Oyez ! La course mythique d'outre-manche offre bien peu de répit au Preux Chevalier Sergeï. Il prend tout de même le temps de nous conter quelques aventures. Moteur !
Après une nuit blanche à finir la préparation des motos, monter les carénages peints spécialement par Cannonball à Pau et charger les véhicules, j'ai pris la route puis la mer à Bilbao, Espagne, pour Portsmouth en Perfide Albion.
Premiers pas sur l'Ile de Man
Pour les newcomers (les nouveaux venus), un tour de circuit en bus avec un pilote expérimenté est obligatoire. A première vue, ça s'annonce rock'n'roll, j'ai un peu mal au cœur (est-ce le bus ? les routes en lacet ? l'appréhension de la course en terrain inconnu ?).
Samedi 29 mai
Premier tour ! Avant de monter sur la moto, Bruno Bonhuil vient me taper sur l'épaule et me dit qu'il viendra me voir ce soir pour que je lui donne mes impressions. Il m'avoue que lors de sa première participation, il se demandait ce qu'il faisait dans cette course.
Dès les premiers kilomètres de piste, je comprends pourquoi : il est difficile mentalement de passer à plus de 250 km/h devant les maisons des villages traversés !
La piste s'ouvre devant mes yeux (qui sortent de leurs orbites) pour viser le point le plus loin possible à l'horizon. Ma moto, équipée de carénages de course, me paraît plus légère de l'avant. La selle de course dotée d'une petite mousse réduit le confort par rapport à la selle d'origine. Les fesses tapent sur la selle, une vibration s'installe dans mon regard et j'ai l'impression d'avoir la moto de Rossi sur une route de campagne.
Le premier tour se termine. Le Marshall qui ouvrait la route pour les newcomers nous a déjà largués. J'ai l'impression d'être complètement à côté de la plaque.
Je stoppe dans les pits, je regarde Vincent Catala (présent à mes côtés pour cette course spéciale) et je lui répète la question de Bruno Bonhuil : "Mais qu'est-ce que je fous ici ?"
Vincent et deux autres mécanos français me réconfortent et me motivent. Il faut repartir sans forcer, juste pour se faire plaisir. Je les écoute et repars. Mon esprit se libère et les sensations reviennent. Ce sont mes deux premiers tours de circuit.
Lundi 30 mai
Première séance d'essai officielle, les concurrents sont lancés deux par deux, toutes les dix secondes.
Je m'élance sur ce circuit avec, malgré tout, pas mal d'appréhension et de nœuds à l'estomac.
Je me fais rattraper par les pilotes qui ont démarré après moi. Pas de panique, je ne cherche même pas à prendre la roue des autres compétiteurs : ces gars sont trop rapides pour moi !
Marc Granié (déjà 15 participations) me double. Il roule sur la Yamaha R1 #0001, une moto de collection qu'il mène à merveille. Lui non plus, je ne cherche pas à le suivre, son rythme est trop élevé. Je lâche sa roue et me contente de ramarrer un autre newcomer : Joakim Karlsson (Suédois, 39 ans). Mais ce pilote part à la faute pour finir sa course dans le parc d'une maison... Le choc est violent, tout comme les sanglots qui envahissent mon casque. Je ne peux me retenir de pleurer en me posant toujours la même question : pourquoi lui ? Pourquoi ce gars devant moi ? (Joakim Karlsson est décédé sur le coup, NDLR).
Je termine ma première séance chrono avec un tour en 22 min. Je suis donc qualifié !
Le soir venu, le soutien de tous les pilotes français est primordial. Marc Dufour et Marc Granié me font chacun un commentaire sur chaque virage du circuit.
Mardi 31 mai
Marc Dufour s'élance à mes côtés. Je profite de l'instant pour suivre le professeur qui met en application toutes les trajectoires qu'il m'a enseignées. Un tour de rêve ! Il enfile virage sur virage et me fait découvrir le plaisir de trajecter à plus de 200 km/h.
