle plus lisible et fonctionnel : le compte-tours analogique jouxte un écran digital sur lequel figure par défaut la vitesse affichée en grand, et en plus petit l'heure, la température extérieure, la jauge de température moteur et l'indicateur de rapport engagé.

Le tableau de la Ducati est moins commode : le régime moteur monopolise une part importante de la console, ce qui rend la vitesse et les autres informations (horloge, température d'huile, trip kilométrique, réserve de carburant et même temps au tour !) pas simples à relever d'un vif coup d'oeil.

Lors des manoeuvres moteur coupé, la Monster 796 s'apparente à un véritable vélo : ses 169 kg en version ABS indiqués sur la fiche technique sont effectivement plus faciles à déplacer que les 189 kg (à sec, précise Aprilia) de la Shiver.

On pourra regretter sur la Ducati de devoir lever ses pouces lorsqu'on pivote le guidon à son maximum - il s'insère dans les entrées d'air situées dans le réservoir -, mais on pestera davantage sur l'Aprilia dont le rayon de braquage est encore plus important et empêche d'effectuer des demi-tours efficaces dans les garages ou de se jouer facilement du trafic urbain.

De même, si la M796 ne tarde pas à réchauffer les cuisses du pilote et les chevilles du passager, l'Aprilia n'épargne qu'un peu plus longtemps les deux utilisateurs - merci le refroidissement par eau - avant de griller cycliquement leurs membres - merci les ventilos du radiateur...