Triumph motoriste du Moto2 en 2019 : les explications de Triumph France

Moto-Net.Com : Depuis combien de temps Triumph réfléchit-il à ce projet de motoriser le Moto2 ?
Eric Pecoraro, directeur marketing de Triumph France : Presque un an. Dorna (promoteur des GP, NDLR) est venu vers nous et nous avons répondu favorablement. En gros, ça fait six mois que le moteur est prêt, mais certaines clauses contractuelles ont fait que cela a pris du retard. J'aurais aimé l'annoncer au Mans à l'occasion du Grand Prix de France, où nous nous étions fortement mobilisés pour aller à la rencontre d'un public qui nous connaît peut-être un peu moins. Mais l'important, c'est que ça se fasse !

MNC : Quelles sont les raisons qui vous motivent à entrer de cette façon en Grands Prix ?
E. P. : Parce que nous avons la plate-forme idéale pour participer, avec un super moteur d'origine. C'était la suite logique. Par ailleurs, Triumph possède un gros passé sportif et c'est une excellente manière de le valoriser. Nous rejoignons le gratin du sport moto, et c'est une belle façon de montrer que la marque évolue et va de l'avant. Enfin, cet engagement va accélérer la reconnaissance de la marque au niveau mondial, encore en léger retrait en termes de notoriété y compris en France. Et cela va nous faire connaître en tant que motoriste grâce à l'audience et au rayonnement des Grands Prix.

MNC : Quel est le coût de ce projet pour Triumph (développement du moteur, fourniture et maintenance des blocs de la trentaine de pilotes engagés) ?
E. P. : Je ne connais pas les coûts de ce projet... Tout ce que je sais à ce stade, c'est qu'il s'agit d'un échange "technologie" contre "marketing", avantageux de notre point de vue car nous pouvons associer le logo MotoGP et Moto2 avec notre marque.

MNC : Triumph succède à Honda, dont le 4-cylindres sortait entre 125 et 128 ch. Selon certains échos, votre 3-cylindres en configuration Moto2 n'en développerait qu'une demi-douzaine de plus (environ 130 à 135 ch), malgré sa cylindrée supérieure de 765 cc contre 600 pour le bloc japonais. Si cette puissance est exacte, elle semble peu élevée au regard des 123 ch d'origine de la Street Triple RS. Pourquoi n'êtes-vous pas allés plus loin en termes de performances (fiabilité, coût, etc.) ?
E. P. : C'est exact, notre moteur Moto2 développe environ 135 ch. Mais il peut produire beaucoup plus, c'est une limite fixée en accord avec les dirigeants des Grands Prix. Techniquement, à titre personnel, je pense qu'ils veulent maintenir un gros écart de puissance avec le MotoGP. C'est cohérent.

MNC : Avec le retrait de la Daytona 675 à cause d'Euro4, Triumph n'a plus de sportives à son catalogue... Cela ne va-t-il pas légèrement affaiblir la valorisation de votre engagement en GP, qui ne pourra s'appuyer que sur vos roadsters ? A moins qu'une autre sportive ne soit dans les tuyaux à Hinckley ?!
E. P. : En raison du déclin des motos sportives de moyenne cylindrée, nous avons décidé d'arrêter la Daytona et de concentrer nos forces ailleurs. Notre interprétation de la moto sportive, aujourd'hui, c'est la Street RS. Donc c'est cohérent d'engager son moteur en Grands Prix pour valoriser la gamme Street Triple en général et de la RS en particulier. Et pour pour l'instant, non, il n'y a pas de retour d'une sportive prévu au catalogue...

MNC : On s'interrogeait début janvier sur la façon dont vous alliez promouvoir des victoires de Moto2 signées par des constructeurs directement concurrents, en l'occurrence KTM qui s'est engagé cette année en catégorie intermédiaire ?
E. P. : Nous fournissons toutes les équipes du Moto2 et KTM en fait partie, c'est vrai... Mais s'ils gagnent, ce sera avec un moteur Triumph ! Ce ne sera pas un problème car il est bien notifié dans le contrat avec Dorna que Triumph est le motoriste "exclusif" du Moto2.