Je me concentre pour ne pas lâcher sa roue. Super, j'arrive à le suivre sur un tour. On enchaîne le deuxième tour : même danse et mêmes sensations. Ma R1 me permet de le recoller dans les sections plus rapides. Quand nous revenons sur la partie montagneuse, je lance une attaque dans la grande ligne droite. Je le passe à la puissance, il prend à son tour ma roue et nous passons l'arrivée en améliorant nos chronos. Grâce à lui, j'améliore mon temps d'une minute, soit 21''00'15 ! Le meilleur temps est de 18''04'35...
Passage au stand, changement de moto et premier tour de roue avec la 600. J'ai enfin retrouvé le sourire et Vincent m'avertit encore une fois : "Fais gaffe, les pneus sont froids et neufs !"
Je sors des stands, j'ai l'impression de piloter une mobylette (le passage de la R1 à la R6 est radical).
J'arrive à Quarter Bridge, le premier rond-point. Je passe à 20 km/h alors qu'il ne fallait visiblement pas dépasser les 15 km/h... Je me retrouve à plat ventre à l'endroit le plus lent du circuit ! Les commissaires se précipitent vers moi, la moto n'a évidemment rien mais ils m'empêchent de repartir par mesure de sécurité.
Je termine donc ma séance au Pub du coin accompagné d'irlandais qui me font apprécier leurs breuvages...
Mercredi et jeudi
Il pleut sur l'Ile de Man et les essais sont annulés. Ambiance garantie dans le paddock. Il y a bien quelque chose de magique ici…
Je dois toujours me qualifier en catégorie 600 Supersport, alors que je n'ai pas encore bouclé un seul tour avec cette moto. Mais qu'est-ce c'est bon !
Dimanche 5 Juin
C'est ma première course, et je la passe derrière Marc Granié. Marc, avec ses 15 participations, me sert de lièvre et de professeur durant les six tours de la course Superbike (catégorie reine, 1000 cc) ce dimanche.
Parti en 70ème position, je passe une bonne course d'apprentissage avec Marc. On se double à plusieurs reprises. En sortant des stands, je me rends compte que le frein avant a beaucoup refroidi ! Le temps passé au ravitaillement n'a pas été optimal... Autant de paramètres à prendre en considération pour les futures courses (s'il y en a !)
Moulyneux, la superstar du side-car, n'a pas pu prouver à quel point il est fort en course à cause d'une casse mécanique... Ce dernier a néanmoins amélioré de 30 secondes son record du tour.
Lundi 6 juin
Départ de la course des Supersport aujourd'hui lundi à 14h00 (15h00 heure française).
Ravitaillement au deuxième tour de la course Supersport, qui se déroule sur quatre tours. J'y retrouve Vincent Catala, mon mécano pour le TT, un pompier, Christophe Darras, un français qui participe pour la première fois au TT en side-car, avec un pilote qui réalise cette année sa 25ème (!) édition : sensations fortes assurées...
Aujourd'hui encore, j'ai été témoin d'un accident, juste devant ma roue. Ca calme....
Sinon, j'ai été vertement tancé à cause d'une jambe tendue en virage… Geste qui aurait dérangé deux pilotes lors de la course Superbike. L'organisation m'a donné un avertissement pour conduite non réglementaire, ce qui m'a légèrement mis les nerfs à vif. Je n'avais pas besoin de ça, damned !
Résultats des courses :
Superbike :
1. John McGuinness
2. Adrian Archibald
3. Martin Finnegan
4. Ian Lougher
5. Raymond Porter
Les français : 38ème Serge Nuques (3ème newcomer), 40ème Marc Granié (héhé).
Supersport :
1. Ian Lougher
2. John McGuinness
3. Jason Griffiths
4. Bruce Anstey
5. Guy Martin
Les français : 52ème Fabrice Miguet, 55ème Amaury Baratin, 61ème Serge Nuques, 68ème Emmanuel Cheron.
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