Des experts de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, réunis au Togo pour aborder le problème des transports urbains en deux-roues, veulent imposer une troisième roue sur les motos-taxis pour des raisons de sécurité routière...
Les experts de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) n'ont peur de rien.. et surtout pas du ridicule ! Réunis à Lomé (Togo) pour un "atelier régional sur le développement du transport urbain en Afrique de l'Ouest", ils sont parvenus, au terme de trois jours de réflexion qu'on imagine particulièrement longs et douloureux, à une décision étincelante : rajouter une troisième roue aux motos-taxis pour résoudre les problèmes de transports urbains au Togo, au Niger et au Bénin... Petit rappel. Apparus à la fin des années 80, les motos-taxis - surnommés "zemidjans" pour "emmène-moi" - sont devenus le mode de transport le plus efficace dans les métropoles ouest-africaines, dont les rues encombrées ne sont pas toujours praticables en voiture (lire Moto-Net du 1er mars 1999). A tel point que même le lieutenant ivoirien Laurent Boka Yapi, ex-chef de la garde prétorienne du général Gueï, aurait récemment été aperçu sur un zemidjan à Lomé. Plébiscités par la population, les motos-taxis apparaissent comme des concurrents très sérieux pour les taxis traditionnels. Estimés à 40 000 au Togo, ils représentent aujourd'hui 80% des transports publics, jusque-là dominés par les taxis et les minibus. Ce qui pose aux autorités de gros problèmes de sécurité routière et de pollution, l'essence utilisée par ces motos japonaises d'occasions - les "moto-mates" - n'étant pas toujours de première qualité. Au Bénin, le président avait même dû demander aux milliers de paysans et de chômeurs venus faire le zemidjan en ville de bien vouloir "regagner les champs de manioc". L'appel n'a pas été très suivi et le secteur est toujours porteur, puisque selon Le Togolais il représente un chiffre d'affaire de 700 millions de francs CFA (1 million d'euros) avec plus de 60 000 emplois créés. Mais l'avenir de ce mode de transport rapide et économique (environ 15 centimes d'euros la course) est aujourd'hui sérieusement menacé : si les motos-taxis se transforment en "trikes-taxis", ils perdent la mobilité caractéristique des deux-roues et sont coincés dans les embouteillages au même titre que les taxis classiques... Souhaitons que la brillante idée de l'UEMOA ne parvienne pas aux oreilles du ministre français des transports, Gilles de Robien, qui veut verbaliser les motos remontant les files de voitures : les motards auraient vite fait de se voir imposer une troisième roue pour raisons de sécurité !
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